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en est, enfin , qui changent de couleur pendant leur fleuraison;
ainsi plusieurs borraginées ont des fleurs qui naissent rouges et
qui deviennent ensuite bleues ou violettes. Plusieurs.Chimistes
sont disposés à croire que ces colorations diverses sont dues ,
comme celles des feuilles et des fruits, à diverses doses d’oxi-
génation. M. Lamarck regarde les colorations autumnales des
feuilles et des fruits , comme.des états morbifiques , et considère
les pétales comme des parties qui sont naturellement, et dès
leur naissance, dans nn état analogue à celui des parties vertes
en automne : ils leur ressemblent en effet sous deux points de
vue, c’est qu’ils n’ont point de transpiration aqueuse , ni de
décomposition de gaz acide carbonique.
246. Parmi les couleurs des fleurs, celle qui paroît la plus
constante est le jaune pur, encore même le voit-on passer au
rouge dans le nyctage faux-jalap et la rose églantier , au blanc
dans l’anlliyllide vulnéraire , au verdâtre dans la dessication des,
fleurs de lotier , de primevère et de l’épervière à feuilles de
statice. Le jaune orangé , tel que celui de la capucine , n’offre
aucune variation : le rouge , le bleu et le blanc ne paroissent
que trois modifications d’une même nature , et passent l’une
dans l’autre avec une grande facilité. Au reste , M. Lamarck
fait observer que la constance de la couleur varie dans différentes
familles et dans différens genres; ainsi, par exemple ,
parmi les radiées , les unes ont le rayon de même couleur que
le disque , d’autres ont le rayon de couleur différente du disque ,
et jamais une plante d’une de ces classes ne passe dans l’autre î
parmi les ombellifères, les unes ont la fleur blanche ou rose,
les autres ont la fleur jaune , et non seulement ces couleurs sont
constantes dans les espèces , mais elles suivent presque toujours
les divisions génériques.
247. L’action de la lumière sur la direction des tiges , est
plus générale, et, s’il est possible, encore plus marquée que
sur la coloration : les plantes qui croissent dans les lieux renfermés
se dirigent toujours du côté où la lumière leur arrive ;
celles qu’on fait croître dans des caves se dirigent vers les soupiraux.
M. Tessier a vu que si, dans une cave , on pratique
deux sortes de soupiraux; les uns ouverts à l’air, et qui ne
donnent point accès à la lumière; les autres fermés par des
verres qui interceptent l’air et laissent passer la lumière, les
plantes se dirigent toujours vers ces derniers : c’est à la même
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classe de faits, dont la cause immédiate est encore inconnue,
qu’il faut rapporter la courbure des plantes dans les serres , l’a-
longement des jeunes arbres dans les forêts : la transpiration
aqueuse et la fixation du carbone s’opèrent, sur-tout du côté
où la lumière vient frapper la plante; celle-ci doit acquérir
plus de développement et plus de poids de ce côté, et c’est peut-
être ce qui contribue à son inflexion.
248. Les feuilles sont très-sensibles à l’action de la lumière :
c’est probablement à son influence qu’il faut rapporter le fait
que j’ai déjà cité, que leur face supérieure tend toujours à se
. diriger du côté du soleil ; mais c’est sur-tout à cet agent qu’011
doit rapporter les faits connus sous le nom de sommeil des
feuilles. Un grand nombre de feuilles, et notamment de feuilles
composées, prennent, pendant là nuit, une position différente
de celle qu’elles ont pendant le jour; c’est ce phénomène qu’on
a désigné sous le nom de sommeil des feuilles : il est lié avec
un autre fait bien plus général ; c’est la suppression de la
transpiration aqueuse pendant la nuit. Il est prouvé, par l’observation
, que la chaleur n’influe point sur ces mouvcmens ,
puisqu’ils ont lieu à toutes les températures , un peu après,
le lever et un peu après le coucher du soleil. Les alternatives
de sécheresse et d’humidité semblent d’abord y influer; mais le
phénomène s’opère comme à l’ordinaire dans les chambres où
le degré d’humidité ne varie point. La lumière y a au contraire-
une action très-marquée. Ainsi, dans l’état naturel des choses,
le sommeil et le réveil des feuilles coïncident avec le coucher et
le lever du soleil. Si des plantes à feuilles ailées, et dont le
sommeil est bien marqué, telles que la sensitive , sont placées
dans un lieu perpétuellement éclairé , on voit que les mouvcmens
alternatifs de sommeil et de réveil sont accélérés ; et si on
les met dans un lieu éclairé pendant la nuit et obscur pendant
le jour , on les voit, au bout de quelque temps , s’ouvrir à l’entrée
de la nuit et se fermer le matin. Avant de prendre cette
nouvelle marche, elles offrent, pendant quelques jours, de
nombreuses anomalies , comme si leur habitude luttoil contre
l’action de la lumière : c’est peut-être à cette force de l’habitude
qu’on doit attribuer d’autres faits en apparence opposés
aux précédons; savoir, que plusieurs plantes , telles que Voxalis
Stricta , ouvre et ferme ses feuilles à ses heures accoutumées ,
lors même qu’elle est exposée à l’obscurité totale.,