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lui—même , et enfin se jettent de nouveau sur la graine pour lui
donner le degré de perfection nécessaire. En général les graines
sont souvent sujettes à avorter, lorsque le péricarpe acquiert
un embonpoint contre nature.
285. La maturation des péricarpes observée seulement sur
les fruits cultivés , est encore mal connue; la sève pénètre dans
le fruit j la transpiration y étant presque nulle , ce fruit grossit
plus que toute autre partie , à proportion de la sève qu’il reçoit;
la quantité de la sève y est encore augmentée, parce qu’elle
ne peut facilement redescendre par l’écorce , à cause des
articulations qui se trouvent fréquemment sur les pédoncules.
11 est si vrai que ces deux causes concourent à la grosseur qu’acquièrent
les fruits charnus, qu’on peut, en leur donnant plus
d’intensité , augmenter la grosseur ou accélérer la maturité d’un
fruit : c’est ainsi que la culture cherche à diminuer la transpiration
des fruits, soit en les faisant croître en espalier ou à
l’abri du vent, soit en ne les exposant à l’ardeur du soleil qu’à
la dernière époque de la maturité, soit en les entérinant dans,
des bouteilles ou des sacs. Lancry est parvenu encore au meme
but, en coupant un bourrelet circulaire d’écorce au-dessous du
fruit, c’est-à-dire en arrêtant la sève descendante. Tousles sucs
qui arrivent ainsi dans le fruit ne servent qu’à le grossir, et
iis conservent leur saveur âpre ou acide jusqu’à la dernière époque
de la maturation; alors les pores extérieurs du fruit s’oblitèrent;
les pédoncules obstrués eux-mêmes, ne donnent plus
qu’une moindre quantité de sève; l’oxigène dû à la décomposition
de l’acide carbonique ne pouvant plus s’échapper , se
jette sur le mucilage du fruit et le change en matière sucree:
en effet, on peut imiter cette dernière époque de la maturation
, en coupant un friait un peu avant sa maturité, et en le
tenant dans une chambre chaude. Dans ce procédé on tend à
diminuer sa transpiration , et à supprimer l’arrivée de nouveaux
sucs; c’est par la même raison que les piqûres des insectes, en
' empêchant l'arrivée de nouveaux sucs, accélèrent la maturité.
On sait maintenant que l’utilité des cinips pour hâter la maturité
des figues, n’est qu’uu cas particulier de ce phénomène
général.
284* La graine, pour parvenir à sa maturité , présente une
série de phénomènes bien différente de celle des péricarpes, s
A C T I O N DE S ORGANES . 217
elle commence par être sucrée , et n’est mûre que lorsque la
matière sucrée a disparu pour faire place à une substance fé-
culacée, on huileuse, ou cornée, etc.; elles contiennent toujours
des matières terreuses et beaucoup de carbone. En général
les graines mûres ne contiennent plus d’eau liquide; celle
que la sève leur a fournie a été entièrement combinée et a probablement
été solidifiée. Cette absence totale d’humidité étoit
nécessaire à la graine , pour qu’elle pût résister aux alternatives
du chaud et du froid , et concourt aussi à augmenter sa pesanteur
spécifique , laquelle est utile à la germination des
plantes sauvages. La germination rend aux graines l’eau qu’elles
ont perdue dans leur maturation , enlève le carbone surabondant
qu’elles ont combiné , et les fait ainsi passer par une série
d’états inverse de celle que la maturation présente. On conçoit,
d’après cet exposé, comment il se fait que des graines cueillies
avant leur pleine maturité et semées sur-le-champ , germent
plutôt que celles qui ont acquis l’époque de leur maturité ; mais
ces graines mal mûres ne peuvent conserver celle faculté , parce
que leur humidité s’évapore et les laisse désorganisées.
A R T I C L E V I I .
De la* Germination.
285. Une graine mûre , c’est-à-dire qui ne contient plus
d’eau à l’état liquide , se détache naturellement de la plante-
mère , et forme un être distinct animé d’une force vitale qui
lui est propre . mais qui demeure dans un état de torpeur jusqu’à
ce que les circonstances extérieures auxquelles il sera soumis
, lui permettent de se développer. On donne le nom deger—
mination , au phénomène par lequel la plante nouvelle reprend
son mouvement vital, sort de sa coque et se suffit à elle-même
jusqu au développement complet de ses organes nourriciers.
Dès qu une graine se trouve placée dans un lieu convenable ,
elle absorbe de 1 humidité; elle sè gonfle, ses cotylédons grossissent,
sa radicule s’alonge, l’enveloppe se rompt, la radicule
sort par cette fissure et se dirige vèrs la terre; la plumule se
redresse, se dégage de l’enveloppe; les cotylédons s’étalent,
fournissent à la plantule la nourriture qu’ils contiennent ou qu’ils
élaborent, puis se flétrissent, tombent ou se détruisent, el la