— 44 - r
sur la gauche, et j ’arrivai bientôt à un nouveau nacimiento dont l ’eau abondante
faisait mouvoir plusieurs usines. Le terrain argileux des environs de la source
était couvert de petits hélianthèmes annuels qui épanouissaient à cette heure
matinale leurs corolles dont on ne Retrouve plus trace une fois que le soleil est
levé : c’étaient les ffelianthemum Niloticum, intermedium; salicifolium et oegyptia-
cum associés aux Micropus supinus et bombycinus et à YEvax pygmea. Parvenu au
pied de la paroi de rochers dont j ’ai parlé plus haut, j ’y ‘trouvai une foule de
belles plantes dont la plupart étaient nouvelles „pour moi, et qui prospéraient
dans cette localité humide et tournée vers le nord. C’e'taient d’abord YHernia-
ria polygonoides, la fragile et délicate Linaria villosa aux feuilles enduites-d’une
substance visqueuse et aromatique, puis le Saxifraga globulifera et la Campanula
velutina qui ornaient de leurs fleurs blanches, et bleues4 es anfractuosités des
pienes. Partout 911 le roc se creusait en cavernes on voyait pendre d’énormes
touffes du Fumaria corymbosa qui craint l’humidité de l’air extérieur et dont
les pédoncules s’allongent en tous sens après la floraison et; vont chercher les
fentes où ils déposent leurs graines. Je recueillis aussi là YEphedra altissima Desf.
et la reine de toutes, VÀnthyllis podôcephala, charmant arbrisseau aux feuilles
soyeuses, couronné de nombreux capitules d’un jaune d’or. La longueur delà
course que je devais faire dans la journée neme permit que .d’effleurer ces
trésors auxquels la proximité du village me permettait de revenir le lendemain;
et je quittai les rocheçs a regret pour suivre des pentes couvertes de cistes, de
romarins et de chênes kermès,. Nous continuâmes à monter par une ravine
nommée la Canada âel In fier no, dont le fond était à sec e f couvert d’un sable fin
où croissaient en abondance les Alyssumserpillifolium, atlanticum et la Mercurialis
tomentosa; ce sable se retrouve par places sur toute la montagne; il est produit
par la décomposition d’un calcaire blanc cristallin dont elle est formée. Je
trouvai successivement différentes especes de la région montagneuse, la Macro-
chloa arenaria, gigantesque graminée qui balance, sur un chaume de cinq à six
pieds de long, sa grande panicule. d’un jaune d’or, Y Armer ia allioides aux fleurs
blanches, lesÿercmo arachnoideus et minutus, YEchium albicans, magnifique plante
qui rappelle, par son port, les espèces de ce genre particulières aux Canaries, le
Réséda undata auquel un long épi simple-a fait donner, par les bergers, le nom
de hopo de horra, qugue de renard, Je jouissais pleinement, dans cette herborisation,
du plaisir si v if de. la découverte, jouissance qui devait, se renouveler et
varier dans chacunei;de mes excursions en: Andalousie, et5 qui est inconnue
dans les contrées de l’Europe centrale, où chaque pouce» de terrain a été visité
et étudie par ler botanistes. Çà et là quelques^troupeaux de chèvres et de brebis
cherchaient péniblement leur nourriture au milieu de cette végétation épineuse,
où les graminées manquent presqu’entièrement. On les conduit chaque
jour sur la "montagne, d’Alhaurin, de Mijas et d’autres villages des environs où
elles retournent le soir, et on ne conçoit pas comment la petite quantité d’herbe
qu’elles broutent peut leur donner des forces pour cette longue course quotidienne.
^Parvenus au point culminant, élevé de 3,520 pieds au-dessüs de la mer, nous
nous trouvâmes^au centre d’un admirable panorama. On distinguait à l ’est Ma-
laga, la tour de sèn fanai, puis, bien au-delà, les montagnes dés environs de Grenade,
et, du côté opposé, les autres chaînes de la province de Honda jusqu’au
rocher de Gibraltar, dont la pointe était coiffée d’une bande de vapeurs. Mais la
vue dont jéùie pouvais'détaéher mes regards et qui me Causa une émotion qu’on
comprendra, était celle de l’Afrique; de ce continent que j ’apercevais là pour la
première fois. On voyait fort nettement la cime fourchue qui s’élève au-dessus
de Ceuta, puis eniaeé, d’autres montagnes plushautes, mais qui se montraient
d’une manière moins distincte, à cause de l’élargissement progressif du détroit.
Depuis lors j ’ai pu distinguer cette côte de Malaga même, mais il faut pour
cela un temps très?clair et une situation un peu élevée, telle que celle du château
de Gibralfaro.
La Sierra de Mij as, sur l’extrémité occidentale de laquelle je me trouvais, Court
de l’ouest à l’est jusqu’à Torremolinos, à une lieue de Malaga. Ses sommités
sont arrondies et ses penteffsillonnées par de nombreux ravins dus à sa structure
sablonneuse; Le versant du midi est plus rapide que celui du nord, et de
ne cqté elle est séparée de la mer par un pays régulièrement entrecoupé de
collines ondulées et de petits vallons. C’est par-là que passe la route ordinaire
de Malaga à Gibraltar, tout auprès du château de là Fuengirola. La partie supérieure
de la montagne était couverte d’arbustes en partie les mêmes que ceux
de la plaine^ la hauteur à laquelle elle s’élève ne suffisant pas à Cette latitude
pour changer complètement le caractère de la végétation- L’Ulex australis y prédominait
avec le romarin, le Juniperus oxycedrus et les Çistûs incanus, salvi-
folius, monspeliensis et atriplicifolius. Un hélianthème à fleurs blanches et à
feuilles tomenteüses y formait de petits buissons fort éléganfjs> et à la plupart
des plantes de la région montagneuse que j ’ai énumérées, venaient s’ajouter
encore les Barckhausia albida, Valeriana tuberosa, Carex+gynobasis, Erysimum
canescens, Orchis anthropophora etAsphodeluS fistulosusi Dans les fentes du rocher
qui termine la montagne du côté du^sud, je cueillis la belle Linaria tristis aux
fleurs d’un violet noirâtre, la Calendula suffruticosa, la Saxifraga globulifera et