74 P R I N C I P E S D E B O T A N I Q U E ,
chap. 5 , art. 2 ; pour les couleurs, voyez Part. 2 , chap. 2,
art. 8.
A R T I C L E I I ,
Tige des Dicotylédones.
a5. La tige des dicotylédones est composée de trois organes
distincts : la moelle, le corps ligneux et l’écorce ( pl. 1 , f. 10 ).
Si l’on coupe en travers une tige de dicolylédone ligneuse ,
on observe au centre un canal cylindrique, nommé canal médullaire
: ce canal est rempli d’un tisSu cellulaire, ordinairement
blanchâtre , qu’on nomme moelle ( medulla ). Sur le bord
du canal, on observe une rangée circulaire de vaisseaux lymphatiques
; la moelle est très - abondante et toujours humectée
dans les jeunes pousses; elle se dessèche , diminue de volume ,
et son canal finit par s’oblitérer entièrement dans les troncs
âgés , comme on le voit facilement dans le noyer. Cette oblitération
est probablement due à la formation de couches ligneuses
dans l’intérieur du canal médullaire, ou peut-être à l’endurcissement
même delà moelle. La moelle, en vieillissant, se déchire
de diverses manières , qui sont constantes pour chaque
espèce, parce qu’elles dépendent du mode d’accroissement du
tronc.
26. La moelle communique au travers du corps ligneux avec le
tissu cellulaire de l’écorce , par le moyen.de prolongement qui en
rayonnent en tout sens , et qui paroissent sur la coupe transversale
d’un tronc comme les rayons d’une roue, lesquels joignent
le moyeu à la circonférence : on les a nommés rayons médullaires
, prolongemens médullaires, productions et insertions
médullaires. En suivant ces rayons dans les plantes à tissu
lâche , on voit clairement que la moelle et le tissu cellulaire sont
de même nature : la première est blanche , parce qu’elle est privée
de lumière j le second est verd, parce qu’il est exposé à la
lumière.
27. Dès la naissance d’une tige, on voit autour de la moelle
une rangée circulaire de vaisseaux; il s’en développe ensuite
une seconde qui naît entre la première couche et l’écorce ,
puis une troisième, une quatrième, et ainsi de suite; la réunion
de toutes ces couches concentriques, dont la plus ancienn»
est placée au centre, et la plus jeune à la circonférence, constitue
le corps ligneux. Par la manière même dont elles se
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placent l’une sur l’autre , on conçoit qu’une fois nées , elles
ne peuvent plus croître ; conséquemment, le tronc d’un arbre
dicotylédone est composé d’une multitude d’étuis coniques
qui s’emboîtent l’un sur l’autre : chacune des couches visibles
à l’oeil dans !a coupe transversale d’un tronc, est elle-même
composée d’un grand nombre de couches ; l’intervalle qui pa-
roît à l’oeil est dû au repos de la végétation pendant l’hiver.
Ces couches aiinuelles peuvent donc servir à compter l’âge d’ua
tronc de dicotylédone.
28. Pendant la jeunesse de la tige , les couches ligneuses qui
entourent la moëlle reçoivent journellement des molécules nutritives
qui augmentent leur densité : tant que ce dépôt de
molécules a lieu, elles sont à l’état de bois imparfait, et portent
le nom à’aubier ( alburnum ) ; dès que l’endurcissement
est complet, elles prennent le nom de bois ( lignum ) , ou ,
comme disent les artisans , de coeur du bois. La différence du
bois et de l’aubier est quelquefois très-notable ; ainsi le bois
de l’ébène est noir , et son aubier d’un beau blanc. Le bois
est toujours plus dur, plus coloré, et placé à l’intérieur du
tronc; l’aubier est plus mol, plus pâle, et placé à l’extérieur;
le bois n’étant plus susceptible d’accroissement, est une partie
réellement morte : aussi est-il soumis à la décomposition,
même pendant la vie du reste de la plante ; l’aubier résiste à
la décomposition pendant la vie : mais lorsque l’arbre est coupé,
son tissu , plus mol et plus aqueux, le dispose à se pourrir facilement.
Les plantes herbacées sont celles qui meurent avant
que leurs couches aient acquis la dureté du bois.
29. L’écorce est organisée comme le corps ligneux , c’est-à-dire
qu’elle offre des couches concentriques d’abord imparfaites ,
puis parfaites, et un tissu cellulaire ; mais ces trois organes
sont placés en sens inverse ; chaque année il se développe une
couche d’écorce qui naît à la surface intérieure de la couche
précédente : en sorte que dans le cône d’écorce qui recouvre
un tronc, les couches les plus extérieures sont les plus vieilles,
et les, plus jeunes sont à l’intérieur. L’accroissement continuel
du corps ligneux force cependant l’écorce à se distendre, et
c’est là ce qui produit les gerçures qu’on apperçoit à la surface.
Les couches corticales intérieures qui sont encore jeunes,
molles et flexibles, c’est-à-dire analogues à l’aubier, ont reçu
le nom particulier de liber, parce qu’elles se séparent quel