la fonte plus ou moins grande dépend surtout des inégalités et de l’inclinaison
du sol.
Dès la fin de septembre, toute la région se couvre d’une neige nouvelle qui ne
commence a disparaître partiellement qu’en juin et la recouvre donc entièrement
pendant huit mois. Le sol est partout arrosé par les filtrations de la
neige fondante et les petits ruisseaux qui en découlent ■ de nombreux orages
rafraîchissent en outre la terre pendant tout l’été et surtout en août/ils sont
ordinairement accompagnés de tonnerre, et très-souvent de grêle, qui blanchit
pour quelques heures telle ou telle partie des sommités. La température y est
très-inégale pendant la belle saison; par un beau temps, le thermomètre
monte souvent à 22° au milieu du jour, même sur les sommités, tandis qu’un
ciel nuageux ou un orage peut le faire descendre en quelques heures à + 3
ou 4 -
La partie inferieure est tres-frequentée encore par les'troupeaux, mais les
bergers n’y transportent pas leurs huttes ou hatos, et n’y passent tout au plus
que quelques jours de suite abrités dans quelques cavernes ; ils n’y font paître,
en général, que des mâles ou de jeunes bêtes, parce que le manque de combustible
les empêcherait d’y fabriquer leurs fromages. En effet, le Genista as-
palathoides, qui est leur grandnressource dans la région alpine, ne remonte
pas dans celle-ci, et ils sont réduits, pour se chauffer, aux rameaux du Juni-
perus Sabina et nctna, déjà rares, et qui, vers 9000', ont entièrement disparu.
Je n’ai pas remarqué dans cette région une différence d’altitude pour les
mêmes espèces d’après le revers où elles croissent; la végétation y est cependant,
en général, plus variée sur le versant septentrional, ce qui tient surtout
à ce que les grands escarpements se trouvent de ce côté, et qu’il y a par conséquent
des expositions plus variées et plus favorables aux plantes qu’au midi.
Voici les principales stations qu’on remarque dans la région nivale :
r Pelouses occupant toute l’étendue des borreguiles ou petits plateaux situés
à 1 origine des vallées et au bas des escarpements ; ces pelouses sont formées
d’une herbe courte fine et serrée, où le Nardus stricto,, Agrostis NTevadensis,
Festuca Halleri, et des formes de la Festuca^ duriuscula, jouent le "principal
rôle. On y voit croître aussi Leimtodon automnale et microcephalum; et dans
les places un peu humides : Ranunculus angustifolius et acetoselloefolius, Cam-
panula Herminii, Parnassia palustris, Sedum rivulare, Gentiana alpina, pneumo-
nanthe.
2” Pentes sèches et croupes stériles sans gazon continu, mais où croissent,
par individus isolés, des espèces assez variées,-telles queLepidium stylatum, Silene
rupestris, Arenaria tetraquetra, Potentilla Nevadensis, Herniaria alpina,
Gahum pyrenaicum, Pyrethrum radicans, Artemisia Granatensis, Plantagoni-
valis, Thymus serpylloides, Sideritis scordioides, Arelia vitaliana, Trisetumgla-
ciale, etc.
3" Eboulis, encombrés de quartiers de rochers ; situés au pied des escarpements
et là où le terrain est plus gras et plus abondant. On y trouve des plantes
de plus haute taille, telles que Eryngium glaciale, Réséda complicata, Senecio
Tournefortü, Carduus carlinoides, Digitalis purpurea.
4’ Ebouhs supérieurs sablonneux et parsemés de débris schisteux très-analogues
pour la végétation à ceux du n" 3 , avec lesquels ils se confondent, mais
plus mobiles. On y voit croître, toujours par touffes, Papaver Pyrenaicum, Pti-
lotrichumpurpureum, Artemisia Granatensis, Biscutella saxatilis var. glacialis,
Erigeron frigidum, Trisetum glaciale, Festuca pseudo-esleia et Clementei, Lu-
zula spicata; et dans les places couvertes de pierres roulantes, Viola Nevadensis,
Brassica cheiranthos, Holcus cæspitosus.
5” Pentes des rochers où l’on trouve surtout Arabis Boryi, Androsace im-
bricata, Braba Hispanica, Saxifraga miætà, qui toutes cherchent à s’abriter le
plus possible dans les anfractuosités du roc.
6” Moraines du glacier de Veleta, formées d’un sable schisteux fin et arrosé
par la fonte des glaces. On y voit : Linaria origanifolia var., Artemisia Granatensis,
Draba frigida, Stellaria cer-astoides, Cerastium alpinum, Arabis alpina,
Poa laxa, etc.
On comprend que ces stations ne sont pas très-tranchées et se fondent par des
intermédiaires.
Le nombre des espèces de cette région est de 1 17 , ou à la flore totale
comme 1 est à 13. Cet appauvrissement ne tient pas seulement à l’altitude ,
mais à l ’étendue très-petite qu’occupe cette région comparée aux précédentes.
-Une quarantaine de ces espèces se retrouvent dans la région alpine, mais n’y
descendent pas très-bas, quelques-unes seules exceptées, de même qu’elles
n atteignent, en général, que la partie inférieure de la région nivale.
On n’y compte que cinq espèces annuelles : Umbilicus sedoides, Euphrasia
minima, Gentiana glacialis, Euphrasia minima, Polygonum aviculare var., et
trois bisannuelles : Senecio Durioei, Digitalis purpurea, Echium flavum; ce dernier
fort rare. Parmi les cent neuf espèces vivaces, six à peine méritent
le nom de sous-arbrisseaux. Ce sont : Ptilotrichum spinosum, Vaccinium uli-
gmosum, Salix hastata, Juniperus sabina, nam, Réséda complicata. Le premier
et le troisième sont infiniment rares; le second et le dernier s’y présentent sous
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