
de Jasione aux flairs gris de lin étaient un peu plus avancés, et l’élégant
Sedum anglicum aux?corolles rouges ornait les placés arrosées. Je rencontrai
bientôt les premières touffes rabougries d’une plante qui, sôus le ;nom l e
Manzanüla real a dans tout le pays une grande réputation pouls seS vgrtus
médicinales 5 je l ’avais déjà vue desséchée à Grenade ou ôtf en*àpporte Beaucoup
en été. C’est une petite' Armoise àlix capitules d’un Blanc-tverdâtre, aux
feuilles soyeuses et arçentées, elle exhale une odeur extrêmement forte, et on
l’emploie ici.comme stomachique et sudorifique, de même" que les habitants
des Alpes se servent des àutres ArteOnisiajlonnues soiti le nomà^Gènipi, mais
je crois à celle-ci dès propriétés encor<rplus énergiq^*; j
J’jétais arrivé à ce qu’on^nomme ^les Borreguiles, ce sont dès pâturages
situés immédiatement au pied des éboulis schisteux au faîtelde^la chaîne ;
séparés par des mouvements de terrain, ils prennent le nom de la vallée dont
ils forment la partie supérieure,‘c?esf ainsi qu’il y a le Borreguil de San Gero-
nïmo, celui de J)ylar,} celui dé San Juan. | La plupart contiennent de très-
petits-lacs alpins gon fle s eaux s’échappent par-dessus lès roches enmille cascades.
Le mot de Borreguil signifie pâturage pour les moutons^ et ne vient
point, comme le-croit M. Bory, dêda ressemblance que les taches “de nfeige,
éparses encore aUprintemps dans ces lieux,- auraient de loin avec un troupeau,
Partout ces prairies humides étaient blanchies par les fleurs des\Rmun~
culus anauslifolius et acetoselloefolius} lé Pinguicula leptoceras croissait taussi
abondamment. Quoiqu’une herbe court|pèût à peine commencé H séitléve-
lopper, les troupeaux de chèvres s’étaient déjà empares de ces lieux élevés et
j’eus à me défendre contre deux énormes chiens sortis tout’à colip d’une crevasse
de rôchers où leur maître avait élu domicile. Je me trouvais au *.pied
immédiat du Picacho de Veleta, majs«le jour était déjà avancé et~ je calculai
que je n’aurais pas le temps de grlvft* encoredes longues pèntes rapides encombrées
d’énormes quartiers de roc qui- me séparaient du sommet. Il fallut
J donc remettre cette ascension à un cj.utrê'jour, eMaprès m’être reposé quelques
instants a,u bord. d’une des mille Sources limpides et glacées qui sourdent
en ces lieux du-sein de tapis de mousses, je redescendis en suivant le
ruisseau qui forme la;première origine du Monachil. Peu à peu la végétation
l'apponienne que je quittais allait s’enrichissant d’autres ®végépmx, je retrouvai
la Digitalis pur pur ea, les-Aconits, puis YErÿngiurfi Bfturgati, puis tout le
cortège des plantes des vallées, la zone arborescente que j ’ai décrite plus
haut, et enfin Jes taillis deiQuercus tbza. À demi-liéue, du Cortijo,* je qûittai
le lir de la rivière?qu’on ne p‘éût plus suivre à*cause dèè rochers qui l’encaissent
et je rentrai dans ce dernier lieu, enchanté des résultats de ma course, quoi-
que je n’eusse pas encore atteint mon but.
J’avais remarqué dans cette excursion que San Geronimo1 était encore
trop éloigné du faite des mqntagûes pour pouvoir de ce point le .visiter
commodément et avec fe-détail nécessaire, et je me décidai à chercher une
station plus elevee. Je me transportai .dans ce but dans une prairie nommée
Prado de la yegua, située aussi tout près des bords du Monachil, mais une
lieue plus haut dans la vallée. Il y avait là un petit chalet formé d’une simple
tente- de*toile grossière fermée ^n arrière et sut les.*cmés 'ét ouverte par
devant; l’intérieur ne pouvait contenir que les baquets pour le laitage qui
étaient (rangés sur des chevalets; nous passions la nuit ainsi que les bergers
autour d’uh foyer établi un peu en avant et «auquel on faisait aussi bouillir
la chaudière pour la fabrication du fromage. Près de quatre cents têtes de
bétail tous moutons et chèvres étaient réunies dans cet endroit. On ne voit
que très-rarement des vaches dans ceg* montagnes, leur lait est peu employé
dans le pays, on le considère plutôt comme un remède, et à Grenade on
le crie dans les rués comme en Suisse le lait d’ânesse.. Les bergers étaient
au nombre ;?de 5 à 6 sous Jes ordres d’un capataz, ce dernier est responsable
vis-à-vis du propriétaire et ne quitte jamais le halo, x ’est ainsi qu’on
appelle les établissements pastoraux de ce genre. C’est lu i qui est chargé
exclusivement de la préparation, du laitage ; il fabrique d’abord à froid avec
celui des brebis et des chèvres réunies de petits fromages arrondis, puis il
fait b°uillir, le lait qui| reste dans la chaudière et obtient ainsi les reque-
sones, presque liquides, d’un goût délicat et qui doivent être bien connus
des lecteurs de Cervantes*; on se rappelle que Sancho en avait rempli le
casque de Don Quichotte qui, les sentant couler le long de son visage, s’imagina^
avoir la Cervelle en liquéfaction. Les bergers en sous-ordre mènent une
vie assez dure, leur métiec est de conduire tous les-jours chacun des troupeaux
dans les différentes, parties de la montagne et de les ramener le soir
pour les traire, il leur faut pour cela parcourir de grandes distances surtout
à la fin de la saison quand, il n’y a plus d’herbe que dans les sommités.
Leur modique salaire journalier ne. dépasse pas en général un réal, un
peu moins de six sous de France, avec la nourriture qui se compose de
laitage quand il y en a en surabondance, d’un pain, assez blanc que l’on
va chercher toutes les semaines chez le propriétaire du hato, et d’un pu-
chero dç fèves bouillies avec un peu d’huile. Ces dernières sont sèches
et horiblëment dures; les bergers réunis le soir autour du feu s’occupent