un biais pour éviter toutes les irrégularités des genres, et ne
rien laisser, s’il étoit possible, à l’arbitraire.
Supposons, par exemple, que je veuille analyser les genres
du géranium, du ranunculus , du polygonum, du thesium et
du trifolium.
Si je commence par distinguer entre les corolles régulières
et les irrégulières, pour mettre à part le trifolium, je séparerai
beaucoup d’espèces de géranium dont les corolles ne sont
pas tout-à-fait régulières. Si je distingue, au contraire, entre
les corolles rnonopétales et les polypétales , afin de détacher
le polygonum et le thesium, je n’aurai plus rien de fixe par
rapport aux trifolium, dans lesquels le caractère de la corolle
polypétale est équivoque. Si je me retourne d’une autre façon
, et que j’établisse ma division sur la différence des calices
monophyles d’avec les polyphyles, pour me défaire encore du
trifolium , je sépare de nouveau plusieurs espèces de géranium
qui ont le calice d’une seule pièce. Si enfin je me rejette sur
le nombre des étamines pour mettre de côte le thesium ou
quelqu’autre des genres nommés ci-dessus, celui du polygonum,
et même celui du géranium, se trouveront démembrés.
Pour éviter les obstacles que présentent de toutes parts ces
divisions vagues et indéterminées , je commencerai par séparer
les fleurs qui ont une corolle et un calice, d’avec celles qui
n’ont qu’une de ces deux parties, et alors j’aurai d’un côté les
géranium, ranunculus et trifolium ; et de l’autre, les polygonum
et thesium. Je sous-diviserai ensuite, d’une part, en
séparant les fleurs qui ont des ovaires nombreux de celles qui
n’en ont qu’un seul ; et de l’autre , en employant la considération
de l’ovaire, tantôt supérieur, tantôt inférieur, etc. comme
dans l’exemple ci-dessous.
Fleurs complettes.
JJn seul oyairç.
Un'ëeul
stigmate.
f r folium.
Plusieurs
ovaires.
Ranunculus.
stigCminaqtes.
Geranium.
Fleurs incomplettes.
Ovaire supér.
Polygonum.
Ovaire infér,
'Fhesium.
Quoiqu’il y ait beaucoup d’autres caractères qui différencient
ces genres, il n’y en a pas qui les divisent plus simplement
, plus nettement et plus également que ceux dont je viens
de faire usage. Cependant quelque effort que j’aie fait pour parer
aux difficultés qui naissent de l’irrégularité des genres , on
verra bien que je n’ai pas toujours pu réussir pleinement;, mais
j’ose dire que ce n’est ni ma faute, ni celle des principes que
j’emploie, et je ne doute pas que je ne parvinsse à porter dans
l’analyse toute la sûreté dont elle est susceptible, si j’avois acquis
le droit d’opérer une révolution en Botanique, et de former
de nouveaux genres à l’abri de toute variation.
La seconde règle, indiquée ci-dessus, exige que l’on arriva
au but en général par la voie la plus courte , quand cet avantage
peut se concilier avec celui de la plus grande sûrete. Or ,
le moyen pour y réussir , est de préférer toujours les divisions
qui partagent l’ensemble des êtres- le plus egalement possible.
On a pu voir, dans le modèle d’analyse que j’ai donne au commencement
de cet article, qu’à la réserve de la première division
qui met huit plantes d’un côté et quatre de l’autre, ce qui
étoit indispensable pour la certitude de la méthode, toutes les
autres divisions répartissent également les plantes auxquelles
elles s’étendent.
Mais si, ayant à faire l’analyse de tout le règne végétal,, jff
commençois par former la distribution suivante t
Fleurs dontles étamines très-
sensibles sont toujours composées
d’anthères sessiles..
Fleurs dont les étamines,
lorsqu’elles sont sensibles , sont
composées d’anthères pédicu—
lées
il est certain que, quelque défectueuse que fût d’ailleurs cette
distribution , elle partageroit le règne végétal si inégalement,
que presque toutes les plantes connues seroient comprises dans
le second membre. O r, si ce même membre étoit sous-divisé
plusieurs fois de suite- avec la même inégalité, il en résulteroit
qu’un petit nombre de plantes seroit indiqué par une voie très-
abrégée , tandis qu’il s’en trouveroit une multitude d’autres
auxquelles on n’arriveroit que par un travail considérable , et à
travers un nombre infini.de divisions accumulées. Et quoique
l’on regagnât en qnelqjue sorte d’un côté ce que L’on perdroit de
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