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Les (Scailles sont petites et un peu rudes au toucher. Les ventrales qui naissent sous
l'aplomb du bord de l'opercule, sont peu développées, et sont réunies jusqu'à la moitié
de leur longueur par une membrane. Les pectorales sont un peu plus grandes que
l'ensemble des ventrales, et arrondies à leur bord postérieur. La première dorsale naît
au-dessus de la fin du premier tiers de la pectorale; sa hauteur égale le diamètre du
corps à l'anus; elle atteint sa plus grande hauteur près du troisième rayon, et elle
s'abaisse fortement vers le derrière. La deuxième dorsale naît presque immédiatement
derrière la première; elle est presque de moitié plus basse que cette nageoire, et
partout d'égale hauteur. L'anale répond à peu près par sa forme et sa position
à cette seconde dorsale, mais elle est beaucoup moins élevée et un peu plus courte.
La caudale est arrondie. Les écailles de ce poisson sont petites. Je n'ai pu découvrir
aucune trace de ligne latérale.
Ce petit poisson est, à l'état frais, d'un brun grisâtre, plus pâle sur le dessous et
tirant au bleuâtre sur le ventre. La tête est plus foncée, mais parsemée, ainsi que
le tronc, de nombreux petits traits noirâtres, disposés longitudinalement. La première
dorsale et la caudale sont également d'un brun-gris foncé; mais le bord inférieur
de la caudale et les autres nageoires tirent sur le rougeâtre, et la deuxième
dorsale est ornée, près de son bord supérieur, d'une bande noirâtre peu large. L'iris
de l'oeil est brun.
Les Japonais désignent ce poisson sous le nom de Tobiwo. Il peut vivre longtems
hors de l'eau. On le voit souvent en été, notamment lorsque les eaux sont
basses, se rendre d'un étang salé à un autre. Sa vitesse en sautant sur la vase, est
assez considérable pour qu'il puisse facilement échapper aux poursuites de l'homme.
Il marche ou saute avec une égale dextérité à la surface des eaux, et ce sont, dans
l'un et l'autre cas, les nageoires pectorales, transformées en une espèce de bras, qui
lui servent comme point d'appui et par conséquent comme organe de locomotion.
LES BOLÉOPHTHÂLMES. (BOLEOPHIHALMUS).
B o l e o p h t b a l m u s Boddaertii, Pl. LXXVI, fig. 3. Cette espèce, décrite avec
exactitude par MM. Cuvier et Valenciennes, l. c. XIl. p. 199, a été observée par les
voyageurs français et anglais sur les côtes du continent de l'Inde, tandis que nos
voyageurs l'ont rapportée de Java, de Bornéo, des Moluques et du Japon. Il parait
que les teintes de ce poisson sont quelquefois sujettes à varier, ce qui a particulièrement
lieu par rapport aux bandes verticales noires du tronc, lesquelles sont, dans
les uns, très-apparentes, dans d'autres à peine visibles ou manquant totalement. Les
individus obtenus du Japon appartiennent à cette dernière catégorie; mais ils offrent,
au lieu de ces bandes, trois taches noires disposées à distances égales le long de la
caudale. Les deux individus que nous possédons du Japon, étant du reste tout-à-fait
semblables à ceux de la mer de la Sonde et de l'Océan indien, nous n'avons pas cru
devoir en former une e.spèce distincte, ni en donner une description détaillée, attendu
que nous n'avons rien à ajouter au travail publié sur cette espèce dans le grand ouvrage
que nous avons cité ci-dessus.
L'individu dont nous avons donné la figure de grandeur naturelle et faite sur le
frais, a les rayons de la première dorsale moins prolongés en filets que l'autre individii
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¿o-alement originaire du Japon. Il est long à peu près de six pouces et trois quarts.
La couleur dominante de ce poisson est, à l'état frais, un vert olivâtre, tirant au
gris, notamment sur le ventre, oii cette teinte est beaucoup plus pâle que sur les autres
parties du corps. On remarque sur le corps un nombre plus ou moins considérable
de taches d'un bleuâtre clair et irrégulièrement dispersées; ces taches prennent
sur la tète la forme de petits points assez nombreux. La première dorsale est parsemée
d'un grand nombre de points ou petites taches, également d'un bleuâtre clair.
De semblables petites taches se voient sur la seconde dorsale et sur la caudale; mais
elles prennent sur ces nageoires une forme plus ou moins linéaire, et elles y sont
disposées par séries. On voit de chaque côté de la base de la deuxième dorsale, trois
taches longitudinales noires. L'anale est d'un bleu violet sale et tirant un peu au
rouge. Les rayons et les bords des pectorales et de la ventrale tirent au rouge pourpre
pâle et sale. La peau qui enveloppe la base des pectorales est tachetée de brunroux.
L'iris de l'oeil enfin est jaunâtre.
Ce poisson, qui porte au Japon le nom de Motsiguro, ne se trouve pas dans la
baie de Nagasaki; mais on l'apporte en grand nombre dans la ville qui porte ce nom,
des baies d'Oomura et Simabara, oii il vit dans la vase. On mange ce poisson, soit
séché, soit salé, mais sa chair n'est recherchée que des basses classes du peuple,
auxquelles elle offre à certaines époques de l'année un aliment abondant.
LES ELÉOTRIS. (ELEOIRIS.)
1. Eleotris obscura. Pl. LSXVII, fig. 1 , 2 , 3. Les différentes espèces du genre
Eléotris olfrant souvent une grande affinité entre elles, il est presque impossible de
les distinguer au moyen d'une simple description. Pour remédier à cet inconvénient,
il est essentiel de publier des figures exactes de ces animaux, ou de représenter du
moins avec exactitude la téte des différentes espèces; car c'est dans cette partie que
résident les caractères essentiels des différentes espèces de ce genre. Nous avons suivi
cette méthode par rapport aux Eléotris du Japon, contrée qui produit deux espèces
appartenant à ce genre, et qui paraissent se distinguer de toutes celles décrites jusqu'à
présent. Ces deux espèces du Japon sont du nombre de celles qui ont le corps
pourvu de grandes écailles. La première de ces espèces, notre Eleotris obscura, se
distingue facilement par sa dorsale composée de sept et non pas de six rayons, comme
cela a lieu ordinairement. Elle convient sous ce rapport â l'Eleotris tumifrons de
Cuvier et Valenciennes, I.e. XI[, p. 241; mais elle se distingue au premier aspect de
cette espèce, par son front plane et par conséquent nullement bombé, ce qui est le
caractère essentiel de l'Eleotris tumifrons.
Les formes du corps n'offrent rien de particulier. La hauteur du tronc est environ
cinq fois dans la longueur totale du poisson; la téte n'entre dans cette longueur que
trois fois et un quart; le museau est un peu plus de quatre fois dans la téte; l'intervalle
des yeux, enfin, égale la longueur de la tête. Les yeux sont peu volumineux, et
très-peu dirigés vers le haut; ils sont entourés d'un bord saillant, assez large notamment
vers le haut, et revêtu, ainsi que le museau, d'une peau parfaitement lisse.
La partie du front comprise entre ces bords, est plane et revêtue d'écaillés comme
les autres parties de la tête en arrière du museau. La bouche, dirigée obliquement
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