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La teinte du fond de ce poisson à l'dtat frais est un vert bleuâtre, pâle, sale
et passant au jaune d'oere pâle vers la base des écailles des parties inférieures
et au vert brunâtre sur les parties supérieures du poisson. Cette teinte du fonj
tire au vert d'herbe sur la téte, mais le dessous de cette partie est jaune de safran
Les nageoires sont d'un rouge de sang, sale sur les nageoires paires, assez vif ¡„j
l'anale, foncé et tirant au pourpre sur la caudale, tandis que cette teinte n'est
guère sensible sur la dorsale, dont la teinte générale ressemble à celle du dos
L'iris de l'oeil est d'un jaune Isabelle pâle, mélé de rouge.
Cette espèce qui porte au Japon le nom de Koi, habite les grands fleuves de
l'ile de Kiusiu. On l'y prend en quantité. Elle atteint une longueur de deux à
trois pieds et quelquefois, mais rarement, davantage. Elle est très-rare dans les en
virons de Nagasaki. Sa chair, très-recherchée, notamment en hiver, se paie fort
cher, et on la transporte à de grandes distances dans l'intérieur des terres.
L'individu qui a servi de modèle à la figure que nous publions de cette espèce
était long d'à peu près dix-huit pouces. Ni cet individu, ni aucun autre de ce beau
poisson, se trouve dans les différents envois adressés par les voyageurs néerlandais
au Musée des Pajs-Bas.
2. Cyprinus melanotus, Pl. XCVII, fig. 1. Il existe, dans les eaux douces du
Japon, nne deuxième Carpe, dont les formes sont plus alongées encore que celles
de la première, et qui s'en distingue en outre facilement par ses pectorales tellement
longues qu'elles atteignent la base des ventrales. Toutes les parties supérieures de
ce poisson étant variées de noirâtre, nous lui avons conféré l'épithète de melanotus
Nous n'en possédons que deux individus, l'un empaillé, l'autre conservé dans la
liqueur forte; ils sont longs d'environ treize pouces.
La hauteur du corps de cette espèce égale la longueur de la téte et est quatre
fois et un tiers dans la longueur comprise entre le bout du museau et l'échancrure
de 1 anale. La grosseur du corps près du commencement de la dorsale fait la moitié
de sa hauteur. Le museau occupe le tiers de la longueur de la téte, et les veux
entrent une fois et trois quart dans la longueur du museau. La téte étant Lez
large, l'entre-deux des yeux surpasse un peu la longueur du museau. Le museau
est assez gros, obtus et arrondi. Les orifices des narines s'ouvrent en avant de l'oeil
vers le haut, à une distance de cet organe égalant à peine le tiers de son diamètre'
la cloison qui sépare ces orifices, est comme d'ordinaire prolongée en un lobe verti'
cal assez sensible et de-forme arrondie. La fente de la bouche est presque horizontale,
et le bord du maxillaire s'étend en arrière jusque sous l'aplomb des narines
La position des barbillons ne présente rien de particulier; le postérieur é<^ale en
longueur deux tiers du diamètre de l'oeil, l'antérieur est de moitié plus courut Les
sous-orbitaires ont leur surface couverte de rugosités; elles forment, autour de.
bords inférieur et postérieur de l'oeil, un cadre assez régulier, et dont la largeur
égale la moité du diamètre de l'oeil. Le préopercule forme un angle un peu obtus
et arrondi; l'opercule est très-arrondi, et sa surface est couverte de ru..osités dis
posées en grande partie de manière à former des stries divergentes qui descendent
obliquement dans la direction de la base des pectorales. Toutes les autres partie,
de la téte sont couvertes d'une peau nue, percée de porcs muqueux au dessus des
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yeux sur les côtés du museau et le long du bord du préopercule j ces pores se
trouvent disposés par rangées. La ligne de démarcation qui sépare la tête de la
miquS' est en croissant dont le côté convexe est tourné vers la tête. La ligne
latérale occupe le milieu du corps du poisson; elle est droite, à l'exception de sa
partie antérieure, où elle monte très-insensiblement vers le haut. Les écailles sont
jg grandeur moyenne et garnies à leur surface de stries divergentes très-fines; on
en compte trente-sept sur la ligne latérale, et douze à treize rangées entre le dos
et le ventre.
Les pectorales sont placées de sorte que leur base est, en dessus, en ligne horizontale
avec l'angle de la bouche; leur longueur égale la distance comprise entre cet
an°-le et le bord de l'opercule; couchées en arrière, elles dépassent avec leur extrémité,
un peu la base des ventrales; leur forme approche du lancéolé. Les ventrales
offrent à peu près la même forme que les pectorales, mais elles sont d'un sixième
plus courtes; la distance, comprise entre leur pointe et l'anus, égale le quart de leur
longueur. L'anale nait très-près de l'anus; elle est d'un cinquième plus courte que
les ventrales et un peu échancrée à son bord inférieur; sa troisième épine est,
comme d'ordinaire, très-forte, dentelée à la moitié supérieure de son bord postérieur
et surmontée d'une pointe charnue; la première épine sort à peine de la base de la
nageoire, et la deuxième épine est de deux tiers plus courte que la troisième. La
caudale est large et profondément échancrée. La ligne verticale du corps qui indique
le commencement de la dorsale, se trouve au devant de la base des ventrales à une
distance égalant le quart de la longueur des pectorales. Des quatre rayons épineux
de la dorsale, lesquels précèdent les mous, le premier sort à peine de la peau, le
deuxième est encore très-court, et le troisième n'occupe que le quart de la hauteur
du quatrième qui est très-fort et dentelé, vers le haut, sur le bord postérieur; son
premier rayon mou, dont la hauteur égale celle du premier rayon mou de l'anale,
est du double plus long que le dernier; la forme de cette nageoire ne présente du
reste, rien de particulier. D. 4 + 1 8 ou 20; A. 3 + 5; V. 1 + 7 , dont le dernier est
double; P. 14; C. 19 et 5 paires de rayons latéraux plus petits.
Conservé dans l'esprit de vin, ce poisson est d'un jaune clair k reflets d'or; mais
il a toute la moitié supérieure du corps variée de noir tirant un peu au brun
pourpre, et cette teinte foncée est tellement répandue qu'on n'entrevoit la teinte
du fond que par-ci par-là; on remarque aussi quelques petites taches foncées sur le
derrière de la dorsale et sur la caudale.
3. Cyprinus conirostris. Pl. XCYII, fig. 2. La troisième et dernière véritable
Carpe que nos voyageurs ont découverte au Japon, a les formes un peu moins
alongées que les deux précédentes, dont elle se distingue en outre, ainsi que des
espèces d'Europe, par son museau beaucoup plus conique et moins charnu. Les
pectorales, prolongées jusqu'au delà de la base de l'anale, la rappochent de l'espèce
précédente et offrent, conjointement avec les particularités que nous venons d'indiquer
et ses couleurs claires et uniformes, les caractères les plus saillants de cette espèce.
Nous en possédons une sixaiue d'individus empaillés, dont la longueur varie de cinq
à onze pouces, et un seul individu conservé dans la liqueur forte et long de six
pouces et demi.