i 56 P R I N C I P E S D E B O T A N I Q U E ,
la fécondation , on commence à appercevoir une autre liqueur»,
tantôt vitrée , tantôt gélatineuse, tantôt semblable à une émulsion
; on lui a donné le nom d’amnios •• l’amnios est quelquefois
nu, quelquefois il est enveloppé dans une membrane particulière
qui a été nommée Sac del’amnios ; quelquefois , enfin , il est
simplement déposé dans du tissu cellulaire, et c’est dans l’amnios
que nage le petit embryon qui n’est visible qu?après la fécondation.
Goertner a observé que la partie de cet embryon destinée à
se changer en racine , est toujours tournée du côté extérieur de
la graine : peu-à-peu le chorion se détruit, l’amnios diminue
de volume, l’embryon grossit, et la maturité arrive ; elle se
reconnoît, i°. à la couleur plus fixe et plus foncée des tégumens;
2°. à la consistance plus ferme de la graine ; 5°. à ce que le
noyau remplit entièrement la cavité ; 4°- sur-tout à ce que toutes
les graines , quelle que soit leur grosseur, qui surnageoient avant
leur maturité , tombent au fond de l’eau lorsqu’elles sont mûres.
Examinons maintenant le noyau d’une graine mûre; nous y distinguons
deux parties , le périsperme et l’embryon : la dernière
seule est essentielle et constante.
171. Le périsperme (perispermum , Juss. ; albumen , Goertn.)
(pl. 11, f. i , 4)> qui ne se trouve que dans certaines familles
de végétaux , est un corps de nature très-diverse dans différentes
plantes, qui fait partie du noyau de la graine, et qui n’adhère
point avec l’embryon ; Goertner soupçonne avec beau^
coup de vraisemblance, que l’embryon , en grandissant, refoule
l’amniosj celui-ci est, dans certaines plantes, tout entier absorbé
par l’embryon ; dans d’autres , il n’est absorbé qu’en
partie , et son résidu forme le périsperme; ce soupçon est confirmé
par une autre observation : c’est qu’en général les cotylédons
sont épais et charnus dans les graines sans périsperme ,
minces et foliacés dans celles qui ont un périsperme; ce périsperme
est corné dans.les rubiacées, farineux dans les graminées
, mucilagineux dans les liserons, etc. Dans certaines familles,
il est absorbé par la jeune plante au moment dé la germination;
dans d’autres, il ne paroît lui fournir aucun aliment. Peut-
être confond-on sous un nom commun des organes réellement
distincts ?
172. U embryon ( embryo , corculum , plantula) est la petite
plante elle-même en miniature ; c’est à lui donner la vie
et à soutenir son existence, qu’est destiné l’appareil compliqué
D E S C R I P T I O N DE S ORGANE S . j57
des organes de la fructification; fl est presque toujours solitaire
dans chaque graine; on en trouve deux dans la graine du fusain
et du ceinbrot, trois dans l’orange , un plus grand nombre
dans le citrus decumana. Sa situation est droite (pl. 11, f. 2)
lorsque sa radicule est du côté de la base de la graine, inverse
(pL 11 , f. 4) quand sa radicule est du côté du sommet; lorsqu’il
est accompagné d’un périsperme , il est ordinairement
entouré par cet organe ; on dit alors que l’embryon est central
(centrale) (pl. n ; f. 2); dans d’autres plantes, il est placé
sur le côté du périsperme ; on dit dans ce cas, l’embryon latéral
(latérale) (pl. 11, f. 1 ). Quelquefois enfin l’embryon
enveloppe le périsperme, comme dans les nyctaginées. Considéré
quant à sa direction , on distingue l’embryon selon qu’il
est droit, courbé en demi-cercle, entièrement circulaire ou en
spirale. Cet organe important est composé de trois parties, la
radicule, la plumule et les cotylédons.
175. La radicule (radicula) est la partie de l’embryon qui
est dirigée vers l’extérieur de la graine, et qui , à la germination
, forme la racine de la nouvelle plante ; elle tend toujours
à descendre , et reprend cette direction aussi souvent
qu’ôn change la position de la graine ; c’est elle qui sort la
première des tégumens séminaux, et qui pompe la première
nourriture destinée à nourrir la jeune plante (46). Dans le
guy, la radicule tend d’abord à s’élever, ensuite elle se recourbe
et se fixe au corps sur lequel la graine a germé : alors
la plumule se soulève et continue à pousser, dans quelque sens
qu’elle se trouve ; mais cette plante fait exception à toutes les
îoix de la végétation. Ordinairement la radicule se termine en
pointe; mais dans quelques plantes, selon les observations de
M. Correa, la radicule s’évase de manière à former tantôt un
disque charnu, tantôt un sac qui recouvre à moitié l’embryon,
tantôt une tunique qui l’enveloppe en entier ; cet évasement
de la radicule a été pris , par Goertner, pour un organe particulier,
auquel il avoit donné le nom de vitellus (planch. 11,
f. 5 ). Dans le nénuphar, ce vitellus enveloppe l’embryon, de
sorte qu’au premier coup-d’oeil , celui-ci semble monocotylé-
done ; mais si l’on ouvre la tunique du vitellus, on trouve en
dedans les deux cotylédons et la plumule. D’après la structure
de la racine de plusieurs orchidées , M. Correa pense qu’il
existe une radicule analogue dans les graines de ces plantes