plantes de la région chaude,. telles-c|uè l ’oranger, le„figuier d’Inde et l ’agave, ,
ne pourraient y croître.'L ÿ a * mai, lié filas étaient encore en fleur dans^
tes jardins: L’aspeçt delà ville et de ses environs, si. pittoresque par lui-même,c
devient plus frappent encore lorsque,.comme moi, on arrive de nuit et^ que rien
n’a préparé d’avance aü spectacle qui s’offre aux, yeuife. Au midi^et-à les t,
l ’horizo^est borné, à peu de distance, par des mptitagnes calcaires «Tpar ces.
pentes adoucies.que nous avions descendueàjla veille. Del ce cpté4 h , le epup
d’oeil est agreste et sauvage, et le manque d’arbres et de culture fait ressembler
cefte partie du'tablfeu à"quetoe solitude alpin!; mais en se tournaift vfers le
sud-oufst, on se. trouve avec.surpi-ise àù bord d’un rocher à pic de- près"de
sépt cents pieds de-hauteur, (l’est le plateau sur .lequel la ville est construite
qui finit là d’une manière abrupte; il est lui-même fendu par un étroit et
profond précipice qui partage Ronda en deux parties, etsau fond duquel uîie
petite rivière roule ses eaux bruissantes en allant joindre le vallon. On communique
d’un côté ir l’autre par un pont, .ouvrage hardi des Maures et dont les
balustrades êff fer permettent à l’oeil de plonger dans lé gouffre. Le te rd de
l’escarpement ou du Tajo, comme on dit dans îeôpays, est occupé par les-mai-
' sons de la vijle e* paH’Afàtoeda, admirable promerade plantée d’arbres^’aù
. l ’on su ite s mille détoru-s de*fe rivière, e t où le « fa rd ^ rep o se dêliqfefise-
ment sur la vallée. Des bois délicieux de ch^es verts , des jardins,, des moulins
pittoresquement adossés au roc et autour desquels l’ean- s*e précipité pàf
mille chûtes, dans le fend pîûsieursiplans de montagnes que le .pic de Saint-
Cristobal domine;- tout cela forme un paysage sublime qui ne re^mble à
aucun autre et qui reste gravé dans l ’imagination eii traits ineDâçaÇes; Tel,
devait être celui qui inspira le TaSse et lui faisait si bien comprendre yces
mystérieux rapposÿ qui existent entre les beautés de‘-là nature,-*et les gtes
sublimes créations de l’esprit humain. # ... .
Tout éfâit alors vie et mouvement à Ronda; la vaste plaine au nord de la
• ville était couverte à perte de vue de quadrupèdes de differentes espèces groupés^
ensemble par petits troupeaux : on eût dit le campement de quelque peuplade
nomade". Jë remarquai quelques beaux chevaux andaloux,.race pleine de feu
et de gràce .et qui fournit les meilleurs cpursiérsj.de.jparâde. Dans les rues
l’affluence était encore plus considérable. Le's hommes, depuis les contreban-
dier%et les-Serranos jusqu’aux citadins de Cadix, et de Séville, étaient
de costumes de majos; un bSn Espagnol eût r^pgi de se.montrer à uite sSlën-
•nité pareille dans à«s vêtements à la française, e| tous rivalisaient d’élégancfe
et’de richesse pour les couleurs et les ornements brodés d# leurs jaquetas. Il
— 5g —
n’y a f ail pas jusqu’aux Anglais qui n’eussent adopté le costume national, mais
leur démarche et leur physionomie trahissaient promptement leur origine. Dans
de nombreuses files d’échoppes et d’étalages oh vendait depuis des bonbons et
des jouets d’enfants -fort semblables à ceux dê nos foires, jusqu’aux plus précieux
travaux, d’orfèvrerie. Ici un joueur de guitare attirait la foule par ses
accords, là un tilere ou bateleur exécutait ses tours d’adresse; partout on
»entendait retentir les cris àe^aguadores et le tintement monotonè\les sonnettes*
par lesquelles les marchands d% petites lampes de forme antique annoncent
leur approche.
On se pressait déjà à la porte de la Plaza de toros, ou l ’on s’arrachait les
billets pour la funcion de l’après-midi. Malgré leur prix assez élevé, une demi-
qpiastre pour l’étage supérieur et le double pour l’inférieur placé au niveau du
^cirque, personne n’hésitait, lé plus pauvre montàguard aurait mieux aimé
vendre jusqu’à son dernier vêtement. Le combat devait commencer à quatre
heures, et avant trois toutes les placée du côté de l’ombre étaient déjà occupées.
La Plaza pass§ pour une des plus grandes èt des plus bellesMe toute’
l’Espagne; elle appartient à la Maestranza, ç’esk-à-dire aïi corps de la noblesse
de Ronda, qui la répare et la loue chaque année à l’entrepreneur des courses?
Unÿportique à deux étages, soutenu par une rangée de colonnes ^entoure
l’àrène; chaquè^tage contient jm amphithéâtre de gradins, et ce dernier se
trouve séparé de la lice par un Couloir et uné forte paroi en bois de cinq pieds de
haut. Il y avait là de cinq à six mille personnes. On ne sauraitsefaire une idée de
la joie et de l ’impatience^de cette multitude. Les jeunes gens étaient réunis por
pueblo„s, c’est-à-dire par ville ou par village : ceux de Malaga étaient les plus
nombreux et les plus turbulents. On,hurlait , on se lançait des sarcasmes d’un
parti à l’autre, on accueillait les daines avec ces compliments de galanterie
un peu grossière propres aux Andaloux; on chantait des refrains populaires,au
bruit cadencé des varas, longs bâtons blancs dépouillés de leur écorce ÿ t
accompagnement obligé du costume de majo. Tout à coup le silence s’établit,
un petit corps de soldats venait d’arriver dans l’arène et, on plaça des sentinelles
sur le pourtour du couloir derrière l’arène; afin d’empêcher le public
•d’y circuler!
La scène qui suivit était une, brillante image des jours de l’antique chevalerie,
* dont tousjes usages sont scrupuleusement conservés dans cette ceremonie.
Les toréadors firent leur entrée au son de la musique militaire* reve-
tusde brillants coutumes, le petit manteau écarlate sur ï’épaule et les cheveux
ramassés sur lé derrière de la tête en.àine espace dç chignon qu’on