I?8 P R I N C I P E S " DE B O T A N I Q U E ,
plantes sont frappées par les rayons directs du soleil; que pendant
la nuit, les plantes ne dégagent aucun gais; que ce dégagement
a lieu seulement dans les organes des plantes qui sont
naturellement de couleur verte ; savoir, les feuilles, les jeunes
pousses, les calices, les fruits avant leur maturité; que cette
action s’opère dans le parenchyme des feuilles, et indépendamment
de la présence de l’épiderme ; on a reconnu enfin ,
et c’étoit réellement le point important, on a reconnu , dis-je ,
que le meme phénomène a lien lorsque les plantes sont exposées
dans de l’air qui contient un peu de gaz acide carbonique,
comme est, par exemple, l’air atmosphérique.
210. S’il est vrai que le phénomène consiste en une absorption
de carbone , on doit retrouver ce carbone dans le végétal. Entre
plusieurs expériences qui prouvent ce fait, je n’en citerai qu’une,
qui est concluante par sa précision. M. Théodore de Oaussure a
introduit sept plantes de pervenche dans un récipient plein
d’une atmosphère artificielle, composée d’air atmosphérique
et de sept- centièmes et demi de gaz acide carbonique; les racines
de ces plantes plongeoieut dans un vase séparé , et l’orifice
du récipient étoit fermé par du mercure recouvert d’une couche
.d ’eau : il mit sept autres plantes dans un appareil semblable,
mais qui ne contenoit aucune particule sensible de gaz acide
carbonique. Ces pervenches , avant l’expérience , pesoient deux
mille sept cent sept milligrammes , sans y comprendre l’eau de
végétation , et fournissoient, par leur carbonisation , cinq cent
vingt-huit milligrammes de charbon. Après avoir vécu six
jours dans l’appareil dépouillé d’acide carbonique , ces plantes
avoient perdu un peu de carbone plutôt que d’en acquérir ,
tandis que celles qui avoient vécu pendant le même temps dans
le récipient qui contenoit de l’acide carbonique , fournirent par
leur carbonisation six cent vingt neuf milligrammes de charbon
, et avoient par conséquent acquis cent vingt milligrammes
de charbon, en décomposant l’acide carbonique de l’air.
21 ï . Nous avons vu que la décomposition de l’acide carbonique
ne s’opère, dans nos expériences , que par l’effet de la
lumière directe du soleil. M. Senebier observe que les différens
rayons du spectre solaire produisent le même eflet à différens
degrés d’intensité, et que le rayon violet, c’est-à-dire le plus
réfrangible , est celui dont l’action est la plus énergique. Il
paroît cependant que cette décomposition peut avoir lieu sans
l’action directe du soleil. Ainsi, les plantes des lieux ombragés
contiennent du carbone, et offrent une teinte verte, quoique
éclairées par la lumière vague du jour ; de même des plantes ,
soumises à la lumière artificielle de six lampes , ont verdi sans
dégager de gaz oxigène. Nous voyons même certains embryons
colores en verd , quoique recouverts par des tuniques
nombreuses et opaques. Il en est de même de plusieurs cryptogames
et même de quelques phanérogames, telles que les
orobanches et le monotropa. Enfin , M. Humboldt a trouvé des
végétaux colorés en verd, qui croissoient dans des mines p*-o-
fon des et obscures, dont l’atmosphère contenoit beaucoup de
gaz hydrogène. Ces.faits tendent à prouver que, quoiqu’il soit
vrai que la lumière est le principal agent de la décomposition
de l’acide carbonique, elle n’est pas le seul moyen que la Nature
emploie pour parvenir à ce but.
212. Que le carbone arbsorbé par les feuilles se mêle ou se
combine avec les sucs absorbés par les racines, c’est ce dont
l’ensemble do la végétation ne permet guère de douter, quoiqu’on
n’ait pas encore de preuves directes de cette union.
2i5. L’atmosphère agit sur les végétaux , non seulement
par l’acide carbonique qu’il contient, mais encore en tant que
contenant du gaz oxigène, et la plupart des faits que nous
allons énumérer sont dus aux recherches de M. Th. de Saussure.
Lorsqu’on place des plantes dans différens gaz , on observe
que celles qui sont sous l’àcide carbonique périssent très-
promptement; celles qu’on expose sous les gaz azote et hydrogène
durent plus long-temps, mais périsent ensuite, sans inspirer
aucune quantité sensible de ces gaz; leur durée est plus
longue sous le gaz oxigène, mais aucun de'ces gaz n’a une influence
aussi salutaire que l’air atmosphérique. Lorsque les
plantes végètent dans ce dernier, la quantité de. l’azote qui le
compose n’est nullement altérée; mais les parties vertes des
plantes absorbent, pendant la nuit, une certaine quantité de
gaz oxigène : cette quantité varie selon les p'antes. On remarque
qu’en général les plantes grasses, les plantes des marais
en consomment moins que les autres herbes , moins que
les arbres, et les arbres toujours verds, moins que les arbres à
feuilles caduques : les extrêmes des filantes observées ont été
d’un côté, Valisma, le plantain d’eau, qui a absorbé ^ de son
volume, et le stapeliavariegata r~-, de l’autfe, l’abricotier
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