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rise jadis -dans les environs de celte ville et y a découvert plusieurs rares
espèces9 i l connaît bien aussi ceux de Madrid où il dirige les etudiants dans
leurs herborisations, et je pus, grâce à son? obligeance, me procurer un bon
nombre de plantes intéressantes de la Castille. Je n’oublierai pas non plus
MM- Carreùo et Colmeiro, alors etudiants en médecine et élèves chéris de
Lagasca- Le seoond de ces jeunes gens distingues et liés ensemble par l’amitié
la plus tendre est maintenant professeur de botanique et d’agriculture à
Barcelone, tandis que le premier qui, par. son zèle et ses talents promettait
aussi de devenir un actif soutien de la botanique espagnole, a malheureusement
succombe au typhus au moment où il terminait ses études à Paris.
Les autres établissements scientifiques ne sont point aussi" arriérés li Madrid
qu’om pourrait le croire : le Musée, outre son squelette fossile du Mégathérium,
contient de magnifiques échantillons de minéralogie, les collections zoologiques
laissent davantage à désirer; l’École de médecine est tôut à fait au
niveau de la science moderne, et celle dë, pharmacie que je visitai en détail
pourrait servir de modèle à celles du reste de l’Europe. Chaque cours particulier
qui s’y donne a pour local une salle distincte autour de laquelle des
armoires vitrées contiennent de très-riches collections et des réunions d’instruments
destinés à compléter l’étude de là science enseignée; les laboratoires
sont vastes et bien tenus. Chaque aspirant au brevet de pharmacien, a quelque
partie de l’Espagne qu’il appartienne, doit venir étudier cinq ans dans cet
établissement avant de pouvoir prendre ses degrés.
Une seule route m’était ouverte pour rentrer en France; celle de Pau
par .Saragosse et le port de Canfranc, toutes les autres étaient interceptées
par les carlistes et je me hâtai de quitter Madrid, afin de ne pas trouver les
sentiers des Pyrénées trop encombrés de neiges. Le froid était déjà très-piquant
à Madrid dans le milieu de novembre, et je pus me convaincre de la
vérité de ce que j ’avais entendu dire sur la rigueur de ses hivers. La diligence
marchait encore jusqu’à Saragosse et j ’en profitai ; rien de plus commode en
Espagne que cette manière de voyager, ou chemine avec rapidité tout en se
reposant la nuit dans des auberges assez confortables, établies dans les lieux
de halte aux frais de l ’administration et où les prix sont fixes ét modérés ;
le seul coté fâcheux est le risque d’être pillé par les voleurs, qui se soucient en
général fort peu des deux ou trois eseopeterôs juchés sur l’impériale et toujours
prêts à décamper au moindre péril. Partis à deux heures de l’après-midi,
notre première couchée fut Guadalaxara; de Madrid jusqu’au pont de Jarama
là route suit la plaine cultivée des Castilles, puis longe des collines peu éle-
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véës; à. quatre ou. cinq lieues sur la. droite court la chaîne du Guadarrania
qu’au découvre dans tout son développement jusque sur les frontières de
l’Estramadure, elle paraît très-élevée dans, cette direction mais va en s’abaissant
à une quinzaine de. lieues à l’orient de Madrid pour se fondre, avec les
plateaux de la Castille. Dès Guadalaxara nous nous élevâmes graduellement
pendant la plus grande partie de la journée suivante et nous atteignîmes; lies
hauts plateaux ou Parameras de la Vieille-Castille. Rien de: plus triste quse.
ces plaines désolées, sans aucun arbre,, presque.toujours battues par les vents,
coupées de fentes précipiteuses et profondes au fond desquelles mugit quelque
torrent, et entièrement stériles ou couvertes, de maquis rabougris, dans
lesquels, malgré la rapidité de notre marche, je pus observer une singulière
association de plantes alpines et méridionales, la Satureia. ohovata, quelques
Cisies, le Romarin, la Lavandula stoechas croissant avec YArbutus uva ursi.
Presque partout la chaîne du Moncayo reste en vue au nord, et. de quelques
points découverts je pus admirer l’immense labyrinthe: que forment
au sud-est les montagnes dn Bas-Aragon. Près de Médina-Celî, on commence
à descendre, tantôt en suivant le fond du vallon où coule le Xalon,
tantôt le long des contreforts des montagnes ;, eetté partie de la route est intéressante
et assez pittoresque, les vallées bien cultivées et plantées d’oliviers
font un piquant contraste avec l’âpreté des hauteurs. Quelques lieues après
Calatayud nous eûmes l’admirable Spectacle de toute la chaîne des Pyrénées
se développant sur une immense longueur-au-dessus des plaines de l ’Aragon
et dont les cimes dentelées et couvertes de neige, se découpaient sur un ciel
bleu pur. A quelques lieues de Saragosse on entre tout à fait dans des
plaines incultes et larges, couvertes d?Artemisia arragonensis, de Gypsophila
struthium et d’autres plantes salines qui ne donnent pas une haute idée de la
fertilité du terrain. .
L ’aspect de Saragosse ne prévient pas en faveur de cette ville, c’est une
des plus laides que j ’aie traversées même en Espagne ; tous les édifices sont
d’une teinte sombre et boueuse, désagréable à l’oeil; un grand nombre
conservent encore les traces glorieuses des projectiles qui les atteignirent
dans le fameux siège que Cette cité soutint si héroïquement. De Saragosse
jusqu’à Ayerbe au pied des montagnes , on monte une pente insensible en
traversant d’immeuses savanes inhabitées et couvertes de buissons rabougris
et de maigres pâturages. J’observai dans le trajet le Rétama sphoerocarpa
e l le Lygeum spartum qui se trouvent ainsi arriver jusqu’aux Pyrénées. Les
premières chaînes de ces montagnes que l’on traverse jusqu’à Jaca, présen