montagnes de la gauche et était alors jusqu’à sec, -nous*entrâmes dans le
petit village de Pinos de Xenil. A partir de* cet endroit la vallée se /’rétrécit
et s’élève considérablement^ et les eaux du Xenil tombent de cascade
en cascade au milieu des précoces. Mprès trois quarts d’heure de
montée sur des pentes déjà desséchées , où croissaient bon nombre de plantes
de la région chaude, telles que sparterie, Putoria calabrita, Origànum
virens, etc., j ’arrivai dans la vallée' supérieure où je retrouvai une fraîche
verdure ; clqs cultures de vignes, des plantations d’oliviers se montraient
encore, mais plusieurs espèces de l ’Europe moyenne indiquaient déjà une
région différente ; nous étions en effet arrivés à 35oo d’altitude absolue-.
Les montagnes calcaires de la gauche, connues Asous le mom de Sierra de
Guejar, prennent là des proportions et une* hauteur plus considérables, tandis
qu’à droite et au fond de la* vallée les gigantesques contreforts de la
Nevada donnent a$ paysage un caractère grandiose et. rappellent les>.sites
des hautes Alpes. Nous gagnâmes bientôt le village de Guejar de la Sierra,
distant de trois lieues de Grenade, et nous nous y arrêtâmes po„ur déjeuner.
et nous informer du chemin à suivre. Il n£y avait pas de. posada
dans ce lieu écarté; mais un des habitants qui vendait son vin en détail
nous donna l’hospitalité“ et nous fournit ce qui était nécessaire pour apprêter
notre repas. Guejar m’intéressait par ses souvenirs historiques : la valfée dont
il commande l’entréè fut,_ après la chute de Grenade, une des retraites les
plus sures et les plus cachées des Maures et l’un dès points où ils conservèrent
le plus longtemps leur nationali té.*Lorsque la tyrannie des .Espagnols
et la violation des traités les plus sacrés eurent forcé les malheureux Mo-
risques à la révolte, Guejar fut un des premiers villages qui se sdulevè-
•rent. C’est là qu’on* fabriqua des échelles .destinées à. une surprise qukm
tenta sur l’Alhambra, il se forma, aussi dans les environs des „troupes? de
monfis, espèce de partisaris qui, à l’abri -dans cette, position forte, en sortaient
pour piller et portèrent plus d’une fois la terrent jusque dans la
Vega. Bientôt le fameux el Xoaybi se joignit^ eux avec , un re'nfort de
Maures de Barbarie, et cette. parlida ou troupe de partisans qui à travers
'es montagnes? établissait dé! relations entre les mécontents d? «l’Albaycin
et les habitants de l’Alpujarra, parut si redoutable qu’on résolut deÜà débusquer.
Don Juan d’Autriche se. chargea empersonne de cette ‘expédition,
il envoya une partie de sa troupe le long He la vallée du Xenil, .tandis
que le plus grand'nombre faisait un ^circuit considérable au travers des
pentes de la Sierra de Guejar pour prendre l’ennemi à dos.- Le but prinlo
i
cipal fut atteint, mais les Maures, prévenus à temps, s’échappèrent avec leurs
effets les plus précieux en passant le Xenil et se réfugièrent dans la Sierra.
Lors de l’expülsion générale des Morisques qui eut lieu sous le règne de Charlés-
Quint, un grand nombre d’entre, eux, surtout dans les vallées écartées des
montagnes* trouvèrent moyen de se soustraire à cette mesure, e t, ce qui
est très-remarquable, plusieurs de ces-familles ont conservé leur filiation
jusqu’aujourd’hui. On m’en désigna quelques-unes soit à Guejar, soit plus
tard' dans les Alpujarras ; le sentiment de répulsion qu’inspira leur origine fut
longtemps à s’éteindrej, on les nomme encore amagàdos, gens poursuivis,
menacés, par opposition ai-: wejm^cristiçmos, titre que leurs concitoyens se
donnent avec orgueil. Lé gouvernement fut même obligé, il y_ a un petit
.nombre d’années seulement,; de défendre dans une publication ces qualifications
offenfàntes qui engendraient mille" querelles.
La vigne et l’olivier ont leur limite supérieure aux environs de Guejar;
il est assez singulier que ces deux:-végétaux, qui s’arrêtent à des latitudes si
différentes dans l’Europe centrale, aient- partout dans le royaume de Grenade
les mêmes Zbnes de vég4tation. A hauteur du village, on voit aussi
se terminer, sur les deux befges de la* y allée la formation calcaire qui fait
place au fëhiste. La vallée se prolonge a l’est près de trois lieues encore
presque ,de ^plain-pied, reçoit plusieurs .torrents et aboutit au cirqiie gigantesque#
formé par les escarpements.- septentrionaux des plus hautes sommités
de la..Sierrai;;! cette partie supérieure du cours du Xenil est étroite , fort
encaissée, et se nommait autrefois ën^arabe •Hofarat Gihena, nom qui s’est
traduit en celui de Barrancù de infier no, ou vallon de l’enfer.
Personne à Guejar ne^jmt m’indiquer préciseipent, le chemin du Picacho
qu’on ne peut apercevoir du village à cause de la hauteur des contreforts
plps rapprochés, mais on me conseilla de passer par San Geronîmo, grande
ferme à trois lieues de là , située dans le vallon de Monachil. Je partis dans
l’après-midi;, une*longue descente dans des vergers remplis de cerisiers chargés^
alors de «fruits mûrs me conduisit au bord du Xenil que je traversai ,
et je commençai à gravir les pintes opposées 11 long de sentiers rapides'
et ombragés*de mille arbustes. La végétatiôn perdait peu à peu son caractère
fnéridional et-se rapproChait.de celle de nos montagnes, je trouvais
des Cratoegus, des rosiers; le Colutea arbormsens ; le chêne vèrt formait encore
des bois clair-seme's; cà et là sur de petits plateaux étaient semées des fermes
ou cortij oh entourées de châtaigniers et dans la position la plus romantique.
Ces lieux charmants. étaient ornés de fleurs que j ’avais observées en