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Une grande partie de ces vignobles, tous ceux de Y elez et presque tous ceux de
Malaga, sont consacre's à la production des raisins seçs, une des exportations les
plus importantes du pays; la vendange commence à la fin d’août et dure pendant
tout le mois de septembre. La culture des céréales est moins abondante dans
cette région que dans la suivante, elle occupe une partie des plaines du littoral,
et ne réussit d’une manière certaine que dans les endroits arrosables;
partout ailleurs, la sécheresse de l’été la fait souvent manquer; la récolte du
blé à lieu dans la dernière quinzaine de juin, celle de l’orge déjà au mois de
mai. Les localités de cette région^ dans lesquelles l’eau peut parvenir, soit
naturellement, soit par le moyem d’aqueducs, charment les regards par leur
fertilité et la richesse de leur végétation : là, à l’ ombre des orangers et des
mûriers, mûrissent de magnifiques moissons de maïs et de céréales; mais
ces oasis fortunées contrastent avec' l’aspect généralement nu et stérile du pays.
En rangeant dans l’ordre de leur importance, sous le rapport du nombre
des espèces ët des individus, les différentes stations de plantes que présente
la région chaudéjÿon obtient la série suivante : ï ° et en première ligne, les
Maquis, en espagnol monte1 ou montç bajo, buissons ou bois bas qui occupent
la plus grande partie dés collines et terrains en pente ; ils correspondent aux
macchie des Corses et se retrouvent à un degré plus ou moins considérable
dans toute la région méditerranéenne : ce sont des espaces plus ou moins
'étendus, couverts de buissons de 5|à 6 pieds de haut, parmi lesquels prédominent
le Chamoerops, plusieurs Gisteibant arbrisseaux que sous-arbrisseaux,
le Lentisque, le Rhamnus lycioides, des Phyllireà, beaucoup de Génistées et
quelques Chênes-Nains; ce sont ces arbrisseaux qui forment le principal bois de
chauffage du pays. Dans la même station sont comprises de nombreuses plantes
herbacées et graminées, qui vivent à l’ombre de ces arbustes pendant les
mois d’hiver et de printemps^surtout dans les localités où le sol est sablonneux,
ainsi que des plantes vivaces en moins: grand nombre, et qui fleurissent plus
tard. 20 Terrains sablonneux et nus, le plus souvent maritimes et d’autant plus
riches en espèces que le sable en est plus fin' et forme des dunesmobiles comme
à la Dehesilla de Malaga et entre Estepona et Gibraltar. 5° Collines arides,
dépourvues de monte bajo ou taillis, mais couvertes des touffes de quelques
sous-arbrisseaux, surtout du Thymus capitalus, ailleurs et moins abondamment,
de la Lavandula multifda, Teucrium polium, etc. Dans d’autres endroits,
ces plantes sont remplacées par les touffes coriaces d’une Graminée , la Macro-
ehloa tenacissima, très-employée pour faire des cordes et pour mille autres
usages sous le nom d’Èsparto. Umassez grand nombre d’autres plantes vivaces
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habitent cette même station. 4° Terrains cultivés qui peuvent se subdiviser
en terres sablonneuses et légères p dont la végétation est vernale, et grosses
terres, dont les jachères nourrissent de grosses plantes à floraison tardive,
telles que la Mandragore, des Chardons, Phlomis herba-venti, Teucrium spino-
sum, Tanacetum annuum, etc. 5° Rochers dont les plantes les plus caractéristiques
sont : Putoria Calabrica, Lapiedra Martinezii, Umbilicus hispidus,
Eloeoselinum Lagàscæ, Buplevrum gibraltaricum, Satureia obovata, Linaria
villosa, etc., etc. 6° Haies d’Agave et de Cactus : j ’ai cité plus haut quelques-
unes des plantes qu’on y remarque le plus fréquemment; on peut y joindre
Crambe filiformis. 70 Enfin, terrains humides et marécageux, rares et peu
étendus, et dont l“es environs de Malaga offrent seuls quelques-uns.
Le nombre, total des espèces que j’ai observées dans la région chaude est de
1070, c’est-à-dire au nombre d’espèces de la flore de Grenade, dans son
ensemble, comme 1 est à 3,7. Il serait intéressant de savoir quelle proportion de
ces espèceé remonte dans la région montagneuse, ruais on ne pourra y arriver
avec une certaine exactitude que parjde nombreuses observations impossibles
dans un voyage de courte durée, et dans lesquelles on tiendrait compte de
l’orientation des pentes, qui a beaucoup d’influence sur les limites supérieures
des plantes. J’ai bien noté 180 espèces de la région chaude, remontant au moins
dans toute la partie inférieure de la région montagneuse^ mais ce nombre est
bien au-dessous de la réalité, carda proximité de Ces régions, leurspoints.de
contact et leurs rapports de climat, doivent permettre à un bien plus grand nombre
des plantés qui y croissent d’être communes à l’une et à l’autre. Parmi ces
espèces, une vingtaine remontent non-seulement dans la région montagneuse,
mais même dans la régioûjalpine : ce sont les suivantes, et celles d’entre elles qui
sont marquées d’un astérisque remontent mérite jusquel'dans la région rivale.
Ranunculus choerophyllos.
Umbilicus hispidus.
Linaria supina.
.Biscutella stixatilis. f
Putoria Calabrica.
Iris lis. sg*'
Polygala saxatilis.
Anthemiaprvensis.
Lamium amplexicâule.
A l’en aria serpyllifolia,.
Filago Germanicà.
Agros tisalba.
Radiol a iinoides.
Campanula' Loeflingii.
Dactylis IJispanica. *
Cerastium Boissieri.
Cüscuta minoV.
Sedum glanduliferumï '
Linaria villosa.
Cette liste, qu’il faudra augmenter probablement, se compose de plantes en
partie rudérales, habitantes de terrains sablonneux et qui ont suivi l’homme
dans les régions supérieures, et en partie d’autres espèces qui sur la cote vivent
dans les rochers les plus exposés au soleil, et qui, par un phénomène particulier à
certaines contrées de la région méditerranéenne maritime, remontent quelquefois
très-haut dans les montagnes dans les expositions abritées et méridionales.