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nom, à la division des Caranx à ligne latérale armée dixns toute sa longueur de larges
boucliers, division que G. Cuvier a désignée sous la dénomination de Saurel. Ce savant,
en faisant l'histoire du Saurel, observe que les Saurels des dilTérens points du
globe, loin de ne former qu'une seule espèce, présentent entre elles des différences
assez sensibles ; mais par la suite il se borne à indiquer simplement ces différences,
sans se prononcer sur la valeur des caractères établis pour chacune de ces espèces
ou variétés, qu'il décrit toutes sous un nom commun, savoir celui de Scomber trachurus.
Cette manière de se tirer d'une affaire aussi compliquée que l'est l'étude des
poissons dont nous parlons, ne laissera pas d'embarrasser les naturalistes, qui, ne
possédant qu'un petit nombre d'individus de ces poissons, sont obligés de décrire des
individus originaires de lieux où ils n'avaient pas encore été observés jusqu'à présent.
Quant à nous, qui nous trouvons dans ce cas, nous avouons franchement que nous
n'avons pu parvenir à saisir les caractères subtils par lesquels le Saurel du Japon peut
se rapprocher ou s'éloigner de ces nombreuses espèces ou variétés de ce poisson,
énumérées dans le grand ouvrage de Cuvier. Nous nous contenterons en conséquence
de décrire ce Saurel du Japon tel que nous l'avons observé, et d'ajouter au nom qu'il
porte une épithète qui fait connaître son origine.
Le Saurel du Japon porte ordinairement dix à onze pouces en longueur totale.
La hauteur du corps entre quatre fois dans cette longueur totale, et la téte y est
trois fois et trois quart. Le museau occupe environ le tiers de la longueur de la
tête. La bouche est fendue jusque sous le tiers antérieur de l'oeil; elle est garnie,
comme d'ordinaire, de dents très-fines. L'oeil est grand et parfaitement latéral. Le
préopercule forme une saillie considérable et son bord est coupé en arc. La courbure
que forme la ligne latérale est absolument comme dans les individus de la mer du
nord; cette ligne est pourvue de 75 à 80 boucliers, dont la forme et l'organisation
ne présentent rien de particulier. Les pectorales s'étendent en arrière, lorsqu'elles
sont couchées horizontalement le long du corps, jusque vis-à-vis du huitième rayon
mou de la dorsale molle. Les autres nageoires offrent absolument la même forme que
celles du Saurel de nos mers; elles ont aussi les mêmes nombres, excepté l'anale qui
parait présenter quelque rayons de plus. D. 8 et I + 32; A. 2 et 1 + 30; V. 1 + 5;
P. 21 ; C. 22.
Ce poisson, nommé Adsi par les Japonais, est, à l'état frais, d'un bleu verdâtre
assez sale, qui passe à l'argenté sur les parties inférieures. Les côtés de la téte sont
d'un verdâtre sale, mêlé de jaune brunâtre sur les opercules et la mâchoire inférieure.
Les nageoires inférieures sont d'un blanc bleuâtre ou grisâtre. Les autres nageoires
tirent sur l'olivâtre, teinte dont on observe aussi une légère nuance sur le dessus de
la partie postérieure de la ligne latérale. Les dorsales sont finement pointillées de
brun, notamment vers le haut. L'iris de l'oeil est d'un brun rougeâtre. On voit sur
le bord s\ipérieur de l'opercule une tache noire, assez sensible dans les jeunes individus,
mais à peu près effacée dans les adultes. Cette espèce se trouve en grande
quantité sur les côtes du Japon, spécialement au printemps et en automne; on en prend
beaucoup, pour les saler et les transporter dans l'intérieur de l'empire.
4. Caranx flavocoeruleus, Pl. LIX, fig. 2. — 11 parait que cette espèce appartient
à la division des Carangues de Cuvier. Je la crois nouvelle, du moins je n'ai
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pu la rapporter avec précision à aucune de celles décrites jusqu'à présent. La mâchoire
inférieure est garnie d'une seule rangée de dents grêles, serrées et un peu courbées
en arrière. On voit une rangée de dents semblables, mais plus fortes, à la
mâchoire supérieure, et elle est accompagnée vers le dedans d'une bande de dents
en velours fin. La hauteur du corps est un peu plus de trois fois dans la longueur
totale du poisson; la téte y est trois fois et demie. Le museau entre trois fois et
un tiers dans la longueur de la téte. Le profil est, comme d'ordinaire, en arc de cercle,
mais il forme une courbe assez douce et régulière. Les yeux sont médiocres, latéraux
et placés à distance égale enti-e la fente de la bouche et le sommet de la tête. Les
maxillaires s'étendent jusque sous le bord postérieur de l'oeil. La ligne latérale est
fortement courbée en S; mais elle devient droite sous le sixième rayon mou de la
dorsale molle. Elle n'est cuirassée de véritables boucliers que sur cette partie droite;
ces boucliers, petits par devant, augmentent en étendue vers le derrière, où ils sont
passablement hauts et très-larges; ils sont pourvus au centre d'une pointe aiguë en
o-uise de dent couchée en arrière, et ces dents prennent la forme de crochets sur les
quatre ou cinq derniers boucliers. Les pectorales sont en faux et s'étendent avec leur
pointe jusqu'au deuxième bouclier de la ligne latérale. Les ventrales sont de moyenne
grandeur et n'offrent rien de particulier. La première dorsale est munie, outre l'épine
antérieure horizontale, de huit rayons épineux, dont le deuxième est un peu plus long
que le premier; les autres diminuent graduellement en hauteur, les deux derniers
sont très-courts. La deuxième dorsale commence immédiatement derrière la première,
à laquelle elle touche; elle est un peu prolongée en pointe à sa partie antérieure, mais
elle est presque d'égale hauteur depuis le sixième rayon jusqu'au dernier, qui n'offre
que le quart de la longueur du premier. L'anale, sauf qu'elle est un peu plus courte
que la seconde dorsale, correspond parfaitement à cette nageoire, par sa forme; elle
est précédée, comme d'ordinaire, d'une petite nageoire composée seulement de
deux épines. La caudale est profondément échancrée. D. 1 + 8 et 1 + 20; A. 2 et
1 + 16; V. 1 + 5; P, 18; C. 16.
Le dos et la mâchoire inférieure de ce poisson sont, à l'état frais, d'un bleu grisâtre.
Les parties inférieures, les côtés de la tête, la deuxième anale et la dorsale
postérieure sont jaunes. Les pectorales et les ventrales sont de couleur grisâtre,
mêlée de jaune pâle; la première anale est d'un blanc grisâtre, la caudale jaune
olivâtre mêlé de noirâtre vers le bord postérieur de la nageoire; la première dorsale
enfin offre une teinte d'un gris-noirâtre. L'oeil est rouge brunâtre. Le tronc des
jeunes individus, qui portent trois à quatre pouces en longueur, est orné de cinq à
six bandes verticales plus ou moins foncées.
Ce poisson s'appelle, au Japon, Gin-game-adsi. Il y est peu abondant et offre
ordinairement une taille de huit pouces. On le prend, notamment en automne, en
compagnie d'autres poissons de la famille des Scombéroïdes, le long des côtes sud-ouest
de l'empire japonais, où on le mange.
5. Caranx equula. Pl. LX, fig. 1. — La cinquième espèce du genre ou de la
famille des Caranx, observée dans les mers du .Japon, parait se rapprocher des Caranx
luna, platessa, etc., ou en d'autres termes, des espèces à corps élevé, à profil droit et à
dents maxillaires disposées sur une seule rangée. .Te crois cette espèce nouvelle pour