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sur les parties antérieures du ventre de la Thonine d'Europe, et dont j'ai vainement
cherché les traces dans nos individus du Japon. Cette différence, si toutefois elle
peut être regardée comme constante, nous a cependant paru si légère que nous ne
nous sommes pas crus autorisés à introduire sous un nom particulier cette Thonine
des mers du Japon.
Cette thonine est ornée, à l'état frais, de couleurs assez jolies. Le dos est, à partir
de la grande échancrure du corselet, d'un bleu d'acier, relevé par des lignes d'un bleu
noir, ondulées, quelquefois irrégulièrement pliées, confluentes ou interrompues, mais
qui se portent ordinairement en arrière en montant obliquement. La partie antérieure
du dos ainsi que la partie supérieure de la téte sont d'un noir bleuâtre. Les flancs
sont d'un blanc bleuâtre qui passe à l'argenté sur le ventre. Les nageoires sont
noirâtres, mais on observe une légère teinte olivâtre aux extrémités de l'anale et de
la seconde dorsale; les pectorales sont plus claires au centre et la première dorsale a
ses membranes en grande partie d'un blanc grisâtre. L'iris de l'oeil est d'un brun
ferrugineux clair, mais assez vif,
La Thonine du Japon parvient, suivant Mr. Bürger, à une taille de deux pieds et
huit pouces. On la prend en été, aux filets, en société de la Bonite. Au dire des
Japonais, la chair de ce poisson occasionne, lorsqu'on la mange crue, des diarrhées;
c'est par cette raison qu'on la sèche convenablement avant de s'en nourrir. On
désigne cette espèce au Japon sous le nom de Jokowa-katsuwo.
3. Thynnus pelamys, Pl. XLIX. — Ce Thon, décrit par Cuvier et Valenciennes
sous le nom de Bonite à ventre rayé, Thynnus pelamys. Vol. VIII, p. 113, Pl. 214,
a été observé sur plusieurs points de l'océan atlantique jusque sur les côtes de l'Amérique
et dans l'océan indien. Cuvier indique même, d'après un dessin de Bonite que
Mr. Lesson a fait faire à O Taïti, l'océan pacifique comme patrie de cette espèce;
mais Lesson a publié ce dessin sous un nom différent, celui de Thynnus vagans.
Diet, class. XV, p. 278, et Voy. de la Coquille, p. 162, Pl. 32, sans indiquer les motils
qui l'ont guidé en établissant cette espèce, et se bornant à constater simplement
qu'elle est différente de la Bonite de la Méditerranée. La Bonite étant représentée
dans les imprimés japonais, feu Cuvier, 1. c. p. 117, soupçonna qu'elle devait également
habiter les mers du Japon. Nous croyons devoir confirmer cette supposition
d'après le beau dessin que Mr. Bürger a fait faire sur le frais de la Bonite
du Japon. Cependant, n'ayant pas reçu d'échantillons de ce poisson, nous ne saurions
constater par la comparaison des objets mêmes, l'identité absolue de cette Bonite
du Japon avec celles des autres mers.
Les formes générales de ce poisson, les nombres des rayons des nageoires et tous
les autres détails de son organisation ne paraissent nnllenient différer de ce que l'on
observe dans la Bonite des autres mers ; mais il parait exister, dans la Bonite du
Japon, une légère différence dans les teintes, que j e suis cependant loin de regarder
comme constante. D'abord notre dessin n'indique aucune trace des reflets roses et
verts dont les flancs et le dos de la Bonite commune sont ornés, suivant Cuvier,
I. c. p. 114; mais on sait par les observations que Lesson a faites sur son Thynnus
vagans, que ces reflets ne s'aperçoivent que quand le poisson est vu dans l'eau. Puis
j e compte dans notre dessin du Japon, sept raies de chaque côtd du corps, tandis
que Cuvier n'en indique que quatre; je crois cependant qu'on aurait tort d'attacher
de l'importance à cette difl'érenee, car la figure de la Bonite publiée par Cuvier montre
cinq raies; on en compte autant dans celle du Thynnus vagans publiée par Lesson,
et nous possédons un grand individu de la Bonite commune, pris par Kuhl et van
Hasselt dans l'océan atlantique, qui offre six raies de chaque côté du corps. Le dessin
que ces voyageurs ont fait faire de cet individu, montre également six raies, et ne
diffère de celui de la Bonite du Japon que par des teintes plus brillantes et plus vives,
par la couleur beaucoup plus claire des nageoires, particulièrement des nageoires antérieures
dont les teintes tirent sur le blanc brunâtre, enfin par le volume plus considérable
de l'oeil, si toutefois il ne faut pas attribuer cette disparité k l'inexactitude
du dessinateur de Kuhl et van Hasselt, qui, dans la figure dont nous parlons, a aussi
rendu trop courte la mâchoire inférieure.
En comparant au contraire notre figure de la Bonite du .lapon à celle du Thynnus
vagans de Lesson, on voit que ces deux figures coïncident par la couleur foncée des
uao-eoires; mais que la dernière offre deux raies de moins que la nôtre et qu'elle présente
des formes plus trapues et une configuration très diverse de la téte; disparités
dont la première me semble due à une variété individuelle, tandis que j'attribue la
dernière à l'inexactitude du dessinateur.
Les indications que nous venons de fournir suffiront pour prouver qu'il est très-facile
d'établir des espèces d'après des données incomplètes, mais qu'il est impossible de
trouver à ces espèces des caractères précis, au moyen desquels on peut les reconnaître
et les distinguer des espèces voisines.
Mr. Bürger nous a communiqué les observations suivantes sur la Bonite du Japon.
Elle porte dans ce pays le nom de K a t s uwo. Sa taille est ordinairement d'un pied
et demi. On la pêche en abondance, particulièrement pendant les mois d'été, mais
toujours en pleine mer. La seule ville de Nagasaki emploie plusieurs centaines de
bateaux qui vont régulièrement tous les jours, aussi longtemps que le permet la saison,
à la pêche de cette Bonite, rentrant le soir, avec une vitesse étonnante, dans le
port, afin d'apporter ces poissons encore vivants sur les marchés La chair de la Bonite
est, au Japon, un mets des plus recherchés, à cause de sa qualité rafraîchissante et
parce qu'elle offre une nourriture aussi saine qu'agréable. On préfère de la manger
crue, soit avec du Soya, soit avec du Sake. Séchée elle forme un article important
du commerce intérieur, et on en exporte également en quantité considérable pour
la Chine.
4, Thynnus Sibi, Pl. L. — Ce Thon à longues pectorales parait représenter, dans
les mers du Japon, le Germon de la Méditerranée, Thynnus alalonga (Cuvier), dont il
se distingue cependant, ainsi que du Germon indiqué par Cuvier sous le nom de Thynnus
pacificus, par la longueur bien moindre de ses pectorales. Il se rapproche, sous
ce rapport, du Thynnus argentivittatus, Cuvier, 1. c. VIII, p. 134, qui habite la mer
atlantique et l'océan indien; mais la forme différente de son corselet, les premières
fausses nageoires unies h l'anale et à la deuxième dorsale, ainsi que la couleur foncée
des nageoires en général, semblent l'éloigner suffisamment de cette espèce.
Ce Thon à longues pectorales du Japon parvient, selon des indications de Mr. Bürger,
i\ une taille de dix à douze pieds. La hauteur du corps ainsi que les pectorales
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