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le liquide de redescendre, après que l’expansion de l’air l’au»
roit forcé à monter ; Perrault compare cette ascension à une
simple fermentation; il en est qui la rapportent à un effet hy-
grologique ; d’autres l’assimilent à l’ascension de l’eau dans
les tubes capillaires; quelques-uns l’attribuent au vide que la
transpiration opère dans certaines parties du végétal. Indépendamment
des objections auxquelles chacune de ces théories est
sujette , il en est qui sont communes à toutes; c’est que ces
différentes causes doivent agir aussi bien sur le végétal mort
que sur le végétal vivant, tandis que les résultats sont entièrement
différens ; c’est qu’aucune n’explique la vitesse et la force
de l’ascension de la sève ; aucune ne se concilie avec la direction
déterminée des différens sucs du végétal ; aucune ne peut rendre
raison de l’ascension de la sève dans les plantes qui végètent
sous l’eau. Je ne nie point que quelques-uns de ces moyens ne
facilitent l’ascension de la sève; mais c’est dans les forces vitales
qu’il faut chercher la vraie cause de ce phénomène.
Nous voyons que, dans les animaux, ‘l’oesophage est doué
d’une propriété contractile qui force les aiimens à passer de
la bouche dans l’estomac, quelle que soit la position du corps.
Pourquoi cette même propriété, qui dans les animaux est indépendante
de la volonté , et qui cependant est liée à la vie,
n’existeroit-elle pas dans les végétaux? Cette propriété contractile
des vaisseaux des plantes n’est point une hypothèse
gratuite ; et indépendamment du grand phénomène de l’ascension
de la sève, il en est d’autres que nous pouvons concevoir
sans elle, et dont nous avons donné plus haut ( i8 i - i 84) l’énumération.
A R T I C L E I I ï%
De l’Emanation aqueuse.
202. Lorsque la sève est parvenue aux parties foliacées de
la plante , toute l’eau qui a servi de véhicule aux parties nutritives
, et qui ne peut être consommée dans le végétal, s’échappe
sous forme de vapeur ; c’est ce qu’on a nommé transpiration
insensible ou transpiration aqueuse des végétaux. Par ce
terme , on avait assimilé cette fonction aux excrétions des animaux
, tandis qu’elle est réellement analogue à la sortie dès ex-
crémens.
A C T I O N DE S o r g a n e s . 175
Si l’on met une branche coupée dans un balon, on voit que la
branche perd de son poids , et que le balon se couvre de gouttelettes
d’eau, qui, étant recueillies , égalent à-peu-près le poids
que la branche a perdu. M. Haies a mesuré cette transpiration
avec beaucoup d’exactitude : il a placé un hélianthe d’un mètre
de hauteur, dans un vase dont l’orifice étoit fermé par une
plaque percée de deux trous ; l’un d’eux donnoit passage à la
tige ; l’autre servoit à l’arrosement. Pendant quinze jôurë, il a
pesé, exactement l’appareil soir et matin, et il a trouvé que la
transpiration moyenne de la plante a été de 612 grammes (20
onces ) par jour.
2 o 3 . La transpiration insensible s’opère, comme nous la vons
d it, par les pores corticaux. En effet, elle est plus grande
dans les herbes que dans les arbres ; dans les herbes à feuilles
minces que dans celles à feuilles charnues; dans les arbres à
feuilles caduques que dans ceux à feuilles toujours vertes : elle
ne s’opère d’une manière marquée que dans les organes pourvus
de pores corticaux, tels que les feuilles, les stipules, les calices,
les tiges herbacées et les jeunes pousses ; elle ne s’opère pas sensiblement
par les corolles, les organes sexuels, les fruits, les
racines et les écorces. Il faut cependant observer, relativement
aux parties dépourvues de pores corticaux, qu’elles éprouvent
une légère déperdition à l’air; mais cette déperdition s’explique
par la porosité et la propriété hygrologique du tissu membraneux,
et parcè que l’oxigène de l’air s’empare d’un peu de leur
car2b0o4n.e . En général, les plantes transpirent davantage dans un
lieu chaud et sec, que dans un lieu frais et humide. On sait encore
, par des expériences directes, que les plantes transpirent
beaucoup plus lorsqu’elles sont exposées à la lumière, que lorsqu’elles
sont à l’obscurité ; souvent même elles ne transpirent
point à l’obscurité totale. M. Senebier a observé que lorsqu’on
expose une plante à l’obscurité , elle cesse subitement de transpirer
, et continue encore quelque temps à pomper, de sorte
que son poids augmente un peu dans lés premiers momens.
C’est aussi ce qui arrive dans les premières heures de la nuit.
Haies avoit remarqué', dans ses expériences, que, pendant
la nuit, son appareil augmentoit en poids plutôt que de perdre;
ce qui tient à ce que l’hélianthe cessoit de transpirer, et qu’en
même temps l’air extérieur, devenant plus humide, déposoit
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