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différences accidentelles et peu constantes firent , ou du moins
durent faire les variétés.
Mais ce travail, plus ou moins heureusement exécuté, ne
suffisoit pas} la multiplicité des genres exigeoit à son tour un
arrangement et une distribution particulière qui pût nous conduire
plus facilement jusqu’à chacun d’eux. Aussi en rassemb
la-t-on plusieurs dont on forma des grouppes qui furent
nommés ordres , sections , ou, selon d’autres , familles natu*
relies. Enfin, on crut devoir encore réunir les ordres et les
sections, et on en composa des divisions plus générales auxquelles
on donna le nom de classes.
L’ensemble ou la totalité des classes reçut la dénomination
de srstéme ou de méthode, selon la nature des principes
constitutifs posés par les auteurs qui se sont occupés de ce
travail. Et tel a été le dernier résultat des efforts que l’on a
faits de siècle en siècle pour faciliter l’etude et la connoissance
des plantes. C’est aussi à ce point de vue que je m’arrête,
pour essayer de faire voir combien il nous laisse encore de
choses à desirer, et combien les mains savantes qui se sont
efforcées de poser la borne de nos progrès en ce genre, sont
restées en-deçà du terme où il eût été possible d’arriver.
A R T I C L E I L
Des Systèmes et des Méthodes.
TJn système en Botanique est, selon l’acception commune,
un arrangement, un ordre général, fonde par-tout sur les
mêmes principes. Il résulte de cette définition, que, dans un.
système, on ne doit faire usage que d’une seule partie, quelle
qu’elle soit, ou du moins d’un très-petit nombre de parties
qui aient entre elles une analogie marquée. Ainsi, un ordre
fondé uniquement sur la considération du fruit, ou des organes
sexuels, ou de la corolle, ou même des feuilles, doit être
regardé comme un système.
IJne méthode, au contraire, est un arrangement fondé sur
des principes moins fixes, moins déterminés, et dont on peut
s’écarter toutes les fois que cela est nécessaire ou avantageux
pour remplir l’objet que l’on se propose.
O r, il est aisé de s’appercevoir qu’un système qui fourniroit
assez de divisions pour conduire par une voie également sûre
P R É L I M I N A I R Ë. iq
et facile à la connoissance de toutes les plantes dont il rënfer-
meroit la description , mériteroit d’être préféré à une méthode,
quelque bien faite que celle-ci pût être : car un pareil système
auroit sur la méthode l’avantage important d’offrir des vues
générales, ramenées toutes au principe fondamental comme à
leur centre commun, et qu’il seroit aisé de saisir et de graver
dans sa mémoire : au lieu qu’une méthode que l’on suppose
s’écarter souvent des principes sur lesquels elle est établie,
c’est-à-dire, faire usage de caractères pris dans toutes sortes
de parties différentes, pourroit, à la vérité, conduire avec
sûreté jusqu’à la plante que l’on cherche à connoître, mais ne
présenteroit à l’esprit qu’un ensemble mal lié, que des divisions
disparates et peu propres à être retenues par coeur.
Il reste maintenant à examiner s’il est possible de faire un
système qui remplisse véritablement son objet. Or, je me suis
convaincu, par les différentes tentatives que j’ai faites, et
plus encore par des réflexions qui me paroissent décisives et
sans réplique , qu’une pareille entreprise est absolument impraticable
, et sera toujours l’écueil des talens même les plus
décidés.
Premièrement, il est certain qu’aucun des caractères que
l’on pourroit choisir pour être la base du système, n’est assez
fécond pour fournir seul Un nombre suffisant de divisions}
avantage qu’il est cependant très-important de se procurer,
pour n avoir point à choisir dans chaque division entre une
trop grande multitude d’objets à-la-fois. Mais en second lieu,
il est facile de démontrer que tous les caractères , dans quelque
partie qu’on les prenne, sont susceptibles de Varier ou d’être
Constans, Selon les plantes dans lesquelles on les observe : c’est
ce qui fait, pour lè dire en passant, que les principes qui
établissent des caractères du premier, du second ou du troisième
ordre, sont si souvent démentis par la Nature. Mais je
m’arrête à une considération plus générale; et je vais essayer
de montrer, par plusieurs exemples, qu’il ne peut y avoir
aucun système dont le fondement ne soit ruineux.
Supposons d’abord que l’on veuille former un ordre générai
d’après la considération unique du calice; il se trouvera qué
cette partie est d’une forme très-avantageuse dans les mauves
et beaucoup d’autres espèces de plantes. Mais bientôt le caractère
deviendra inconstant, équivoque, ou même s’évanouira
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