conçues. Je citerai parmi une foule d’aulres plantes VOnonis sicula, la L a -
vcmdvla multifida, si commune sur tous les coteaux arides de l’Andalousie
maritime, et qu’on y trouve en fleur à toutes les époques de l’année ; le Con-
volvulus althoeoïdes, qui ornait les talus de ses belles fleurs roses. J’observai
aussi une charmante petite légumineuse aux tiges couchées, au feuillage argenté,
que j ’ai décrite soüs le nom de Leobordea lupinifolia, et un arbrisseau fort curieux
de la famille des solanées, qui m’étonna par son aspect exotique et ses
fleurs verdâtres, et que je reconnus ensuite pour YAlropafrutescens de Çava-
nilles. Les champs arrosés qui s’étendent dans la Vega, entre la ville et la mer,
présentaient une végétation toute différente; là croissaient YEmeæ spinosus,
la /.avalera Cretica, les Fumaria capreolata et agraria, et plusieurs espèces
de Silene; les bords des ruisseaux étaient couverts des Ranunculus trilobus
et muricatus; enfin, au moment de repartir, je récoltai dans les sables maritimes
le Brassica Taurnefortü, déjà en fructification.
Nous dépassâmes ce soir là Salobrena avec son château fort situé sur un rocher
isolé dans une position pittoresque, et l’embouchure du Guadalfeo ou Eio
de Motril, qui vient apporter à la mer les eaux de presque tout le versant méridional
de la Sierra-Nevada, à travers la coupure qui sépare lés chaînes riveraines
de Lujar et des Âlmijarras. Le lendemain, nouvelle relâche forcée à la
tour de Yelilla, à quatre lieues à peine.à l’ouest de Motril; cette fois ma patience
était à bout, et, laissant mon bagage sur la felouque, j e me décidai à faire
le reste de la route par terre, en compagnie d’un hidalgo de Yelez, mon compagnon
de voyage. C’était le quinzième jour de notre traversée, et nous quittâmes
le bord en faisant le serment solennel de ne plus remettre les pieds sur
un llaud Valencien, et surtout de nous abstenir à jamais de riz bouilli. Nous
n étions qu a demi-lieue d’AImunecar, petite ville où nous allâmes passer
la nuit. La posada nous parut un palais en comparaison de la Cabine de là
felouque, mais notre joie diminua en faisant le soir la visite des murailles, et
en découvrant, jusque dans les moindres trous, une armée de punaises qui
attendaient tranquillement que l’obscurité leur permît de commencer les hostilités.
Ces maudits animaux, qu’on appelle cfunchee, sont, à nion avis, le
plus grand fléau d’un voyage en Espagne, où il est peu de maisons qui en
soient exemptes. J’ai tout essayé pour m’en préserver, et j ’ai appris par expérience
que le meilleur parti à prendre est de placer le matelas au milieu
de la chambre, éloigné des murs, et de l’isoler encore, si l ’on peut, en jetant
de 1 eau tout autour ; les ppnaises craignent l’humidité et franchissent rarement
cette barrière.
— 29 —
Almunecar est le point du littoral le plus rapproché de Grenade qui n’est
qu’à onze lieues. Nous en avions treize à parcourir jusqu’à Malaga, ce qui fait
presque deux journées de marche à cause de la longueur des léguas espagnoles.
A u matin, nous fumes longtemps avant de pouvoir nous procurer un
nombre suffisant de mulets, parce que la pêche avait été heureuse, et que
toutes les bêtes de somme étaient employées, comme d’habitude, à transporter
du poisson dans la capitale. Quittant les champs de sucre qui remplissent le
fond de la vallée, nous commençâmes à nous élever sur le flanc d’une montagne
riveraine par des sentiers escarpés et difficiles qui sont la seule voie par
laquelle on puisse communiquer d’un point à un autre le long de cette côte
montueûse. Tantôt nous cheminions sur une corniche étroite, d’où nous planions
sur la mer à plusieurs centaines de pieds de hauteur, tantôt nous redescendions
sur la plage pour le passage de quelque ravine, puis nous gravissions
un nouveau contre-fort. Ces sinuosités multipliées triplent la longueur de la
route, ce que j ’étais loin de regretter pour ma part, tant elles la rendent pittoresque.
Toutes les pentes étaient couvertes de cette végétation qu’on désigne
en Andalousie sous le nom de monte baxo, et qui correspond tout-à-fait aux
maçchies des Corses. Ce sont des taillis composés de palmiers nains, de plusieurs
espèces de Cistes, de lentisques, de romarins, dé Rhamnus lycioides,
de Daphné cnidium. Outre ces plantes, la P/ilomis purpurea, la Ballota hir-
suta et les Artenusia Barrelieri et glufinosa, toutes deux défleuries, étaient
les espèces les plus caractéristiques de ces collines. Le col le plus élevé que
nous passâmes pouvait avoir de 1000 à îa oo pieds audessus de la mer, et, à cette
hauteur; la végétation conservait à peu près le même aspect. J’y vis cependant
quelques pieds du Cistus ladanifèrus, et l’Helianthemum origanifolium aux
feuilles d’un vert sombre, qui croissait abondamment dans les lieux ombragés.
J’observai aussi un buisson fort épais, dont je regrette que le temps ne m’ait
permis de récolter qu’un échantillon, car il fallait suivre notre petite caravane,
et je n’herborisais que chemin faisant. Cet arbuste s’est trouvé être une nouvelle
espèce de Çelastrus, remarquable en ce qu’elle est la seule qui habite l’Eu-
. rope ; des gens du pays m’assurèrent qu’elle avait la vertu d’empêcher de sentir
le vent lorsqu’on se plaçait derrière, propriété que ses1 rameaux touflùs expliquent
assez sans l ’intervention d’un pouvoir miraculeux. Dans les lieux rocailleux,
je recueillis la Linaria villosa et le Calendala mffruticosa, dont les
feuilles répandent une forte odeur de bitume. Enfin, plus près du bord de la
mer, et souvent même dans les sables, je trouvai l'A lo e perfoliata, formant
d’immenses touffes très-serrées et dans des lieux le plus souvent si éloignés de