( ) conseils, et que les changemens que je me suis
permis de faire à votre Ouvrage, aient été la plupart
concertés avec vous, peut-être ne sera-t-il
pas inutile de les récapituler ici succinctement sous
vos yeux et sous ceux du Public.
La Flore française, telle que vous 1 avez conçue,
est destinée à réunir dans un même cadre, un,
ouvrage de Botanique élémentaire et la Description
des plantes de la France ; j’ai cherché non
seulement à lui conserver ces deux caractères ,
mais à faire tellement saillir les traits de chacun
d’eux , que personne ne pût se méprendre sur
leuLra r éBuontiaonni.que élémentaire se compose sur-tout
de la connoissance générale des organes et des
fonctions des végétaux ; vous les aviez exposées
dans vos Principes Élémentaires ; d’après votre
conseil, qui se trouvoit d’accord avec ma propre
inclination , j'ai ajouté quelques détails à cette
première partie , qui est réellement la clef de
toutes les autres ; j’ai été sur-tout obligé de multiplier
ces additions, à cause des changemens nombreux
et importans que l’anatomie et la physiologie
des végétaux ont subis depuis l’époque où votre
Ouvrage a paru, et notamment depuis que la structure
anatomique des grandes classes du régné végétal
a été dévoilée; mais cette connoissance générale
des organes et des fonctions des végétaux,
n’est, pour ainsi dire, qu’une science abstraite,
tant qu’on n’en fait pas l’application à la structure
et à l’histoire des plantes prises en particulier.
Comment, en effet, sans cette etude spéciale des
être-s, distinguer quels sont les organes communs
à un grand nombre d’entre eux et conséquemment
importans , d’avec ceux qui ne se trouvent que
( viî )
dans tm petit nombre de plantes, et semblent accidentels
dans le règne végétal? Comment fixer le
degré de généralisation que mérite telle ou telle
observation? Comment, enfin, tirer des théories
générales la moindre conséquence pratique ? Il
existe donc une seconde branche de la science ,
toute aussi importante que la première, c’est l’art
de distinguer les végétaüx les uns des autres.
Ici deux routes se sont offertes aux Naturalistes :
la méthode naturelle, qui tend à placer chaque être
au milieu de ceux avec lesquels il a le plus grand
nombre de ressemblances importantes ; la méthode
artificielle , qui n’a d’autre but que de faire recon-
noître chaque végétal et de l’isoler au milieu du
i’ègne. La première , qui est une véi’itable science,
doit servir de base immuable à l’anatomie et à la
physiologie; la seconde, qui est un art d’empy-
rique, peut bien avoir quelques commodités dans
la pratique, mais ne sauroit agrandir le domaine
des sciences, et offre une multitude indéfinie de
éombinaisons arbitraires. La première, ne visant
qu’à la vérité, a établi ses bases sur les organes
les plus importans à la vie des végétaux, sans considérer
si ces organes sont faciles ou difficiles à observer;
la seconde, ne tendant qu'à la facilité, a
établi ses divisions sur les organes les plus appa-
rens et les plus faciles à étudier.
Faute d’avoir bien senti les différences essentielles
qui existent entre ces deux méthodes, la plupart
des Botanistes ont embrassé exclusivement l’un ou
l’autre de ces moyens d’arriver au but, et tous sein«
bloient avoir oublié que l’une et l’autre de ces méthodes
ont leurs avantages, et que leur réunion
pourvoit çoncilier la vérité et la facilité. La Flore
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