182 P R I N C I P E S DE B O T A N I Q U E ,
partie de la capacité du ballon , et qu’elle ne soit point séparée
du tronc et des racines qui lui fournissent de l’acide carbonique
à décomposer.
A R T I C L E Y.
Des Sucs nourriciers.
218. Je réunis dans cette classe tous les sucs qui ont passé
par les périodes que nous venons d’étudier ; c’est-à-dire qui
ont été pompés par les racines, chariés jusque vers les feuilles,,
qui se sont dépouillés de leur eau surabondante, et qui ont été
soumis à l’action ou au mélange des matières pompées dans
l’air: après ces différentes élaborations, la lymphe est changée
en un nouveau suc, dont nous devons maintenant étudier la
marche , la nature et l’usage.
21g. Ces sucs se trouvent dans des vaisseaux particuliers qu’on
a distingués non d’après leur forme , mais d’après leur contenu;
ces vaisseaux se trouvent principalement dans l’écorce et souvent
aussi entremêlés dans le corps ligneux avec les vaisseaux
lymphatiques ; les sucs s’y meuvent en sens inverse du mouvement
de la sève dans les vaisseaux lymphatiques , c’est-à-dire de haut
en bas ou en se dirigeant des feuilles vers les racines ; on s’assure
de cette direction des sucs par des expériences faciles. Si
3’on fait à l’écorce d’un arbre dicotylédone une forte ligature
ou une section transversale, on voit que les sucs ne peuvent
redescendre , et qu’il se forme au-dessus de la ligature un bourrelet
assez considérable ; ces sucs ne descendent point par leur
propre poids, car le bourrelet s’opère également du côté du
bout de la branche, lorsqu’on fait l’expérience sur un arbre à
rameaux pendans. Les mêmes raisonnemens que nous avons présentés
en parlant de la lymphe , tendent à prouver que la marche
des sucs descendans doit être aussi attribuée à la contractilité
organique des vaisseaux.
220. Leur usage est indiqué d’une manière qui ne me paroît
pas équivoque, par la seule considération des parties où ces
sucs abondent. Nous les voyons dans les dicotylédones, descendre
des feuilles aux racines , le long de l’écorce et de l’aubier,
c’est-à-dire dans les parties mêmes où s’opère la formation
des nouvelles couches et l’accroissement de la plante ; leur
marche est bien moins connue dans les monocotylédoncsq oa
sait cependant que dans ces plantes ils ne passent pas dans les
parties extérieures où le développement ne s opéré pas , et on
peut penser , avec vraisemblance , qu’ils passent par w rie
de la tige , dans les lieux où s’opère le développement des nouvel0le.
Ms fibNroesu.s nous confirmerons dans cette idee que .les sucs
descendans servent immédiatement à la nutrition des végétaux ,
en étudiant de plus près des ligatures ou les sections transversales
de l’écorce. Dans celle expérience capitale , il se passe deux
faits dignes d’attention. La partie de la tige qui est inferieure a
la section circulaire, ne forme point de couches nouvel s ,
parce que les sucs nourriciers ne peuvent y parvenir ; la pa m
supérieure à la section , est au contraire dans un état de pie
thore: elle forme des couches nouvelles; la surabondance des
sucs nourriciers se jette sur les fruits lorsqu’elle en est chaigee ,
et hâte leur maturité : ces mêmes sucs se déposent dans le tissu
cellulaire et forment un bourrelet, lequel développe avec
grande facilité des feuilles ou des racines, selon les ^rcons-
fances dans lesquelles on le place. Si on enleve en entier l ecoicc
d’un arbre, les sucs descendans ne pouvant plus descendre par
l’écorce et y développer de nouvelles couches, se jettenten
totalité sur l’aubier, dont ils augmentent beaucoup la densi e.
On sait que Bufifon a proposé d’écorcer un an a 1 avance les
arbres qu’on veut couper, afin que l’aubier alteigne a uie e
du bois. Je pense donc que, d’après ces faits, on peut regarder
comme prouvé que le suc descendant sert à la nutrition des
organes des plantes , et notamment aux nouvelles couches.
222. Dans quelques familles de plantes , le suc descendant a
une nature particulière; il est, par exemple , laiteux dans les
euphorbiacées et les apocinées, résineux dans les conifères. Ce
suc coloré est-il une secrétion du suc nourricier? ou bien seroit-
il ce suc nourricier lui-même qui, dans ces végétaux, auroit
une nature différente He, suis porté pour cette dernière opinion »
parce que, i°. dans les plantes où ce suc coloré existe, on na
pas encore apperçu d’autres sucs descendans; 2°. ce suc est ge^
néraîement.très-abondant dans les plantes où il se trouve, et îfi
doit par conséquent avoir un usage important; 3°. il a la même
direction et la même marche que le suc nourricier ; 40, quoiqu il
se dirige de haut en bas , il est toujours plus abondant dans le
haut de la plante que dans le bas , ce qui semble indiquer qug