i«4 P R I N C I P E S DÉ B O T A N I Q U E ,
ces fluides s’échappent quand la cellule est pleine , et son dégagement
communique à la feuille un mouvement qui paroît spontané,
comme dans l’hedysarum gyrans; tantôt les cellules ne se
vident que par une impulsion étrangère, comme dans la sensitive}
ailleurs les alternatives du jour et de la nuit opèrent le
même effet, ce qui donne lieu au sommeil des feuilles. Je laisse
aux Naturalistes à décider jusqu’à quel point cette hypothèse
ingénieuse satisfait aux faits que les végétaux nous présentent;
j ’ajouterai seulement que quoique les feuilles et les étamines
mobiles exécutent leurs mouvemens sous l’eau, on n’en voit se
dégager aucun fluide élastique ; je remarquerai sur-tout que
lors même qu’on viendroit à prouver que tel ou tel fait particulier
ne tient point à l’irritabilité , on n’auroit pas détruit les véritables
preuves de cette théorie, qui se déduisent des faits les
plus généraux de la végétation.
Je crois avoir établi, dans les articles précédens, que les
végétaux sont doués d’irritabilité , et j’ai suivi en ceci l’opinion
de plusieurs Naturalistes célèbres , parmi lesquels j’aime à citer
MM. Bonnet, Desfonlaines et Humboldt. Je ne dois point dissimuler
que des Physiologistes également distingués, tels que
MM. Lamarck et Senebier, ont embrassé une opinion contraire.
Je crois cependant devoir ajouter que la dispute semble
être dans les termes plutôt que dans les choses ; car les mêmes
Naturalistes qui rejettent l’irritabilité des végétaux, admettent
la force vitale.
i85. Gardons-nous cependant de prétendre tout expliquer par
cette propriété ; il existe dans les plantes des mouvemens purement
mécaniques ; telle est l’elasticite avec laquelle les étamines
de la pariétaire se débandent et sortent de leur périgone •
celle avec laquelle les fruits des impatientes et des momordiques
s’ouvrent à leur maturité : plusieurs autres sont dus à de simples
affinités-hygroscopiques; ainsi les alternatives de sécheresse
et d’humidité, paroissent seules déterminer les mouvemens des
cils du péristome dans les mousses , des barbes des glurnes dans
les graminées, des poils des aigrettes dans les composées , des
appendices des capsules dans les géraniées, etc.
C H A P I T R E I I .
DES FONCTIONS QUI CONSTITUENT LA VIE DE
L’INDIVIDU, OU DELA VÉGÉTATION.
Les végétaux tirent leurs alimens de la terre; ces ahmens
sont charriés depuis les racines jusqu’aux feuilles ; la partie
inutile à la nutrition est chassée au dehors} une partie de l’air
extérieur se combine avec la sève ; celle-ci se change en sucs
destinés à la nutrition ; la petite quantité de ces sucs qui lui est
inutile , est rejetée au dehors : six périodes de la nutrition qui
doivent être étudiés séparément*
a r t i c l e p r e m i e r .
De VAbsorption,
186. Le principe fondamental de toute la nutrition des végétaux
, c’est qu’aucune molécule alimentaire n’arrive dans les
plantes à moins d’être dissoute ou du moins charriée par 1 eau.
Il convient donc d’examiner ici par où l’eau entre dans l'es végétaux
, quelle force détermine son entrée, et de quels principes
elle est chargée en y entrant.
187. Nous savons déjà (14) que les végétaux sont munis de
pores nombreux, par lesquels l’eau pénètre dans leur intérieur;
relativement à la distribution de ces pores, je divise les végétaux
en deux grandes classes physiologiques : la première classe,
qui comprend presque tous les végétaux vasculaires, a des pore3
radicaux et des pores corticaux ; les premiers sont toujours placés
dans un milieu plus dense et ordinairement plus humide
que les seconds; ainsi la plupart de ces plantes ont leurs racines
dans la terre et leurs feuilles dans l’air; quelques-unes , comme
le nayas, ont leurs racines dans la terre et leurs feuilles dans
l’eau; il en est, comme lestratiote, qui ont leurs racines dans
l’eau et leurs feuilles dans l’air. La seconde classe , qui renferme
presque tous les végétaux cellulaires, a des pores cellulaires épars
sur toute la surface, pompe sa nourriture par toute sa superficie
et vit dans un seul milieu ; par exemple, les truffes dans la
terre, les conferves dans l’eau, les lichens dans l’air.
Il est une autre observation aussi générale que la précédente f
savoir, que tous les végétaux qui appartiennent à la première
classe tendent à la perpendicularité, et tous ceux de la seconde
croissent indifféremment dans toutes les directions,
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