poitrine et du ventre sont très-petites; les stries divergentes de la surface des écailles
sont inégales, peu serrées et beaucoup moins apparentes que les couches concentriques;
elles sont parsemées de petits points noirs imperceptibles à l'oeil nu; le
bord de leur partie libre formant un angle, les lignes obliques qui indiquent les
rangées d'écaillés sont continues et non pas interrompues, comme cela a lieu dans la
plupart des poissons. On compte 44 écailles sur la ligne latérale, et 15 rangées
entre le dos et le ventre, dont il y en a 8 au dessus de la ligne latérale. L'anus
s'ouvre immédiatement au devant de la base de l'anale, sur la moitié de la distance
comprise entre la fente des ouïes et l'échancrure de la caudale.
Les nageoires de ce poisson présentent les particularités suivantes : Les pectorales
naissent vers le bas sur la ligne du bord inférieur des opercules; elles égalent en
longueur la tète et atteignent la base des ventrales; elles sont un peu pointues à
leur angle supérieur et arrondies à l'angle inférieur, oii elles sont de plus de motié
plus basses qu'en haut ; leur bord postérieur est droit ou faiblement échancré. Les
ventrales se prolongent jusqu'à la base de l anale ; elles sont d'un tiers plus courtes
que les pectorales et leur bord inférieur est arrondi. L'anale est très-remarquable
tant par sa longueur inusitée que par la nature des rayons dont elle est composée;
ses rayons mitoyens sont d'un tiers plus longs que la pectorale, et se prolongent,
lorsque la nageoire est couchée en arrière, jusqu'à la moitié de la distance comprise
entre la base de la caudale et son échancrure. Les trois premiers rayons de cette
nageoire sont mous, flexibles et indivisés, mais non pas applatis et h pointe arrondie
comme les suivants; le troisième n'occupe que la moitié de la plus grande longueur
de la nageoire, le deuxième est environ d'un tiers et le premier de deux tiers plus
court que le troisième. Les quatre rayons suivants sont très-allongés, et très-aplatis
latéralement à leur moitié terminale. Les cinq derniers rayons, enfin, sont environ de
moitié plus courts et également, mais moins sensiblement applatis. Les petites branches
dont tous ces rayons applatis sont composés, se trouvent tout à fait rapprochées
les unes des autres et nullement séparées par des membranes, ainsi que cela
a ordinairement lieu dans les rayons mous des nageoires des autres poissons, de sorte
qu'elles ne se présentent à la surface des rayons que sous la forme de stries longitudinales;
encore arrive-t-il souvent dans, le temps du frai, que ces branches sont
entièrement cachées sous la matière muqueuse qui enduit ces rayons à l'époque que
nous venons de signaler. Le dernier rayon de la nageoire fait seul une exception à
cette règle, en ce qu'il est toujours visiblement divisé en deux branches. La caudale
est profondément échancrée, son bord supérieur est toujours plus court que
l'inférieur. La dorsale nait vis-à-vis ou un peu en avant de la ligne d'aplomb de la
base des ventrales; elle est peu étendue, et par derrière seulement d'un quart plus
basse que par devant, oii sa hauteur n'est que d'un sixième plus considérable que la
longueur des ventrales; ses deux rayons antérieurs sont indivisés et flexibles, et le
premier est de moitié plus court que le second, qui est aussi long que le premier
des rayons mous. D.2 + 7, dont le dernier est double; A. 3 + 9, dont le dernier est
divisé; V. 1 + 8 ; P. 1 + 1 6 ; C. 19, outre les rayons latéraux accessoires.
A juger de la figure que Mr. Bürger a fait faire sur un individu frais pris à l'époque
du frai, figure que nous avons reproduite dans cet ouvrage, ce poisson est orné
de teintes très-jolies. Le corps est d'un beau blanc-argenté, passant sur le dessus
r 209
du dos au verdâtre. La téte est d'un vert olivâtre foncé, tirant au jaune sur
les opercules; mais tout le dessus de la téte, à partir de la ligne de l'angle de la
bouche, est d'un rouge vermillon assez vif, et cette teinte se prolonge, en perdant
cependant de son intensité, le long de la poitrine et du ventre jusque vers
l'anale, où elle s'eflace insensiblement. Les nageoires sont d'un jaune, vif sur les ventrales,
sale sur les pectorales et la caudale; la dorsale est d'un rouge vermillon à
sa moitié antérieure, et toutes les membranes de cette nageoire sont noires jusque
vers le tiers supérieur de leur longueur. Les fossettes de la téte sont d'un
blanc pur, et l'iris de l'oeil est brun, à l'exception du cercle rouge qui entoure la
pupille. Les individus pris au temps du frai et conservés dans la liqueur forte,
sont d'un jaune argenté, interrompu sur les côtés du corps par de larges bandes
urisâtres, irrégulières mais très-peu apparentes. Le dessus tire au brun rougeâtre.
Les nageoires sont d'un jaunâtre sale; les teintes rouges sont totalement effacées,
et il ne reste des traces sensibles du noir que sur le milieu des membranes de
la dorsale. Les individus mis dans l'esprit de vin avant ou après l'époque du
frai offrent cette même distribution des couleurs, sauf que la teinte du fond
est d'un beau blanc argenté.
Les dents pharyngiennes de ce poisson sont coniques et à pointe recourbée; elles
sont disposées sur trois rangées, dont la première est composée de quatre, la mitoyenne
de trois et la troisième de deux dents.
Les Japonais désignent cette espèce sous le nom de Haï. Elle se trouve assez
généralement dans les rivières ou dans les eaux stagnantes. On la mange rarement,
mais on la choisit souvent, à cause de ses teintes agréables, pour servir, à l'instar
de la carpe dorée de la Chine, comme objet d'ornement dans les habitations.
2. Leuciscus macropus. Pl. CI, fig. 2. Cette deuxième espèce d'Able à anale
allongée ne parait se distinguer du Leuciscus platypus que par ses nageoires moins
développées. Ses formes, la forme des nageoires, le nombre de leur rayons, et en
un mot toutes les autres parties, sont absolument comme dans l'espèce précédente;
les individus de ces deux espèces, conservés dans l'esprit de vin, se ressemblent
aussi par rapport à leur système de coloration, et l'on remarque quelquefois aussi,
dans l'espèce du présent article, des fossettes à la tête, quoiqu'elles soient moins
nombreuses et moins profondes que dans le Leuciscus platypus.
Quant aux proportions relatives des nageoires du Leuciscus macropus, elles offrent
les particularités suivantes : Les pectorales égalent en longueur la distance comprise
entre les narines et le bord de l'opercule, et leur extrémité est éloignée de la base
des ventrales à une distance égalant le tiers de leur longueur. La pointe des ventrales,
qui sont d'un quart plus courtes que les pectorales, est éloignée de l'anus
à une distance égalant la motié de leur longueur. L'anale est composée de rayons
semblables à ceux de l'anale de l'espèce précédente; mais ces rayons, quoiqu'à
branches cohérentes entre elles, sont moins larges et plus courts, de sorte que la
nageoire, lorsqu'elle est couchée en arrière, n'atteint pas même la base de la
caudale. Celte dernière nageoire est en général un peu plus petite que dans l'espèce
précédente; mais son lobe supérieur est également plus court que l'inférieur.
La dorsale, enfin, est plus courte et moins élevée que dans le Leuciscus platypus, sa
53