l’autre, cependant une pareille marche ne séroit pas en général
la plus courte possible, outre que l’observateur lui-même ne se
sentiroit pas dédommagé par la brièveté du travail en certaines
circonstances , de la longueur rebutante des recherches qu’il
seroit obligé de faire dans les autres cas.
Il est bon de prévenir ici une difficulté; il paroit d’abord
qu’une marche assujettie à l’analyse, doit toujours être éxtrê—
mement longue en elle-même, sur-tout si le nombre des
plantes analysées est considérable , comme seroit, par exemple,
un nombre de quatre mille plantes ; car chaque division n’ayant
jamais que deux membres, il faudra, ce semble, parcourir un
très-grand nombre de ces divisions avant d’arriver à l’unité ,
c’est-à-dire, à un titre qui n’appartienne plus qu’à une seule
plante.
Cette objection ne frappera que ceux qui ignorent la nature
des progressions géométriques. En effet, si l’on divise continuellement
par 2 la somme 4096? dès la onzième division, on
arrivera à l’unité; et si l’on trouvoit que ce fût encore trop dé
onze divisions à parcourir pour chaque plante , l’une portant
l’autre, j’observerai que ce travail peut être abrégé au moins
d’un tiers dans une multitude de cas. En effet, si l’on jette les.
yeux sur notre analyse, on verra d’abord que lè numéro placé
à côté du premier membre de chaque division, renvoie toujours
à la division qui suit immédiatement. Ainsi avec un peu
d’usage, on pourra , d’un coup-d’oeil, parcourir quatre ou cinq
divisions , ce qui, dans certains cas , abrégera de beaucoup l’opération.
Par rapport aux numéros qui appartiennent aux seconds
membres des divisions , et qui souvent renvoient assez
loin , il est bien difficile qu’un observateur qui se seroit un peu
familiarisé avec l’analyse , n’eût pas retenu par coeur les premiers
de ces numéros qui reviennent à chaque instant, ainsi;
que les divisions auxquelles ils répondent, avantage qui le dis-,
penseroit encore d’une partie des recherches à faire pour arriver
au but-
On voit, par tout ce qui vient d’être dit, que l’analyse n’est
autre chose qu’une méthode continue (j) , mais dont l’usage est
(1) La méthode d’analyse est, à proprement parler, une méthode <rç.
dissection. J’ai préféré la dénomination d’analyse, comme plus naturelle,
ontre an’elle convient jusqu’à un certain point à cet ouvrage , dont
d’autant plus facile, que l’on n’a jamais à choisir qu’entre deux
caractères, dont l’un appartient à la plante à l’exclusion de
l’autre , et dont la coexistence dans le même individu implique-
roit contradiction. C’est ce qui distingue ma méthode de toutes
les autres , qui, sans parler du grand nombre d’objets entre
lesquels elles laissent le plus souvent l’observateur indécis et
embarrassé, lui offrent un choix à faire parmi des caractères
qui ordinairement se rapprochent l’un de l’autre, ou sont tout
au plus disparates , mais rarement incompatibles.
Un autre avantage que l’analyse a sur les systèmes et les
méthodes qui ont paru jusqu’ici, c’est que dans le cas où les
caractères sont tirés du nombre de certaines parties, telles que
les pétales , les étamines , etc. nous avons eu soin d’épargner à
l’observateur la peine de compter exactement ces mêmes parties
, ce qui souffre quelquefois de la difficulté, sur-tout par
rapport à des parties aussi délicates que les étamines. L’analyse
présente presque toujours une limite en-deçà et au-delà
de laquelle se trouvent les deux caractères entre lesquels il
s’agit de choisir, comme on peut le voir par le n°. i3 , dans
le modèle exécuté ci-dessus ; ou si enfin le nombre des étamines
est indiqué par quelques titres d’une manière définie ,
c’est qu’alors il n’est pas assez considérable pour échapper à un
oeil tant soit peu exercé.
Quant aux noms que j’ai donnés aux plantes qui se trouvent
décrites dans le cours de l’analyse, je me suis servi le plus
souvent de ceux de M. Linné , que j’ai traduits en français ,
mon ouvrage étant écrit dans cette langue. J’y ai joint le synonyme
de M. de Tournefort; et à l’aide de ces deux indica-
cations , on retrouvera , sans beaucoup de peine, les synonymes
de tous les autres Auteurs qui ont traité de la Botanique. Lorsque
la formation vicieuse d’un genre par M. Linné m’a forcé
d’abandonner sa dénomination , j’en ai formé une nouvelle
d’après M. de Tournefort, ou quelque Auteur célèbre, et je
ne l’ai composée que du nom générique employé par mon
Auteur, et d’une épithète qui rend, autant qu’il est possible,
la principale idée exprimée dans le reste de sa phrase.
Je ne puis m’empêcher de faire ici quelques observations
le but est de descendre de l’ensemble des plantes à particulier. chacune d’elles en