
hameaux et villages tons caches dans les plis, du- terrain et qu’on n’àper-
^■ Jdit point de la plaine. A l’ouest s’élevait la Sierra Pcieta, immense amas
de roches stériles, et blanohàtres où l’on: ne distingue aucune trace de végétation;
plus loin les montagnes d’Antequéra- e tÜ l’horizon celles'-de la
Serrania de Ronda. Au nord s’étendent Ié§. plairrés entrecoupées de ravins
où doit se trouver Alhama que je ne pus découvrir ; elles! sont bornégs
par un labyrinthe d’autres rochers et d’autres montagnes; cette partie du tableau
présente un caractère de désolation et de solitude qui a de la grandeur.
Il est facile de s’apercevoir de l’élévation de ces plateaux inte’rieurs
quand l’oeil compare les objets qui y sont placés à quelque autre, point du
versant méridional, à Canillas par exemple, qui apparait à une immense profondeur,
quoique déjà élevé de 1100 pieds. Dans ce vaste panorama, Grenade
qu’on m’avait difêtre visible par un ciel serein, manquait encore ; j ’avançai
à l’orient pendant quelques minutes sur la crête qui me masquait ce côté
d l’horizon, et j ’aperçus enfin distinctement la-ville de mes rêves. Elle apparaissait
au loin comme une tache blanche à la base de . ses collines, et les
rayons du soleil faisaient briller comme des'étincelles quelques-uns de ses
édifices. Derrière elle-s’élevait la Sierra Nevada taehetée.de neige, mais vue
de côté et par sa croupe^lde sorte que ni sa forme ni sa hauteur me partîs-
saient sous un jour favorable.
De retour vers mon campement, je retrouvai un vigoureux gaillard le fusil
sur l’épaule avec des yeux et des cheveux d’un noir de jais;'.c’était Juan, le
nouveau domestique que m’envoyait don Julian, Il m’eût convenu, car il
était alerte et intelligent, mais il ne resta-‘avec moi que deux jours. Ea veille
de mon départ de ,la.Tejteda, je lui avais permis de redescendre -le soir pour
faire ses adieux à sa famille, et le matin suivant je vis. arriver à sa place un de
,fgs cousins avec force excuses de sa part et la nouvelle que la-femme près
d’accôucher ne voulait pas le laisser partir. Quelques hochements de tète des
neverôs qui étaient présents m’inspirèrent des doutes, sur. cette histoire, et en
effet, le cousin qui-se nommait Pedro, ët que je pris àmon service, me raconta
quelque temps après toute l’affaire. Le jour avant celui de mon arrivée àsÇanil-
las, Juaü se trouvant sur la place publique, avait été insulté par un autre habitant
du village, on en était venu promptement aux coups, heureusement ni l’un
ni l’autre n’avait sur lui sa navaja, mais Juan dans sa fureur saisit la lèvre inférieure
de son antagoniste et la lui déchira. Cet exploit mit .fin à la lutte, et
comme il était en peine des suites que pourrait avoir pour lui la blessure de son
antagoniste, don Julian qui le savait honnêtePgarçon malgré sa mauvaise tète,
; _
ma l ’envoya pour l’éloigner du pays. Cependant dans l’intervalle les amis des
deux familles, s’étaient interposés, la lèvre s’e'tait presque recollée, il n’y manquait
plus qu’une mijita, une miette suivant l’expression de Pedro, et Juan retourné
au village avait trouvé la paix faite et ne s’e'tait plus soucié de partir avec
moi. J’aurais trouvé en lui dans l’occasion un brave champion, si j ’en juge par
une aventure qui l’avait illustré dans le pays, -Accompagnant quelques années
auparavant son oncle à Montefrio, au travers d’un pays montagneux et mal
famé, .d aperçut tout à coup au milieu d’une forêt des chevaux attachés ça
et là aux arbres, et plusieurs voix lui crièrent en même temps de s’arrêter.
Juan qui comprit de suite de qutjj' il s’agissait,'ordonna à son oncle de piquer
des deux sûr sa mule sans,s’embarrasser des coups de fusil qu’on commençait
à leur tirer, et s’abritant lui-même aussi-que, son cheval derrière
un gros; chêne, arrêta les voleürsfpar la vivacité de sôu feu, blessa plusieurs
d’entre eux et tint bon jusqu’au moment où. les nacimales du village voisin,
avertis par le vieillard, vinrent le dégager. Il venait , d’avoir affaire avec un
dés lieutenants de José Maria, fameux chef dé bande.qui tenait alors toute
l’Andalousie en éch.ec.
La Sierra Tejeda n’a été jusqu’ici parcourue que par bien peu de botanistes.
Clusius le premier avait tenté cette ascension,1 mais sans succès, s’étant dès le
commencement demis o ù Casse la jambe; on ne trouve mentionnée, en effet,
dans son ouvrage aucune plante particulière à la montagne. Après lui mon
ami Hænseler, puis M. AAebb, avaient tous les deux gravi jusqu’à la cime,
mais dans une-saison trop avancée, de sorte que beaucoup .d’espèces intéres-
sgntesdeur avaient échappe'. J’étais le quatrième, et plus heureux qu’eux, je la
Visitais dans le, plus beau moment de la végétation; une excursion à la fin de
juillet serait dépendant nécessalfè pour récolter le Pteroçephalus spathulatus,
Andryala Agardhii, Arenaria imbricata, Centaurea bombycina et quelques autres.
Le petit plateau desfSlentisqueros en particulier était un véritable jardin
émaillé-de fleurs, grâce à son exposition abritée, .à la terre végétale plus abondante
là qu’ailleurs et à ljhumidité que fournissaient les tas de neige. Je trouvais
les memes-espèces à tous les"degrés d’épanouissement, suivant qu’elles
Croissaient dans les lieux exposés au soleil oü sur les revers tournés au nord
où la neige reste jusqu’à la fin d’avril. Là brillaient VAnthyllis Webbiana aux
fleurs d’un cramoisi éclatant, VArmeria filifolia aux capitules rosés, VErodium
cheilanthifolium, Linaria crassifolia, Arenaria armeriastrum, Silene Tejedensis,
Brassica humilis, Centaurea Boissieri et une foule d’autres. Dans les fentes
humides des rochers vivaient le Saxifraga spathulata aux rosettes arrondies et