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qui ressemble encore à la dorsale molle, mais dont le bord inférieur est plus profondément
échancré; elle est également précédée par deux épines, intimement réunies
ensemble, et dont la deuxième, de moitié plus longue que la première, est de plus
d'un tiers plus courte que le premier des rayons mous. L'anale est très-développée
et fortement écliancrée, ses lobes étant assez prolongés et pointus. D. 8 et 2+13;
A. 2 + 1 2 ; Y. 1 + 5 ; P. 15; C. 20. La membrane des ouïes est supportée par sept
rayons. La bouche est armée de dents dont la forme et la grandeur varient suivant
les diliérentes régions de cette partie. On en voit d'abord, sur les bords de la mâchoire
inférieure, une rangée de très-grandes, perpendiculaires, aiguës, mais peu serrées,
vu qu'il n'en existe que huit environ de chaque côté; deux petites dents accessoires
viennent souvent se placer en avant des deux dents antérieures de cette mâchoire.
Le bord externe de Pintermaxillaire est garni d'une rangée de dents semblables à celles
de la mâchoire inférieure; mais elles sont beaucoup plus petites, quelquefois plus
serrées, et par conséquent plus nombreuses. Cet intermaxillaire porte en outre, au
milieu, vers le dedans de la bouche, une paire de dents aussi fortes que celles de la
mâchoire inférieure, mais recoui-bées un peu en arrière et accompagnées de chaque
côté de deux dents semblables, mais de moitié plus courtes. Le vomer présente au
milieu un espace de forme rhomboïde et couvert de dents en cardes, dont les postérieures
sont plus grandes que les antérieures; des dents semblables, mais tournées vers
le dedans et disposées sur une ou deux rangées, garnissent les bords des palatins.
Les trois osselets qui se rangent à la suite de l'os lingual sont armés en dessus de
dents en cardes, disposées sur le premier osselet sur deux bandes, et sur le deuxième
sur deux espaces en forme d'ovale. Les pharyngiens sont également armés de dents
en cardes, mais plus grosses que celles des os de la langue. La langue est carrée ou
même un peu échanerée par devant, et prolongée de chaque côté de son extrémité en
)m lobe arrondi. Quant aux intestins de cette espèce nous avons seulement pu constater,
qu'elle est pourvue d'une vessie natatoire assez spacieuse pour occuper tout le
fond de la cavité abdominale, que son estomac se prolonge en un cul de sac étroit et
que les appendices coecales sont assez développées et environ au nombre de quinze.
Ce poisson, dont nous ignorons le nom japonais, offre un système de coloration peu
varié. La teinte générale est un brun gris olivâtre, tirant au jaunâtre sur les nageoires
et passant à l'argenté sur les parties inférieures. L'iris de l'oeil est également
blanchâtre.
LES CORYPHÈNES. (CORYPHAEWA).
C o r y p h a e n a japonica, Pl. 64. Les diverses espèces du genre Coryphène se ressemblent
souvent entre elles de telle manière qu'il est impossible de s'en faire une
idée précise, sans avoir sous les yeux de chacune d'elles plusieurs individus de tout
âge et conservés à l'esprit de vin. Ce sont particulièrement les espèces exotiques
voisines de l'hippurus, dont l'étude est environnée de difficultés nombreuses. La Coryphène
qui habite les mers du .Japon est également de ce nombre, et quoiqu'elle n'olTre
aucune marque saillante pour la distinguer des autres espèces exotiques de ce genre,
j e n'ai cependant pu parvenir à la rapprocher avec certitude d'aucune d'elles. Me
voyant par conséquent obligé de décrire cette espèce du Japon sous un nom particulier,
j'ai cru devoir choisir simplement une épithète qui rappelât son origine, et
qu'on put facilement supprimer, si l'on parvenait à démontrer l'identité de cette
Coryphène avec quelque autre espèce déjà indiquée antérieurement.
La Coryphène du Japon est un grand et beau poisson qui parvient â une taille
de six pieds. Il ressemble par l'ensemble de ses formes à la Coryphena hippurus de
la Méditerranée, et ne paraît guère en différer que par ses dents plus grosses et par
un front un peu plus bombé. J'avais d'abord cru que celte Coryphène du Japon pourrait
être identique avec celle des Moluques, dont Renard, II, Pl. 16, fîg. 76, a donné
une fio-ure grossière, sur laquelle Mr. de Valenciennes a établi sa Coryphaena Vlamingii,
(voyez Cuv. et Val., Tome IX, p. 315); mais celte espèce, dont Mr. Müller a recueilli
un individu cà l'embouchure du fleuve Banjermassing à Bornéo, s'éloigne en
effet de celle du Japon et probablement de toutes les autres espèces connues par son
profil presque tout-à-fait vertical O. La hauteur du corps est, dans la Coryphène du
Japon, cinq fois et demie dans la longueur totale du poisson; la téte en occupe le
sixième. La ligne du profil forme une pente très-raide, légèrement concave sur le
front. La partie du museau qui se trouve au dessus de la mâchoire supérieure fait
une saillie arrondie; la courbe du dessus de la téte est assez régulière. Les dents
ressemblent à celles de l'hippurus, mais elles sont en général plus vigoureuses, particulièrement
celles de la rangée externe. Les opercules sont absolument comme dans
l'hippurus. La ligne latérale forme au dessus des pectorales un angle plus au moins
prononcé, du reste elle est flexueuse à sa partie antérieure et droite sur les deux
derniers tiers de sa longueur. La dorsale naît au dessus du bord postérieur de l'orbite.
Les pectorales sont un peu en faux et occupent à-peu-près le neuvième de la
longueur totale du poisson. Les ventrales sont plus longues, mais toutes ces nageoires,
ainsi que l'anale et la caudale, ne présentent absolument rien de particulier. D. 59
à 60; A. 26 à 28; V. 1 + 5 ; P. 18; C. 16. L'individu qui a servi de type à notre
figure, est long de six pieds. La teinte générale de cet individu est un gris foncé
t i r a n t au bleuâtre, plus foncé sur la téte, et passant au blanc sur les parties inférieures.
On voit une légère nuance jaunâtre sur les parties inférieures de la téte,
sur la caudale et près de la base de l'anale. Les pectorales sont plus claires que les
autres nageoires. La dorsale est noire, et couverte de larges taches irrégulières d'un
bleu grisâtre foncé. L'iris est bleuâtre. Les jeunes individus et même ceux de taille
moyenne ont le corps parsemé de petites taches foncées.
On pêche ce poisson au milieu de l'été à l'entrée des baies de la côte sud-ouest
du Japon. Les habitans de cet empire mangent sa chair ordinairement crue. Il y
porte le nom de Ili i wo.
LES STROMATÉES. (Stkomatecs.)
S t r o m a t e u s punctat i ssi m u s , Pl. 65. On savait par les figures de poissons contenus
dans les imprimés japonais, qu'il existe dans les mers du Japon des Stromatées,
( l ) Il parait que cette espèce offre plusieurs autres traits distinctifs assez marqués. La dorsale n'est pas aussi
haute que le montre la figure de Renard, mais elle naît au dessus de la fin du tiers antérieur du diamètre
horizontal de l'oeil. Du reste, ses dents sont moins grosses que dans la Coryphène du Japon, et je lui compte
58 rayons à la dorsale et 28 à l'anale.