heures à travers une chaîne de collines'qui eu coupent la base; elles sont
presque partout couvertes dé vignobles »et coupées par de profonds ravins'
que'les eaux des pluies,et des ruisseaux ont creusés à la longue dans leur terrain
argileux et mobile. Leur exposition est très-chaude, et j ’y observai de belles
plantes, entre autres des ombellifères, mais je m’y arrêtai peu, remettant leur
étude au jour suivant. A la hauteur dé mille pieds environ, la culture de la
vigne cessait sur ces collines, et presque aussitôt je commençai à découvrir des
buissons du beau Ciitus ladaniférus tout couvert de ses fleurs d’un blanc
éclatant et de la grandeur de la rose des haies. Lès feuilles et .les rameaux de
cet arbuste sont couverts d’une substance glutineuse et aromatique qui parfume
l’air, et dont les Espagnols font grand cas pour la guérison des blessures.
Sa Verdure? à la fois sombré; et brillante, me rappelait le Rhododendron de
nos Alpes, et dé nombreuses fougères en fleur qui tapissaient la terre à son
pied, contribuaient encore à l'illusion. La plus jolie et la plus abondante,,
parmi ces dernières, était YErica umbellata ; il y avait aussi la scoparia et l’ar-
borea, ainsi que notre Calluna eried.
Un peu plus haut, à la base même de la Sierra, nous atteignîmes un bois
forme par les Quereus suber et Lusitaniça et où se modtraiènt déjà quelques
pieds du Pinus pinaster. Là au milieu de myrtes, d’arbousiers et de cistes, croissaient
une foule de plantes forestières toutes nouvelles pour mob La plus remarquable
était sans contredit la Digitalis laciniata qui, à l’extremite d une
tige ligneuse et nue de quatre à cinq pieds’ de hauteur, porte une rosette de
feuilles lissés légèrement découpées et un long epi de fleurs d une conteur
orangée ou ferrugineuse. Le.Linuni Navbonense, Y Adenoccivpus Telonensis, le Ge~
nista triacanthos et le Teucrium fruticans étaient aussi très-cômmuns, ainsi
qu’une jolie espèce nouvelle de Scorzonera aux feuijles linéaires. Un ruisseau
qui se précipite d’une des gorges de la montagne traversait cç site, et, dans le
vallon qu’il occupait, quelques cabanes presque entièrement cachées *au milieu
des arbres avec des échappées de vue sur la mer, présentaient l’image d un séjour
de paix et de bonheur.
La végétation de la Sierra Bermeja est assez différente de celle des autres
chaînes du pays, et cela tient aux bois qui la couvrent et à la nature de ses
rochers formés d’une espèce de. grès et non plus de calcaire cristallin. De
toutes les montagnesun peu élevpes de la côte méridionale de l’Espagne, c est la
plus yoisine de l’Afrique, et elle a probablement beaucoup de rapports avec les
chaînes secondaires d el’Atlas. Labelle StoehelinaBcetica commençait a épanouir
ses capitules et à développer les aigrettes roses et légères qui composent sa fleur ;
— A i le
Gêhista hirsuid formait des buissons épais et arrondis, .et le Lithospermum
prostratum, si commun dans la région montagneuse de toute l’Espagne, était
tout couvert de ses corolles blanches, rougeâtres ou violettes, suivant l’époque
de leur épanouissement. Mon guide me raconta des chçjses merveilleuses de la
vertu de cette dernière .plante qu’on appelle, daps le pays, yerba de las stete
sangrias, parcé qu’elle est-censée tenir lieu de’sept saignées. Les Pinus pinaster,
rabougris vers le pied de la montagne, étaient déjà devenus des arbres de trente
à quarante pieds, au tronc dégarni de branches v|rs la base ; leuçs feuilles sont
très-longues, roidès et piquantes, et les écailles de leurs cônes extrêmement
raboteuses. A une hauteur de deux mille pieds, nous fîmes halte au bord de
sources abondantes, séduits par ces beaux ombrages auxquels le ^voyageur est
si peu habitué sur les montagnes de la Péninsule, et jouissant du murmure des
eaux et du bruit du vent au travers du feuillage. L’Anagallis tenella, les. Selr-
pus nigricans et àcicularis croissaient dansles eâux de la source, et de superbes
buissons de YErica ramulosa et du Dorycnium kirsutum encornaient les alentours.
... -
Jusque-là nous avions suivi un sentier assez praticable qui conduit dans la
* Serrania de Ronda par-dessus uh des points les plus bas de la chaîne. J y laissai
Antonio et notre guide qui devaient gagner le col et s élever ensuite le long
de la crête pour me rejoindre, et je pris à gauche au milieu des sapins par une
pente plus, rapide et pliis directe. Je retrouvai là Arenarid montana, Herniaria
incanp,,, Euphorbià verrucosafCeterach Marantoef Riiscus aculealus, Aphyllantkes
Monspgliensis, mais la plupart des plantes telles que Centaurea Tagana, Chamoe-
peuce Hspgnica, Scdbiosa tomentosa et une-belle espèce de .Cephalapia n étaient
pas enc.orfe'fleuries-.' A trois mille pieds, environ, les troncs et les rameaux^ des
arbres se garnissent de nos lichens de l’Europe tempérée, comme Usnea barbota,
Physqfa furfuraMi et glauca et je découvris, là aussi, dans les fentes des rochers,
une très-jolie et très-délicate espece de Saxifraga.
Vers le dernier quart de la montagne, les pins diminuentÿuis disparaissent
toùt-à-fait et sont remplacés par les Pinsapos, que j ’èus le plaisir de pouvoir
examiner de près. Leurs branches, qui garnissaient le tronc jusqu’à la base, me
rappelèrent nos sapins, mais s la brièveté remarquable de leurs feuilles épaisses
et cfiàrnues, leur disposition cylindrique sur les rameaux ne mfc permettaient
de les-rapporter à aucune espèce connue. Je cherchai des cônes pour éclaircir
mes doutes, mais'je ne pus pas même en trouver des débris, et il me fallut renoncer
pour le moment à satisfairl ma curiosité au sujet de ces arbres, auxquels
je reviendrai plus tard. A leur pied, parmi desroefters mousseux, l’élégantCisfes