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un peu d’humidilé sur la plante. Au reste , l’influence de la lumière
sur ce phénomène est tellement marquée, que la simple
interposition d’un papier entre le soleil et la plante , diminue la
transpiration.
205. Si l’on compare avec beaucoup d’exactitude , comme l’a
fait M. Senebier, la quantité pompée par une branche, avec
celle qui est transpirée, on trouve que, généralement, l’eau
tirée est à l’eau rendue coqune 3:2 . Ce fait fournit une première
induction qu’une partie de l’eau même se fixe dans le végétal.
M. Senebier a encore comparé la nature de l’eau pompée et
de l’eau expirée : il a fait tremper des branches dans de l’infusion
de cochenille, et il a vu que l’eau expirée par elle étoit
parfaitement transparente ; il a cependant retrouvé quelque pré-
sencè d’acidité dans l’eau expirée par des piaules qui trempoient
dans de l’eau mêlée d’acide muriatique et sulfurique. Enfin , il
s’est assuré que l’eau transpirée par différentes plantes contient
•a îs'as son P°'^s de matière étrangère ; que celle de la vigne
en contient ; que cette matière étrangère est dissoluble,
partie à l’eau , partie à l’alkool, et que le résidu est un mélange
de chaux et de sulfate de chaux.
206. Lorsque la transpiration est modérée, chaque gouttelette
d’eau qui arrive à l’orifice d’un vaisseau, s’évapore, et la
transpiration est ce qu’on appelle insensible ; s’il arrive une trop
grande quantité de liquide à l’orifice du vaisseau, l’évaporation
ne peut avoir lieu subitement, et il se forme une gouttelette
d’eau. Ce phénomène a lieu notamment dans les feuilles pointues
et à nervures simples, parce que les sommités de plusieurs
vaisseaux aboutissent dans un même lieu, et que les gouttelettes
d’eau , étant réunies, deviennent plus visibles et plus difficiles à
évaporer. Ainsi, la sommité des feuilles de graminées est souvent
munie , au lever du soleil, d’une gouttelette d’eau. Miller
a vu de même des gouttes d’eau suinter de la sommité d’une
feuille de bananier. On sait que certains arums ont la sommité
de la feuille terminée par un filet, qui est un faisceau de nervures.
Ruysch a vu une plante de ce genre, qui, lorsqu’on l’arrosoit,
émettoit des gouttes d’eau de la sommité de son filet. C’est, je
pense , à un mécanisme analogue qu’on doit rapporter le phénomène
que présente le nepenth.es dislillatoria , dont le godet
(pl. 7, f. 5 ) se remplit naturellement d’eau.
307. Les détails dans lesquels je viens d’eptrer, tendent à
prouver
prouver l’assertion par laquelle j’ai commencé cet article; savoir,
que l’émanation aqueuse des végétaux est un excrément
et non une secrétion : en effet, celte eau est presque pure , et
p’a donc pas été élaborée par le végétal. Elle sort en quantité si
considérable, qu’on ne peut l’attribuer à une élaboration spéciale;
elle suinte par l’extremité même des vaisseaux où nous
savons que la sève est renfermée; elle sort toujours en quantité
proportionnée à la succion; enfin elle sort , dans plusieurs circonstances,
très-peu de temps après que la sève a été pompée.
a r t i c l e i v .
De l’Action de l’atmosphère sur la Nutrition
208. Si l’on expose sous l’eau de source , au soleil, une plante
Verte , on voit la surface de ses feuilles se couvrir de bulles d’air ;
ces bulles analysées offrent toujours de l’air plus pur que l’air
atmosphérique. Gn a vu d’abord, dans ce phénomène, une
simple expiration gazeuse des végétaux. Les recherches importantes
de M. Senebier ont prouvé que ce fait est lié à tous les
phénomènes les plus essentiels de la nutrition. En effet,
i°. Cet air n’étoit point simplement contenu dans les vaisseaux
et les cellules de la feuille , car il est également fourni
par les feuilles épuisées d’air sous la pompe pneumatique.
20. Cet air provient essentiellement de celui qui est dissous
dans l’eau sous laquelle la plante est exposée; en effet, les
plantes vivantes ne dégagent point de gaz, lorsqu’on les place
sous l’eau bouillie ou sous l’eau fraîchement distillée.
5°. Si on place une plante sous de l’eau qui ne contienne en
dissolution que du gaz azote, du gaz hydrogène ou du gaz oxi-
gène, il se dégagera une très-petite quantité d’air semblable à
celui dissous dans l’eau, et comme il s’en seroit dégagé, si on
eût mis tout autre corps sous l’eau du récipient.
4°. Au contraire, si l’eau contient en dissolution du gaz acide
carbonique, il se dégage une très-grande quantité d’air, et
cet air est du gaz oxigène presque pur. Ces faits,' bien avérés ,
prouvent que les plantes , dans ces circonstances , décomposent
le gaz acide carbonique , s’approprient son carbone , et rejettent
l’oxigène sous forme de gaz.
209. En étudiant avec soin les circonstances de ce phénomène
«0 s’est encore assuré que cet effet a lieu seulement lorsque les
J ’orne /. M