LIVRE XVIII. CYPRINOÏDES.
remarquer que la brème réussit mal dans les eaux très-
herbeuses. Chaque femelle, d?àprès Bloch, serait suivie, dé
trois ou quatre mâles. Comme les/carpes, .elles montent
à la surface de l’eau, et font un grand bruit en-nageant.
Elles lâchent leurs oeufs vers Avril, Mai et Juin, et à trois
époques différentes;: les plus vieilleStsont les premières,
et les jeunes, au contraire, vers ladan de la saison! ■
BlocH admettait plusieurs variétés de cë poisson ; mais
il y a lieu de croire qu’il .confondait ensemble plusieurs
des espèces distinguées récemment par,les ichthyologi&tes
allemands. Il admet aussi que les brèmes peuvent, afse'c
lès : autres , cyprins , donner naissance^* des métisp;et il
cite, entré autres, des mulets de brèmes et'de dobules,
ou même de xoien^e^cyprinus erjthrophthalmusff&ët il
"croit que ce sont ces métis qui se mettent en tête des
troupes de brèmes. Outre que<fette assertion n’am’autres
fondemens que. dès ressemblances* mal appréciées entre
des, individus qui sont très-probablement d’espèges variées,
il faut aussi remarquer que ces divers cyprmoïdef'ne fraient
pas . à la même époque 5 et quoique l’intervalle entre le
temps1 du frai de chaque espèce ne soit pas très-4ong, il
l’est asse%pour tendre difficile le croisement entredes
individus d’espèces différentes.
On distingue bien dans la Seine deux espèces de brèmes;
l’une, la brème proprement dite, et une autreestappelée
la conique; mais le poisson ainsi nommé est tout différent
c’est la rosse, çyprinus, rutïlus.
L ’habitude de nager en troupes fait qixe l’on pêche la
brème avec de grands filets qu’on nomme tramail. Le produit
de cette pêche est de quelque importance dans la
Seinej surtout un peu au-dessus de Rouen, entre Elboeuf
et Diéppedale ^ ou même Duclair. Celles que l’on pêche
au-dessous,sont amaigries, parte quelles ont été emportées
par la rapidité du courant lors des grandes eaux,
et que l’eau,' devenant trop saumâtre, nuit à ces poissons.
' On dit dans ce p$Üys!qüe la brème se plaît ; dans cette
partieïide la Serbe à-»cause des gouffres profonds dont le
lit dèileéffieuve" est creusé, et où elfe aimé à s’enfoncer.
Près! d’Qrnans; non .loin ' dm Besançon j! sur1 la Loue, il
existe, un otioù très - profond qu’on nomme puits de la
brème. Dans les;grandes; pluiesj Peau déborde,, se répand
dans la camp argue.,-et laisse sur les prés quantité dé brèmes
aveèdesdrüites.et. de^ombres^, mais elles sont fort maigres.
La préférence que l’on donne à la brème sur les autres
poissons voisins, varie, selon les pays ; ainsi en Hongrie,
suivant Leske, on la préfère-à la carpes^,
On ne cfait-subir en Europe aucune préparation à la
brème; mais Pallas rapporte que sur les bords du Volga
on la sale^eomme !on le fait en Hollande pour les limandes
ou les fietsï^et qu’aiors les habitans en font des provisions.
Ils prétendent aussi, dans cette contrée, que les
eèufs de-la Brème sont malsains, et-ils ne les mangent
point : mais en Allemagne et en France on ne partage
pas c'ette même crainte.
M. Nordmann remarque qu’il faut considérer le çyprinus
farenus de Linné ou d’Artedi comme le jeune de la brème.
Je me rapproche de son avis y en établissant que le çyprinus
farenus m s tune variété'ou mieux encore une espècenomi-
nale non distincte du çyprinus brama, et j’en tire la preuve
de la description et de la figure que M. Ekstrom1 a donnée
1. Fisfik. von Mtirküf trad. allern» de Creplin, p. 4o, pi. U ).