a ja P R I N C I P E S D E B O T A N I Q U E ,
de cette végétation extraordinaire , et les moyens que la N ature
emploie pour dévier la sève de ses routes ordinaires, et
la diriger toute sur les organes de la reproduction.
274. La fleuraison dure jusqu’au moment où la fécondation
est opérée; cette règle ne souffre aucune exception réelle ; si,
malgré cette uniformité, la durée des fleurs est très-différente,
cette diversité tient tantôt, i°. à ce que, dans certaines fleurs,
le bouton s’ouvre long-temps avant que les anthères soient
prêtes à lancer leur pollen, et dans d’autres , au moment même
où va s’opérer cette émission; 2°. à ce q u e, dans quelques
fleurs, toutes les étamines lancent à-la-fois leur pollen , tandis
qu’il en est, comme la parnassie , la rue, où chaque étamine
vient l’une après l’autre et à des intervalles réglés , le jeter sur
le stigmate; 5 \ à ce que, dans les fleurs unisexuelles , l’émission
du pollen ou la fécondation du stigmate est retardée par
l’absence de tout individu de l’autre sexe. Ainsi on peut prolonger
beaucoup la fleuraison d une plante , en 1 empêchant
d’être fécondée, et c’est précisément ce qui a lieu dans les
fleurs doubles.
a r t i c l e Y.
De la Fécondation.
275. Les anciens avoient déjà des idées très-justes sur le
sexe des plantes. Théophraste , Pline , et même quelques poètes,
tels que Glaudien et Pontanus, en parlent de manière à ne laisser
aucun doute; cette connoissance, qui paroissoit alors bien
établie , fut ensuite oubliée , et parmi les modernes , c ’est Zalu-
zianski, qui, en i5ga , distingua de nouveau le sexe des plantesi
Camérarius, en 1694, et Vaillant, en 1727, donnèrent lespreuves
et les circonstances de ce phénomène; Linné , en 1736, fit enfin
généralement adopter cette opinion , en ajoutant quelques
preuves aux faits déjà connus, mais sur-tout en s’en servant
comme base de sa classification.
276. Quoique les détails dans lesquels je suis entré sur la
structure des fleurs puissent suffire pour établir celte opinion,
je crois devoir rappeler ici les preuves principales sur lesquelles
elle est fondée.
1°. Toutes les fleurs qui n’ont que des étamines , ne donnent
jamais de graines.
20. Toutes les fleurs qui n’ont que des pistils , ne donnent de
graines fertiles qu’autant qu’elles ont auprès d’elles des fleurs
chargées d’étamines ; Gledistch possédoit à Berlin un palmier
femelle qui , chaque année, fleurissoit sans porter de fruit ; il
fit venir de Dresde , par la poste , la poussière fécondante d’un
palmier mâle, la répandit sur les stigmates de la femelle, et
celle-ci porta des fruits pour In première fois.
0°. Lorsque, dans une fleur munie d’élamines et de pistils ,
on supprime les étamines , le pistil ne donne point de graines
fécondés; cette expérience a été faite par Linné; nous 1^
voyons répétée en grand lorsqu’il pleut à l’époque de la fleuraison
de la vigne ou du bled ; la pluie entraîne les anthères ,
et un grand nombre d’ovaires avorte faute de fécondation.
4°. Lorsque, dans une fleur munie d’étamines et de pistil,
on supprime ce dernier, la fleur ne porte aucune graine; la
même chose a lieu si on coupe le style avant la fécondation; et
dans les ovaires à plusieurs loges et à plusieurs styles, lorsqu’on
coupe un des styles ou des stigmates , la loge correspondante
du fruit avorte nécessairement.
277. 5°. Enfin, à ces preuves if en faut ajouter une dernière ,
tiree des fécondations croisées; lorsqu’on pose sur le stigmate
d une fleur femelle le pollen d’une fleur mâle d’une autre espèce
, on obtient souvent des graines , lesquelles produisent des
individus mixtes entre le père et la mère ; ces espèces de mulots
végétaux ont recule nom d’hybrides-, cette expérience,
faite par Linné, lui a suggéré l’idée hardie que les espèces
de plantes étoient autrefois moins nombreuses qu’actuellement;
que leur nombre a augmenté et augmente encore par des croi—
semens de races; il a même cru reconnoître quelques-unes de
ces hybrides naturelles ? mais observons que l’expérience est
tres-delicale a faire; qu elle manque souvent, même avec les
plus grandes précautions; qu’elle exige la suppression totale des
organes de 1 un des deux sexes , ce qui rt*a jamais lieu d'ans
•la Nature; que les classes des plantes, comme les papiliona-
cées, où les organes sexuels sont très-rapprochés et enveloppés
dans la corolle, offrent autant de variétés que celles où les
fleurs sent très-ouvertes; et, d’après ces" considérations nous