i4o P R I N C I P E S DE B O T A N I Q U E ,
calice ne se soude point avec l’ovaire , par exemple dans le.
prunier, on dit, en parlant de l’un et de l’autre organes, qu’ils
sont libres ( libéra ). Cette même distinction est exprimée avec
un peu moins d’exactitude par Tournefort, lorsqu’il distingue
les plantes dont le calice devient fru it, et celles dont le pis -
lil devient fruit. Il est évident que lorsque le calice est adhérent
, la corolle et les étamines ne peuvent pas être insérées
sous l’ovaire , et sont nécessairement placées sur la partie libre
du calice , ou au-dessus de l’ovaire; et qu’au contraire , lorsque
l’ovaire est libre, les étamines et la corolle peuvent être
insérées au-dessous de l’ovaire , entre celui-ci et le calice.
C’est cette considération qui a engagé Linné à désigner sous
les noms d'ovaire infère ou inférieur (germen inferum), et
de corolle ou de fleur supère ou supérieure ( corolla supera ,
flos superus ), la même structure que nous avons nommée calice
ou ovaire adhérent, et sous les noms d’ovaire supère ou
supérieur ( germen superum ), et de corolle ou fleur inférieure
( corolla inféra , flos inferus ), la structure que nous
avons appelée calice ou ovaire libre. Par une conséquence de
cette manière de voir, Linné et ses disciples ont souvent donné
improprement le nom d'ovaire à la partie qui résulte de l’ag-
grégation de l’ovaire avec une partie du calice, et celui de calice
à la partie du calice restée libre , c’est-à-dire, aux seules
divisions du limbe.
a r t i c l e I x .
Du Périgone.
i44- Tout ce que je viens de dire (126-143)s’applique uniquement
aux fleurs compleltes , c’est-à-dire munies de deux enveloppes
distinctes , et ici tous les Botanistes ont la même opinion ;
mais leurs avis sont fort différens relativement, aux plantes dont
la fleur est revêtue d’une enveloppe unique : Tournefort, qui
faisoit consister le caractère du calice dans sa persistance , et
celui de la corolle dans sa fugacité , nommoit corolle dans le
lys, le- même organe qu’il appeloit calice dans le narcisse.
Linné n’a mis aucune importance à cette distinction , et nom-
moit indifféremment le même organe , corolle ou calice , selon
son degré de coloration. Cette ambiguité tient à ce qu’il avoit
adopté pour caractère distinctif entre ces deux organes, que la
D E S C R I P T I O N DE S ORG A N E S . 1 f i
corolle est un prolongement du liber, et le calice un prolongement
de l’écorce : ce caractère est évidemment nul dans les
monocotylédones, où il n’existe ni liber, ni écorce; il l’est
encore dans les dicotylédones, puisque le liber pe diffère des
couches corticales que par son âge (29), et quand il seroit vrai,
il seroit impossible à vérifier. M. de Lamarck, dans la Flore française
, ayant désigné sous le nom de corolle le tégument de la
fleur le plus voisin des étamines , a été obligé de lui conserver
ce nom lorsqu’il étoit unique : cette marche I qui étoit possible
à suivre dans un ordre artificiel, peut induire en erreur lorsqu’il
s’agit d’étudier les rapports naturels , et l’auteur même l’a
abandonnée dans le Dictionnaire Encyclopédique. M. de Jussieu ,
réunissant les caractères de Tournefort et de Linné , et faisant
remarquer de plus l’analogie de la corolle et des étamines , a
donné le nom de calice à toutes les enveloppes simples; mais
cette analogie des étamines et de la corolle , observee par Jussieu
, ne prouve-t-elle pas que les enveloppes des liliacées sont
analogues aux corolles plutôt qu’aux calices?
i45. Je crois être assuré, comme je l’ai déjà avancé ( 125),
que la corolle et le calice existent toujours, mais que dans
certaines plantes ils sont soudés ensemble ; d’où résulte une enveloppe
que je nomme périgone ou périgone simple ( pi. 9 , f.
2). En effet, l’histoire des étamines, du calice et de presque
tous les organes des végétaux, nous ont déjà fourni plusieurs
exemples de ces greffes naturelles : si nous donnons quelque
attention aux périgones simples, nous verrons que leur surface
extérieure est en général plus ferme, colorée en verd et munie
de pores corticaux comme les calices ; que leur surface supérieure
est plus délicîffê, colorée et dépourvue de pores corticaux
comme les corolles; nous trouverons certaines plantes,
telles que le daphne mezereum, où la soudure des deux lames
est encore incomplette; d’autres, telles que les tétragonies , où
l’apparence des deux surfaces du périgone est si caractérisée ,
que tous les Botanistes y ont admis la soudure du calice et de
la corolle : nous concevrons que l’épaisseur de ces deux lames
étant variable, l’apparence du périgone devra être tantôt celle
d’un calice, comme' dans les chénopodées ; tantôt celle d’une
corolle , comme dans les liliacées. En admettant celte soudure
naturelle , nous concevrons comment le périgone est quelquefois
adhérent à l’ovaire, ou composé de parties opposées avec les