368 P R I N C I P E S D E B O T A N I Q U E ,
être admise dans l’explication du phénomène qui nous occupe.'
L’expérience vient ici à l’appui de la .théorie : M. Senebier a
vu que des plantes qui trempent dans l’eau de fumier (laquelle
contient, selon, ce savant, beaucoup de carbone en suspension ),
aspirent moins que celles qui trempent dans une liqueur mélangée
d’eau et d’eau de fumier, et celles-ci moins que celles
qui trempent dans Peau pure. Il se passe ici le même fait que
dans les expériences où on fait sucer aux plantes de Peau colorée
; elles absorbent toujours moins que dans Peau pure. Il pa—
roît que ces petites molécules suspendues dans l’eau, obstruent
les pores du végétal.
Si, au contraire , le carbone , comme il y tend sans cesse ,
se combine avec l’oxigène, il forme le gaz acide carbonique j
ce gaz est très-abondant dans la nature, parce qu’il est perpétuellement
produit par la putréfaction , la fermentation et la
respiration , et il se dissout avec une telle facilité dans Peau ,
qu’il n’existe pas d’eau dans la nature qui n’en offre une certaine
quantité , et qui ne puisse l’introduire dans les végétaux.
Lie terreau, les engrais et toutes les substances qui sont connues
pour favoriser la nutrition des végétaux , contiennent on
forment facilement de l’acide carbonique ; ce gaz se retrouve
même dans l’atmosphère, et peut contribuer à la nutrition des
végétaux qui tirent leurs alimens de Pair en tout ou en partie.
Nous verrons daus la suite qu’on a prouvé, par une multitude
d’expériences , qu’en effet l’acide carbonique, dissous dans
Peau que les végétaux absarhent, dépose son carbone dans les
plantes.
Existe-t-il queîqu’autre moyen d’expliquer Pentrée du carbone
dans les plantes? On conçoit que toutes les substances
solubles dans Peau qui contiennent du carbone, pourront, par
leur introduction dans les végétaux;,' y apporter cette matière.
M. Senebier a déjà prouvé , par l’expérience , que les plantes
peuvent s’approprier le carbone de Paeide gailique; s’il existe
un véritable oxide de carbone, cette substance pourroit peut-
être jouer le même rôle : mais la rareté de ces matières , comparée
à l’extrême abondance de l’acide carbonique, est à mes
yeux une preuve évidente que ce dernier est la principale source
du carbone des végétaux. Il faut lui réunir, pour l’explication
totale du phénomène , la petite quantité de carbone qui se trouve
dans les matières végétales et animales solubles à Peau, et
mélangées dans le terreau. Cette matière soluble dont la nature
est encore mal connue, peut introduire dans les végétaux quelques
unes des substances dont nous allons nous occuper.
102. L’oxigène qui entre dans la composition de toutes les
substances végétales , existe aussi dans toutes celles dont les
végétaux se nourrissent, et peut y entrer de plusieurs manières.
i°. U s’en trouve presque toujours une certaine quantité
dissoute dans l’eau que les végétaux absorbent. 20. M. Th.
Desaussure a prouvé que lorsque les végétaux décomposent le
gaz acide carbonique , ils ne rejettent pas tout l’oxigène que
ce gaz contient, et s’en approprient une partie. 5°. L’eau qui,
soit décomposée, soit fixée , entre dans la composition des végétaux,
fournit, comme on sait, une quantité considérable
d’oxigène. 4°J L’air atmosphérique lui-même pénètre dans le
tissu de plusieurs végétaux, et y introduit du gaz oxigène.
193. Quoique la présence de l’azote ait été long-temps regardée
comme le caractère chimique des substances animales,
|1 en existe une petite quantité , soit libre , soit combinée,
dans presque tous les végétaux. Cet azote y est introduit,
i°. par Pair atmosphérique, qui, comme nous Pavons vu , pénètre
dans les cavités que présente le tissu des végétaux; 20. il
s’en trouve toujours, selon M. Berlhollet, une certaine quantité
dissoute dans Peau ; 3°. il s’en trouve presque toujours
mélangé avec l’acide carbonique, et on est autorisé , d’après
les expériences de MM. Senebier et Spallanzani, à croire que
cet azote, mêlé avec l’acide carbonique , pénètre dans les végétaux
; ce résultat se confirme par l’observation de M. Proust,
que les plantes vertes , c’est-à-dire celles qui ont décomposé
de l’acide carbonique, contiennent plus d’azote que les plantes
étiolées.
Quant à l’hydrogène, il est évidemment introduit dans les
plantes à l’état d’eau.
394. Les substances que nous venons d’énumérer , composent
ta masse principale des végétaux; mais on en trouve encore
quelques autres qui méritent notre attention ; en voyant
que tous les végétaux sont fixés à la terre, que la nature du
terrein influe beaucoup sur leur santé et leurs propriétés , que
plusieurs terres , plusieurs sels et quelques métaux se retrouvent
assez abondamment dans leur tissu, il est imposible de
ne pas regarder ces matières comme des élémens essentiels à la