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qui ne rentrent dans aucun des organes ci-dessus désignés, ce
sont des nectaires. Nous allons étudier successivement ces divers
organes.
A R T I C L E I V.
Du Pistil.
x ii.L e pistil (pistillum) (pl. g, f. 4) es^ l’organe femelle de
la plante j car il renferme dans sa base de petits globules qui,
après la fécondation, se changent en semences et reproduisent
une nouvelle plante : il est toujours placé au centre de la fleur,
ce qui avoit suggéré àCésalpin l’idée qu’il étoit le prolongement
de la moelle , idée qui a été abandonnée depuis qu’on a appris
que les monocotylédones, qui n’ont pas de moelle centrale, ont
cependant le pistil central. Cet organe est ordinairement sessile
au fond de la fleur ; mais dans quelques plantes , il est porté sur
un pédicelle particulier, qui a reçu le nom de thécaphore
( thecaphorum ) ; ce pédicelle est produit par deux causes diverses
: tantôt c’est un simple rétrécissement de la partie inférieure
du pistil, qui est alors toujours solitaire ; dans ce cas, le pédicelle
a été nommé basigyne; par exemple, dans le lychnis ,
l’euphorbe: tantôt le pédicelle est un prolongement du pédoncule
, et porte plusieurs ovaires ; il a reçu alors le nom de poljr-
phore; par exemple, dans les renoncules. C’est un polyphore
succulent, qui forme le fruit de la fraise.
ïi2. Le pistil est composé de trois parties. x°. L'ovaire
( ovarium ) ( pl. 9 , f. 4, a) , qui est placé à sa base, et qui renferme
les petits embryons destinés à être fécondés ; il est nomme
improprement germe, (germen), par Linné. 2°. Le stigmate
(stigma) (pl. 9, f. 4, c ) , qui est ordinairement placé au sommet
, et qui reçoit l’impression de la poussière fécondante lancée
par les étamines. 5°. Le style (Stylus ) (pl. g , f• 4 >. ^ ) 1 qui est
le filet plus ou moins long et plus ou moins constant, qu’on
observe entre le stigmate et l’ovaire , et qui est destiné à élever
le stigmate dans la position la plus propre à recevoir la poussière
fécondante. Les termes par lesquels on désigne la forme de ces
parties n’ont pas besoin d’explication , parce qu’ils s’entendent
d’eux—mêmes , ou qu’ils sont semblables à ceux qui ont été déjà
expliqués.
115. Le nombre de ces parties est très—variable.
jt On le désigne par les termes de monogyne ( monogynus ),
D E S C R I P T I O N DE S ORGANE S . 125
digyne ( digynus ), trigjne (. Irigynus ) , lélragyne{ telragynus),
pentagyne (pentagynus ), liexagyne ( hexagynus ), heplagyrie
( heptagynus ), octagyne (octogynus), ennéagyne (enneagynus),
dêcagyne (decagynus), dodécagyne (dodecagynus) et poly-
gyne (poîygynus) , qui indiquent la présence de un, deux,
trois , quatre , cinq, six, sept, huit, neuf, dix, douze ou plusieurs
pistils.
En général, le nombre des styles ou des stigmates est égal à celui
des ovaires ou des loges de l’ovaire; on peut dire encore qu’en
général les monocotylédones ont des ovaires , ou divisés en trois
loges , ou au nombre de trois , six ou neuf. Les dicotylédones,
au contraire , ont des ovaires en nombre très-divers , et souvent
divisés en cinq ou dix loges, ou au nombre de cinq ou
dix. Le nombre des ovaires ou des loges de l’ovaire détermine
ordinairement celui des parties ou des loges du fruit;
mais il arrive souvent que certains ovaires ou certaines loges
de l’o.vaire avortent par accident, et dans quelques familles ,
telles que les palmiers et les amentacées , ces avortemens sont
si fréquens , qu’on a peine à reconnoître le nombre naturel des
parties. Ainsi, le gland du chêne est originairement à trois
loges.
11/j. On ne doit donner le nom de stigmate qu’à la partie
légèrement visqueuse et hérissée de petites papilles , qui reçoit
l’impression de la poussière fécondante; mais dans l’usage, on
s’écarte souvent de cette règle , et on donne ce nom aux divisions
supérieures, du style ou de l’ovaire. Ainsi, dans les iris,
le véritable stigmate est la petite duplicature transversale qu’on
obset ve à la face inférieure des lanières qui couronnent l’ovaire ,
et ces lanières sont des styles qui se prolongent au-dessus du
ftigmale.
115. Dans plusieurs plantes, le style est perforé par un canal
longitudinal, d’où quelques auteurs ont inféré que ce canal sert
à la transmission du liquide fécondateur : on 'a reconnu la
fausseté de celte idée, en observant que, dans la plupart des
végétaux, le style est plein , et que dans ceux même où ce canal
existe, il est ferme comme un sac à l’entrée de l’ovaire. On observe
au contraire dans le style, des fibres-, c’est-à-dire , des faisceaux
de tubes qui aboutissent de chaque partie du stigmate à chaque
partie de l’ovaire ; les liquides colorés , lorsqu’on y plonge lei
stigmate, suivent la direction de ces fibres , et pénètrent