M. Senebier a vu que des graines de pois germent sous l’eau
distillée , et dégagent pendant leur germination du gaz qui
contient une petite quantité d’hydrogène , dont il ne peut trouver
l’origine , si ce n’est dans la décomposition de l’eau. M. Huiri-
boldt a vu différens champignons placés sous l’eau , dégager du
gaz hydrogène, sans qu’on pût y soupçonner de fermentation.
A l’exception de ces deux cas très-particuliers , rien ne tend à
prouver que la décomposition de l’eau ait lieu dans les végétaux
vivans au moment de sa fixation, et tout tend à confirmer
l’idée de M. de Saussure, que l’eau se fixe dans les végétaux ,
tout comme elle entre dans la composition de certains minéraux.
226. Nous avons établi que le carbone des plantes est du,a
la décomposition de l’acide carbonique introduit par les racines
et par les feuilles. Nous allons tenter de présenter le mode de
celte décomposition.'Il paroît évident que les feuilles et les
parties vertes des plantes sont les principaux organes de l’assimilation
du carbone; eux seuls du moins dégagent du gaz oxi-
gène : la lumière paroît etre 1 agent qui séparé 1 oxigène du
carbone : du moins le dégagement de ce gaz dans toutes nos
expériences, n’a lieu que lorsque les plantes sont exposées aux
rayons directs du soleil ; au contraire, les plantes exposées à
l’obscurité totale , ne donnent point de gaz oxigène , et ne combinent
presque point de carbone.
. On trouve le carbone dans tous les produits chimiques des
végétaux , mais il se dépose inégalement dans leurs différens organes;
il est abondant dans le corps ligneux, et sur-tout dans
les parties vertes. M. Theod. de Saussure observe que celte
proportion diminue en automne, que le bois contient plus dè
carbone que l’aubier, et l’un et l’autre ordinairement moins
que l’écorce. Les différens végétaux offrent à cet égard des
différences notables ; en général la quantité du carbone combiné
dans leurs corps ligneux est d’autant plus grande, que la
végétation naturelle de l’arbre est plus lente ; et ceLte quantité
de carbone paroît aussi d’accord avec la pesanteur du bois et la
quantité de chaleur qu’il dégage dans sa combustion.
227. Les matières terreuses et salines qui pénètrent dans les
végétaux, se déposent inégalement dans les différentes plantes
et dans les différens organes de la même plante; comme elles
sont incombustibles, on a un moyen facile d’en reconnoître la
présence : c’est de comparer la quantité de cendre produite par
la combustion de diverses plantes ou de divers organes d’une
même plante. M. Théod. de Saussure , considérant que ces
matières terreuses et salines sont introduites en dissolution dans
l’eau pompée par les racines, que cette lymphe se dirige naturellement
vers les parties de la plante où doit se faire la transpiration,
que celle-ci emporte une quantité presque inappréciable
de matières étrangères à l’eau, et est généralement proportionnée
à la succion, établit ce principe général par lequel
on peut expliquer la plupart des faits connus, savoir, que la
»quantité des matières terreuses et salines , ou , en d’autres
termes , la quantité des cendres est proportionnelle à la quantité
de la succion et de la transpiration. Ainsi, si l’on compare
les végétaux les uns aux autres, on trouve que les herbes ont
plus de cendres que les arbres, et parmi ceux-ci les arbres à
végétation rapide, plus que ceux à végétation lente. Si l’on
compare les organes d’un même végétal, on trouve que le bois
en donne moins que l’aubier, l’aubier moins que l’écorce, l’écorce
moins que les feuilles (1).
228. Les sels alkalins, c’est-à-dire, ceux de potasse ou de
soude, sont de beaucoup plus abondans dans les cendres
des plantes herbacées ou des parties herbacées des arbres qui
sont en état d’accroissement,, comme ils sont aussi les plus
abondans dans le terreau. La proportion de ces sels n’augmente
jamais sensiblement, et diminue le plus souvent, à mesure que
la plante vieillit sur le même sol. Ces sels sont toujours moins
abondans dans l’écorce que dans le bois et l’aubier, et on ne
trouve pas de différence entre ces derniers organes. On retrouve
une quantité notable de sels alkalins , et notamment de
phosphate de potasse , dans les graines. Ces variétés paroissent
tenir à ce que la pluie et l’eau qui lavent le végétal enlèvent
proportionnellement beaucoup plus les sels alkalins, qui sont
les plus solubles. Lorsque cet effet a eu lieu , les autres matières
terreuses , qui ne sont pas si facilement enlevées par l’eau, paroissent
être en plus grande proportion dans les cendres. Les
phosphates de chaux et de magnésie sont, après les sels alkalins,
les plus abondans dans les plantes qui sont en état d’accroissement,
et leur proportion diminue de même, et par
(1) Ces résultats ce les suivans sont tirés des recherches de M. de
Saussure.