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le poisson a atteint une longueur totale de deux pieds; il ne reste non plus aucune trace
de la bande claire du corps, et le poisson est alors plus ou moins irrégulièrement
nuancé de plusieurs teintes peu foncées et mal déterminées. Nous possédons un bon
nombre d'individus adultes de cette espèce, et ils olPrent tous les caractères que nous
A-enoiis d'indiquer Le plus grand de ces individus porte quatre pieds en longueur
totale; un individu de cette même taille a servi de modèle h la figure donnée sur notre
planche 55. On voit par cette figure, faite sur le frais, que les individus adultes de
l'Elacate bivittata présentent un système de coloration assez simple. Le ventre est,
dans cet Age, d'un blnnc-argenté. La couleur générale des autres parties est un vertgrisâtre
sale, nuancé de gris-bleuâtre sur les nageoires, de brun pâle sur le dessous de
la queue et sur les côtés de l'abdomen, et passant au bnm plus foncé sur le dos ainsi
que sur les côtés de la téte. Le bord postérieur de la caudale tire au noirâtre. L'iris
de l'oeil est gris-bleuâtre tirant sur le jaunâtre vers la pupille.
Le nom japonais de cette espèce est Masu. Elle est rare à la côte sud-ouest du
Japon; mais elle se trouve en abondance sur les côtes nord-est de cet empire,
particulièrement sur les côtes de l'île de Jezo, oii on la prend, à la fois, par milliers,'
près de l'embouchure des rivières ou dans les rivières mêmes. Salée ou séchée, la
chair de ce poisson forme un mets très-recherché des Japonais, et on en transporte
en quantité dans toutes les parties de l'empire. C'est ainsi que l'on voit arriver annuellement,
en automne, de Matsumaë à ¡Nagasaki, des cargaisons de ce poisson destinées
à servir de provision d'hiver aux habitans de cette dernière ville.
LES CHORINÈMES. (Chorinemus).
C h o r i n e m u s orientalis, Pl. LVII, fig. l. — II parait que les mers du Japon ne
produisent tju'une seule espèce du genre Chorinème. Cette espèce se distingue de
toutes celles que j'ai examinées, savoir, des Chorinemus Commersonii, Sancti Petri,
aculealus, toi, saliens et moadetta, par la disposition des dents de la mâchoire inférieure;
du reste elle ressemble pafraitement au Chorinemus mauritianus, Cuv. et Val.
Tome 8, p. 382. Je l'aurais même réunie à cette dernière espèce, si Cuvier n'avait
pas négligé d'en décrire le système dentaire; d'ailleurs nous possédons un Chorinème
rapporté des moluques par nos voyageurs, lequel présente, avec un système de dentition
analogue à celui du Chorin. toi, aculeatus et des autres espèces du genre, tous les
traits distinctifs du Chor. mauritianus, et qui paraît par conséquent appartenir à cette
espèce observée jusqu'à présent à l'île de france, à Célèbes et à ^ianicolo.
On peut se faire une idée des formes générales du Chorinème oriental, par la figure que
nous en publions et qui a été faite, ainsi que toutes les autres figures coloriées contenues
dans notre ouvrage, sur les lieux mêmes et d'après des individus vivans. On
voit par cette figure, que le corps de cette espèce est moins allongé que dans le Chorinemus
toi, et moins large que dans l'aculeatus. Les dents sont plus minces et plus
délicates que dans les autres espèces, et celles de la rangée externe de la mâchoire
inférieure offrent cela de particulier qu'elles sont très-serrées, courbées et toutes dirigées
horizontalement en dehors. Les écailles de ce poisson sont très-petites, de
forme lancéolée, un peu arrondies au bout et marquées, dans leur milieu, d'un sillon
en forme d'impression ovale. La ligne latérale fait, au dessus des pectorales, une
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courbure assez régulière, et se prolonge ensuite, vers le derrière, en ligne droite sur
les côtés du poisson. La première dorsale est, comme d'ordinaire, composée de huit
rayons; mais le premier de ces rayons, celui qui est dirigé horizontalement en
avant, est en grande partie libre, tandis qu'il est, dans les autres espèces, caché sous
la peau; j'attache cependant peu d'importance à ce caractère, parce qu'il est difficile
de le reconnaître dans les individus empaillés. La deuxième dorsale est peu haute,
et correspond à l'anale, tant par son étendue que par sa forme; du reste, ces deux
nai-eoires n'offrent rien de particulier; il en est de même des pectorales, des ventrales
ainsi que de la caudale. Ce poisson ne surpasse guère six pouces en longueur totale.
Ses nombres sont comme suit: D. 8 et 1+20; A. 2 et 1 + 18; V. I + 5 ; P. 18; C. 20. —
La couleur générale de ce poisson est, à l'état frais, un bleu grisâtre peu foncé, qui
passe au blanc argenté sur les parties inférieures. L'iris est blanchâtre. Les côtés
de la tête et les pectorales offrent une légère teinte olivâtre. Les autres nageoires
sont d'un gris noirâtre très-pâle et tirant sur le bleuâtre, mais cette teinte passe au
noir sur la caudale. On voit également une large tache noirâtre mal déterminée sur
le lobe antérieur de la dorsale molle.
Le nom japonais de ce poisson est Jkekatsuwo. Il ne se trouve pas en grande
quantité sur les côtes du Japon; on l'y prend de temps à autre, en automne, dans les
grands filets en usage pour la pêche du thon.
LES TRACHINOTES. (TRAcnraoïiis).
T r a c h i n o t u s anomahis. Pl. LVII, fig. 2. — La figure que nous publions sous
ce nom, nous est parvenue sans aucune notice descriptive, et nous n'avons pas non plus
reçu le poisson qui a servi de modèle à ce dessin. Tout en olTrant les principaux
caractères propres au genre Trachinote, ce poisson cependant n'est pas tout-à-fait
modelé sur le même type que les autres espèces connues et parait former un petit
sous-genre à part, intermédiaire en quelque sorte entre les Apolcctes et les Trachinotes.
Il offre quelque ressemblance avec les premiers par les épines de sa dorsale
rapprochées les unes des autres; mais ses formes générales et la position de ses ventrales
rappellent plutôt les Trachinotes. Il s'éloigne enfin de ces deux genres par les
épines de la première dorsale, qui sont seulement au nombre de quatre, et par les parties
antérieures de la dorsale molle et de l'anale, qui ne sout pas prolongées en pointe. Du
reste, sa peau, étant divisée en un grand nombre de compartimens irréguliers, paraît
offrir une organisation tout-i\-fait particulière, dont on ne peut cependant se faire
qu'une idée assez imparfaite par la seule inspection du dessin, mais qui parait offrir de
l'analogie avec celle que l'on observe dans certains Rhombes, par exemple, le Rhombus
cryptosus, Valene. Nous regrettons de ne pouvoir donner des détails descriptifs de ce poisson,
faits sur la nature même, mais on voit assez par la figure que nous en publions, que
ce poisson forme une espèce inconnue des naturalistes, et qui paraît offrir les caractères
suivans: Physionomie générale du poisson, analogue à celle des Trachinotes; corps
ovale; profil en ligne courbe, descendant en pente douce; museau court, un peu proéminaut;
narines rapprochées du bout du museau; yeux latéraux, médiocres; bouche
peu fendue; dents?; peau nue, divisée en compartimens irréguliers; pectorales et ventrales,
comme dans les Trachinotes; caudale large, médiocrement échancrée à l'extré-
; n
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