Sio P R I N C I P E S DE B O T A N I Q U E ,
270. L’époque de la fleuraison , comparée à la saison de l’année
montre d’une manière évidente l’influence de la chaleur :
on sait que chaque plante fleurit à une époque à-peu-pres déterminée
: la plupart au printemps et en été; quelques-unes a automne
et en hiver; la série des plantes, rangée d’après l’epoque
de leur fleuraison annuelle, constitue ce que Linné a nomme
C a len d r ie r d e Flore. Mais la chaleur hâte et le froid retarde 1 e-
«oque de la fleuraison. C’est sous ce point de vue que M. Adan-
son a eu l’idée ingénieuse de mesurer le nombre de degres de
chaleur nécessaire pour la fleuraison comparée des plantes.
Ainsi, par exemple , le peuplier blanc épanouit sa fleur quand^il
a reçu 168 degrés de chaleur; la violette, 272; le lilas, 720}
la vigne , 1770, etc., etc.
Sous ce point de vue, on observe un phénomène singulier :
c’est que des plantes d’une même espèce, exposées en apparence
aux memes circonstances , fleurissent à des époques un
peu différentes. Tout le monde a remarqué que, dans les promenades,
tel ou tel arbre fleurit toujours le premier ou toujours le
dernier. Cephénomène tiendroit-il à quelque circonstance encore
inappercue dans la position de l’arbre, ou peut-être à quelque
différence dans l’intensité de l’irritabilité de l’mdividu.
271. L’époque de la fleuraison, comparée avec l’heure déjà
journée, offre encore des variétés notables. La plupart des
plantes fleurissent indistinctement à toutes les heures; mais il
en est un grand nombre qui ouvrent et ferment leurs fleurs a
des heures déterminées. La série de ces plantes, rangées d a-
près l’heure de leur fleuraison , constitue ce que Linné a
nommé horloge de Flore. Ainsi, le tragopogon s’ouvre entre
trois et cinq heures du matin ; le nénuphar , à sept; le pourpier,
à onze; plusieurs ficoïdes , vers midi; le silene noctiflora, entre
cinq à six heures du soir; la belle de nuit, entre sept et huit;
et le convolvulus purpureus, à dix heures du soir. Ce phénomène
paroît. principalement dû à l’influence diverse qu une
même lumière exerce sur différens végétaux. Ainsi on peut
forcer une belle de nuit à s’ouvrir le matin et a se fermer le
soir, en l’exposaitt à l’obscurité pendant le jour , et a la lumière
de plusieurs lampes pendant la nuit.
372: Ces phénomènes, compliqués avec ceux de la duree de
A C T I O N d e s o r g a n e s , 211
îâ fleuraison (274), ont fait distinguer les fleurs en plusieurs
classes physiologiques.
i°. Les fleurs éphémères (ephemeri ) s’ouvrent à une heure
déterminée, et tombent ou Se ferment pour toujours à une
autre heure également fixe : il y a des éphémères diurnes ,
tels que les cistes , dont les fleurs s’ouvrent entre dix et onze
heures du matin , et périssent entre trois et quatre de l’après-
midi ; et des éphémères nocturnes, tels que le ciste à grande
fleur qUl s épanouit à sept heures du soir, et se ferme avant
ta nn de la nuit.
s«. Les fleurs équinoxiales (equinoctiales) s’ouvrent à une
heure déterminée, se referment à une heure fix e, et se rouvrent
de nouveau une ou plusieurs fois en suivant les mêmes
loix i: il y a de même des fleurs équinoxiales diurnes , comme
1 ormthogale en ombelle, qui s’ouvre plusieurs jours de suite
à onze heures du matin, se referme à trois hèures de l’après-
midi ; et des éphémères nocturnes , comme le méstàmbrianthe-
mumnoctiflorum, qui s’épanouit à sept heures du soir, et se
terme vers sept heures du matin.
3°. Les fleurs météoriques ( meteorici) sont celles dont l’épanouissement
ou ,1a clôture sont liés avec l’état de l’atmos-
phere; plusieurs plantes de la classe précédente appartiennent
en meme temps à celle-ci. La plupart des composées sont un
peu meteonques; le sonchus de Sibérie ne se ferme point
dit-on pendant la nuit quand il doit pleuvoir le lendemain • lé
calendula pluvialis ne s’ouvre pas le matin quand il doit pouvoir
dans la journée. La lumière paroît avoir une beaucoup
pmroeimndierres . influence sur ces derniers phénomènes que sur les
275 . Le développement de la fleur et des organes qui l’entourent
, se fait ordinairement d’une manière lente ou régu-
îerement progressive , jusqu’au moment ou la fleur s’épanouit •
ma.s dans quelques plantes, la végétation acquiert une promptitude
extraordinaire au moment où les pédoncules et les boutons
se développent; ainsi éznsYagave foe tida> on a vu le pédoncule
s élever , en soixante-dix jours, à 17 mètres et demi
de hauteur, et dans certains jours , pousser de 5 décimètres On
vo.t souvent les pédicelles des fruits des jongermannes pousser
de 5 a 7 centimetres en quelques heures, On ignore les causes