
gftgt -
bel JEchiumalbicjans. De temps à autre ÿe trouvais des champs de seigle asSez
mal Ténus*' et entôürés'vde murs en pièrre^sèphes; ce-:paÿs est peu pittoresque
et ôn sév serait cru plutôt dans quelque partie montagneuse du centre d£ la
France qu’en Andalousie. A deux lieues de Ronda nous'passâmes a Atayate,
village situe' déjà sur le revers méridional, et misérable comme tous ceux de
la Serrania. Nous suivions le contrefort qui sépare,la vallée mi Rio GuenaL
de Celle du Rio Guadiaro qui passe à Ronda ; la vue commençait à s’étendre
"au midi et la végétation du littoral reparut bientôt04 ’UQe manière marquée.
C’était le Chamoeropi, le Teucr.ium frulicans, plusieurs mnbellifères et quelques
belles éspèçes de genêts épineux. Cqtte routé** était celle qu’avait prise Gomez
l’année précédente, lors de son iucursion en Andalousie; ce chef carliste étak arrivé
presque inopinément a Ronda, de manière que les nacionales et les libéraux
compromis^n’ayaient eu que quelques heures d’avance sur lui pourpier se réfugier
à Tarifa'. Pendant les deux jours qu’il passa dans la ville, Gomez n’y
commit pas d’excès, moins par générosité peut-être que parce qu’i f s’attendait
à être coupé, dans sa course aventureuse, et qu’il ne voulait pas amasser
trop de vengeances sur slrtête s’il venait}à être pris. Pour , dérouter ics.plans de
ceux qui le poursuivaient et qui allaient passer'les montagnes du côté de Cadix,
il sengagea dans ce sentier d’pù il put gagner San Roque, passa fière-
rement devant Tarifa et parvint à s’échapper du coté d’Arcos après une escarmouche
.a vec'le-général N ai vaez-^Nous pa'SsàmeéfSuGceSsivement au- dessus 4 ©.
quelques villages situés à mi-côtè dé hpvallée, tels qu' Àlgatocin, Bénarraba ét
Benalaïuia. Tout ce pays est p'âuvre," stéfile et rocailleux la contrebande a
accaparé toute l’activité èt l’industrie de ses habitants. Nous rencontràmesmh
paysan avec qui nous fîmes route et qui cheminait tout seul, poussant devant
lui un âne charge' d’une assez petite caisse., Jl venait dés environs de Mujacar
sur les frontières du royaume de Murcie, et vendait en route du safran dont il
ne lui restait plus qu une petite provision; il allait à Gibraltar afin d’y convertir
son» gain en marchandises et les embarquer ensuite en contrebande pour
son pays. Nous arrivâmes ensemble à Gaucin, étape ordinaire entre Ronda et
Gibraltar : cest :un grand village dominé par un vieux château en ruine très-
piltoyesque et qui/ut célèbre dans les guerres entre ^es Arabes et les chrétiens.
On est,là assez près d’Esteponâ; la Sierra Bermèja snpre'sente par la face occidentale,
et on jouit d’une vue fort étendue sur le plat pays et sur le cours
du Guadiaro. Le lendemain, en descendant les pentes qui conduisent à la ri-
vièrejlje cueillis VEedysarum *Fontanesj,i et la Cleonia lusitanica qui couvrait
.de grands espaces de sé#£leurs *d’un beau bleu. La route fût monotone ce jour
là , nous suivions dés terrains plats et sablonneux, en passant et en repassant à
gué le Guadiaro qui fait mille détours, tantôt se partageant en plusieurs bras,
tantôt formant des étangs largesét? sans profondeur ; il n’y avait d’autre végétation
que le Genista spJioerocarpa ou Rétama)'aux rameaux grêles et inclinés
comme ceux d’un saule pleureur. Cet arbuste inspirait à Antonio le couplet'
suivant :
La rétama en el campo
La pisa el caminante
A mi que soy mozuela
No me faltarà el amante.
Chaque paysan andaloux sait par coeur une multitude de ces coplitas dont
quelques-unes .pe sont pas sans grâce et cachent quelquefois sous leur simplicité
quelque trait piquant et spirituel; ils les chantent toutes sur un air constamment
le même, la Rondeha, dont la modulation mélancolique est bien
connue de tous ceux qui ont vécu dans le midi de l’Espagne. Yers le soir
nous quittâmes enfin les bords du Guadiaro, et nous entrâmes dans un pays
de, collines couvertes de bois magnifiques composés de trois espèces de chênes.
Animé comme il l’était par de nombreux troupéaux, ce paysage me
parut d’une grande beauté et les rayons du soleil couchant, qui glissaient
au travers du feuillage; lui donnaient un singulier éclat. Le sol de ces forêts,
sablonneux et humide à la fois, nourrissait une infinité de plantes telles
que Helianthemum halimifolium et libanotis, Ânthyllis hamata, plusieurs Ononis
et la Céntaurea polyacantha. L’Hedysarum coronarium formait des tapis ras couverts
de fleurs écarlates, et la Cerinthe mq/or montrait dejà^ses épis penchés et
d’une teinte violette. La nuit vint me chasser de ce lieu de délices, à la grande
satisfaction de mes gens qui n’avaient presque rien mangé de la journée, parce
que, trompés sur la-.. distance, nous ne nous étions pas arrêtés dans l’unique
venta qu’on trouve sur la route, et bientôt après}- nous arrivâmes à San Roque,
bourgade aux rues tristes et étroites, mais à laquelle le voisinage de Gibraltar
donne assez d’importance.