218 P R I N C I P E S DE B O T A N I Q U E ,
germination est achevée. Après cet exposé rapide du phénomène
, il convient , pour s’en faire une idée juste , d’examiner :
i°. les circonstances extérieures nécessaires à la germination ;
2°. les circonstances internes de cette opération.
286. De toutes les circonstances extérieures, la plus essentielle
pour la germination, est la présence de l’eau ; elle agit
généralement comme corps humectant et sans decomposition.
Il paroît que , dans certains cas, tels , par exemple , que 1 expérience
où MM. Senebier et Huber ont fait germer des pois dans
l’eau distillée fermée hermétiquement; il paroît, dis-je, que
dans certains cas l’eau se décompose et agit en tant que contenant
del’oxigène; si la quantité d’eau est trop considérable,
alors elle nuit à la germination, soit en macérant la graine ou
les jeunes pousses, soit sur-tout en donnant au sol une mobilité
si grande que la jeune plante, ne peut se fixer : les graines absorbent
en germant une quantité d’eau supérieure à leur propre
ma2s8se7.. L’air, en tant que contenant de l’oxigène , est aussi très-
nécessaire à la germination ; Homberg a vu cependant des
graines de laitue , de pourpier et de cresson-alenois , lever sous
le vide de la pompe pneumatique; M. Senebier a vu des pois
germer sous l’eau distillée ; mais ces experiences , qui d ailleurs
n’ont pas été assez répétées, sont hors du cours naturel des
choses, et on sait maintenant, d’après les expériences de MM. Senebier
et Huber , i°. que la germination ne s’opère point dans
tous les gaz qui ne contiennent pas d’oxigène; 2°. qu’elle s’opère
dans un gaz qui ne contient qu’un huitième de son volume
de gaz oxigène; 5°. que la proportion la plus favorable pour la
germination, est que le gaz contienne une partie d’oxigène et
trois d’azote; 4°. qu’une plus grande dose d’oxigène accélère
trop la germination et aftoiblit la plantule ; 5°. qu une graine
de laitue , par exemple , absorbe , pendant sa germination , une
quantité de gaz oxigène égale au volume de 26 milligrammes
d’eau ; 6°. que les graines germent moins bien sous l’eau distillée
que sous l’eau oxigénée. M. Humboldt a encore observé que
l’acide muriatique oxigéné , accélère beaucoup la germination;
il a vu, par exemple, des graines de cresson-alenois trempées
dans cet acide , germer au bout de six heures. Il assure que les
oxides métalliques auxquels l’oxigène est peu adhérent, tels
que celui du manganèse , hâtent la germination.
288. Mais quel est le rôle du gaz oxigène dans la germination
? On a cru long-temps qu’il étoit absorbé par la graine ;
M. Th, de Saussure a prouvé qu’au contraire le gaz oxigène
se combine avec le carbone surabondant des cotylédons , et
fo rme du gaz acide carbonique qui, dans les expériences faites
à vase clos , se retrouve dans l’air et l’eau du bocal. On peut
se convaincre facilement de cette formation d’acide carbonique ,
en fermant le récipient par de l’eau de chaux , et on peut, au
moyen de cette théorie, expliquer tous les faits relatifs aux
phénomènes chimiques que la germination présente; peut-être ,
pour rendre raison de la promptitude extrême que l’oxigène en
grande dose donne à la germination, serons—nous conduits à
admettre qu’il agit comme stimulant sur les organes des végétaux
, ainsi que sur ceux des animaux.
289. L’eau et l’oxigène seroient inutiles pour la germination ,
s’ils n’étoient favorisés par un certain degré de chaleur; si la
température est assez froide pour geler l’eau, ou assez chaude
pour l’évaporer entièrement, la germination est impossible :
entre ces deux extrêmes on remarque que la germination est
d’autant plus prompte que la température est plus élevée ; cet
effet peut tenir, soit à ce que l’élévation de la température
favorise l’action des affinités , soit à ce qu’elle devient stimulant
d’irritabilité. La lumière, au contraire, n’a aucune action
favorable sur la germination, et paroît même la retarder.
8 i, comme nous 1 avons prouve , elle favorise la décomposition
de l’acide carbonique , elle doit en effet nuire à une opération
qui consiste à former de l’acide carbonique.
290. Le sol lui-même influe sur la germination, non seulement
en fournissant à la jeune plante un aliment convenable,
mais encore en lui servant de support et d’appui. Sous ce point
de vue, il ne doit être ni trop mou, ni trop tenace; la profondeur
à laquelle les graines doivent être enfouies pour que
la germination puisse avoir lieu, est déterminée pour chaque
graine par trois circonstances 1 i°, qu’elle ne soit pas telle que
Ja graine ne puisse pas recevoir assez d’oxigène pour se débarrasser
de son carbone surabondant ; 20. que sa pluinule puisse
S alonger jusqu a la surface du sol ; 5°. que le terrein ne soit
pas trop tenace, afin de ne pas arrêter la plumule. Les graines
qui sont enfouies assez ayant pour ne pas recevoir d’oxigène