I72 P R I N C I P E S D E B O T A N I Q U E ,
branches détachées de l’arbre, conservent leur force de suc-'
cion ; une branche de pommier éleva , par exemple , en sept
minutes le mercure à 12 pouces de hauteur ; il y a plus : ces
brandies pompent avec la même énergie lorsqu’on les plonge
dans l’eau par leur extrémité supérieure tronquée.
198. Avant de rechercher les causes de cette ascension de la
sève, il est nécessaire de passer en revue les circonstances externes
et internes qui influent sur ce phénomène. Parmi les circonstances
externes, i°. la température paroît être celle qui a
le plus d’influence -, on voit, en comparant les expériences de
M. Haies, que la chaleur accélère, et que le froid retarde cette
ascension 3 tous les phénomènes de la végétation tendent d’ailleurs
à démontrer ce fait. 20. L’influence de la lumière n’est pas
aussi bien connue ; quelques expériences de M. Senebier , et
quelques autres qui me sont propres, me font penser qu’elle
est de quelque importance ; on sait déjà que les branches aspirent
beaucoup plus pendant le jour que pendant la nuit •, mais
on n’a pas encore déterminé avec précision l’influence de la
lumière sur ce phénomène.
199. Quant aux causes internes, nous trouverons, i°. que
la quantité d’eau absorbée est proportionnelle à la surface de
la coupe de la branche j 2°. elle est proportionnelle au nombre
des pores corticaux qui se trouvent sur la branche } ainsi dans
les branches d’arbres où l’écorce a peu ou point de pores, elle
est proportionnelle à la surface des feuilles ) dans les tiges charnues
et naturellement dépouillées de feuilles, elle est proportionnelle
à la surface de la tige j dans les plantes herbacées ,
elle est en rapport avec la surface entière de la plante. Nous savons
déjà que les pores corticaux sont les organes principaux de
la transpiration , et nous devons en conclure que l’absorption
par les racines ou la coupe des branches, est proportionnelle
à la transpiration.
2oo- Enfin , indépendamment des circonstances que nous
venons d’apprécier, nous voyons que la quantité de la sève absorbée
augmente régulièrement à des époques déterminées de
l’année : ainsi à l’entrée du printemps, et avant la naissance
d’aucune feuille , les arbres tirent du sol une quantité d’eau
très-considérable •, cette sève particulière, qui est très-abondante
dans la vigne , où elle a reçu le nom de pleurs, traverse le
corps ligneux, et ne paroît à l'extérieur que dan$ les lieux où le
A C T I O N D E S ORGANE S . 175
corps ligneux est entamé. Scott assure que l’eau rendue a cette
ê j-oque par un bouleau , est égale au poids de 1 arbre entier :
Haies affirme que si, alors , on adapte un tube au sommet d un
chicot de vigne, l’eau y est poussée avec une énergie telle , qu’il
l’a vue s’élever à vingt et un pieds dans une expérience, et à
quarante - quatre dans une autre. Quelle que soit l’exactitude
accoutumée de ce physicien, on 11e peut se defendre de partager
ici les doutes de M. Senebier, qui fait remarquer combien
il est difficile de concilier ces expériences avec des faits
bien connus, savoir, que l’épaisseur de l’écorce, la frêle enveloppe
d’un bourgeon, et jusqu’à une simple couche de gomme,
suffisent pour arrêter l’émission des pleurs.
Il e st, dans nos climats, une seconde époque où nous
vovons la sève augmenter en quantité d’une manière très-notable
: c’est celle que les cultivateurs désignent sous le nom de
sève d’août. M. de Saussure a remarqué que la chaleur, ni le
froid , ni la sécheresse , ni l’humidité actuelles , ne hâtent ni ne
retardent cette epoque ; elle doit, ainsi que la sève du piemiei
printemps, être attribuée à des causes intérieures , qui dépendent
de la vie même du végétal. Remarquons que ces deux époques
particulières n’ont lieu que dans les plantes vivaces j que la première
s’effectue au moment ou les boutons de 1 annee precedente
tendent à se développer^ que la seconde s’opère au moment
où les boutons de l’année suivante commencent à poindre.
Il semble que ces boulons, animés d’une force vitale qui leur
est propre , attirent à eux toute la lymphe environnante, à-
peu-près comme la graine, qui, dès 1 instant ou elle est fécondée
, attire toute la sève des organes environnans.
Remarquons que les boutons communiquent avec les racines,
au moyen des trachées qui entourent le canal médullaire j que
l’époque de leur développement coïncide avec celle où la sève
monte par l’intérieur de l’arbre , et nous aurons de grandes probabilités
pour conclure que l’augmentation de la sève aux deux
époques que nous avons indiquées, tient à l’action vitale des
boutons.
201. Plusieurs auteurs ont tenté de donner des explications
mécaniques du mouvement de la sève. Grew en cherche la
cause dans le jeu des ptricules j Malpighi dans la raréfaction et
la condensation alternative de la sève, opérée par la température
j deLaHire dans de prétendues valvules qui empécheroient