62 P R I N C I P E S D E B O T A N I Q U E ,
fonctions, et jouissent d’un principe vital très-marqué, et de la
faculté de reproduire leur semblable; on les a compris sous la
dénomination générale d'êtres organiques. Quoique très-diversifiés
dans leur structure , ces êtres paroissent formés sur un
plan uniforme : ils ont la faculté d’intervertir, en plusieurs cas ,
les loix ordinaires de la physique et de la chimie, et peuvent
en particulier, tant que leur force vitale existe, résister à la putréfaction
: ils s’approprient ou changent en leur propre substance
les molécules des corps étrangers : ils sont nécessairement
composés de parties dissemblables, les unes solide?, les autres
liquides : la structure de leurs parties, quoique très-variée,
offre toujours une sorte de régularité , sans montrer cependant
les formes anguleuses propres aux cristaux : la composition de
ces parties présente plusieurs combinaisons chimiques d’une nature
particulière, et que la synthèse ne peut imiter, etc.
Les êtres organisés se partagent eux-mêmes en deux classes,
connues sous les noms de végétaux et à’animaux.
5. Les Animaux sont des êtres organiques, pourvus de sensibilité
et de volonté, capables de mouvemens spontanés , qui ne se
nourrissent ordinairement que de substances qui ont été organisées
, qui la plupart font entrer ces substances dans leur corps
au moyen d’un petit nombre d’ouvertures destinées à cet
usage, qui les enferment dans un sac commun où les parties
vraiment alimentaires sont absorbées par des pores intérieurs ,
et d’où le résidu est chassé en dehors ; qui, étant la plupart
munis d’un centre commun , ne peuvent être facilement séparés
en plusieurs êtres vivans; qui, ayant un terme à leur accroissement
, et une circulation des sucs dans les mêmes vaisseaux,
ont aussi un terme nécessaire à leur existence, savoir celui où
les vaisseaux s’obstruent ou s’endurcissent; qui se reproduisent
au moyen d’organes sexuels permanens pendant toute la durée
de la vie, et dans la plupart employés plus d’une fois; qui enfin
opèrent cette fécondation, au moyen d’un liquide non renfermé
dans de petites coques d’apparence pulvérulente.
4- Les J^êgétaux ou les Plantes, sont des êtres organiques ,
dépourvus de sensibilité, incapables d’aucuns mouvemens volontaires
, la plupart fixés au lieu de leur naissance, qui se nourrissent
généralement des substances inorganisées les plus généralement
répandues dans la nature, telles que l’eau et l’air ; qui
absorbent ces substances par des pores nombreux placés à leur
I N T R O D U C T I O N . 65
surface extérieure, et ne les renferment point dans un sac particulier
situé à l’intérieur du corps ; qui, étant dépourvus de
centre commun, peuvent être facilement séparés en plusieurs
êtres vivans; qui, n’ayant pas de terme à leur accroissement
ni de vraie circulation, n’ont pas non plus de terme nécessaire
à leur existence; qui se reproduisent au moyen d’organes
sexuels , toujours détruits après chaque fécondation, et employés
une seule fois ; qui enfin opèrent cette fécondation, au
moyen d’un fluide rénfermé dans de petites coques, dont la
réunion ressemble à de la poussière.
Ces différens caractères des animaux et des végétaux, sont
nécessairement liés; de telle sorte, que l’un d’entre eux étant
«donné, on peut, par le raisonnement, en déduire tous les
autres.
5. L’élude de tous les êtres dont nous venons de parler, est
i’objet de cette branche intéressante de nos connoissances , que
l’on nomme Histoire naturelle, et que l’on divise ordinairement
en trois parties differentes, relatives aux trois grandes classes que
nous avons formées ci-dessus, ou aux trois règnes de la nature.
Ces parties sont, r°., la Minéralogie, qui t raite des corps inorganiques;
2°. la Botanique, quia pour objet la connoissance des
végétaux; 5°. I»Zoologie, ou l’étude du règne animal.
Après cette courte exposition, que j’ai cru devoir présenter,
pour donner une idée plus nette du règne végétal par sa comparaison1
avec les règnes voisins, je m’arrête à la Botanique seule,
qui est l’objet direct de cet ouvrage.
6. L’étude des Plantes (et cette division est aussi applicable à
celle des animaux ) présente trois points de vue très-distingués
l’un de l’autre, et qui forment trois genres de connoissances.
Le premier comprend l’observation des plantes, eu tant
qu'erres vivans : cette étude porte le nom particulier de Physique
végétale, ; et se compose de deux branches , savoir , la
structure ou la composition générale des organes des végétaux ,
et le jeu ou l’action de ces mêmes organes. La première de
ces deux branches a reçu, par analogie avec le règne animal,
le nom impropre d’Anatomie , et la seconde celui de Physiologie
, qui n’est guère plus exact.
Le second point de vue sous lequel on peut envisager l’étude
des plantes, et qui a reçu le nom de Botanique, proprement