208 P R I N C I P E S DE B O T A N I Q U E ,
analogies , savoir, que les deux espèces soient de nature à entrer
en sève à-peu-près à la même époque, que la quantité de
sève absorbée par l’une et par l’autre soit à-peu-près égale,
que la nature des sucs soit peu différente, qu’eufin la forme
des vaisseaux soit de nature à leur permettre de s’aboucher ;
quant à cette dernière condition , dont nos connoissanccs anatomiques
ne nous permettent pas encore de juger directement,
nous en trouvons un indice dans les rapports naturels, et on.
observe que les plantes de même genre ou de même famille se
greffent plus facilement ensemble que celles qui appartiennent
à des familles différentes. Lorsque ces diverses conditions sont
remplies, le bouton se développe , et toutes les branches qui
en sortent sont absolument semblables à celles que le bouton .
auroit produites , si on l’eût laissé dans sa place naturelle. Cette
assertion est vraie lorsqu’on la considère dans sa généralité ;
mais on ne peut nier cependant que la nature du sujet n’ait,
dans certains cas , une légère influence sur la nature des sucs ,
et notamment sur le fruit de la greffe.
266. Tout ce que nous avons dit sur la naissance d’une branche
, s’applique, avec de légères modifications , à d’autres modes
de reproductions. Ainsi, dans les tiges souterraines et bulbeuses
, la jeune branche qui pousse latéralement , porte le nom
de cayeu (bulbillus ).
Dans les plantes dont les racines supérieures ou les branches
inférieures s’étalent à la surface du sol, elles poussent, d’espace
en espace, des racines et des boutons à feuilles : il suffit de
séparer ces parties de la plante-mère , pour reproduire un nouvel
individu ; ces productions nouvelles se nomment" drageons
( stolones ).
267. De même si, par une ligature ou une coupure transversale,
on arrête'le mouvement de la sève descendante , il se
forme à la partie Supérieure un bourrelet, lequel étant enveloppé
de terre humide, donne naissance à des racines; tantôt
on coupe la branche, on la met en terre, et les racines naissent
de la partie inférieure de son ecorce : ce nouvel individu porte
le nom spécial de bouture ; ailleurs on ne sépare la branche que
lorsqu’elle a poussé des racines dans la terre placée autour du
bourrelet; quelquefois on couche une branche ou un arbre en
terre, son écorce pousse des racines et on coupe ensuite les
branches,
A C T I O N D E S O R G A N E S . 2c9
branches , dont chacune produit un nouvel individu : dans plusieurs
plantes il naît des racines dans les places où la sève s’arrête
naturellement , telles que les aisselles des feuilles et les
articulations de la tige. Ces différens. procédés de multiplication
artificielle, portent le nom de marcotte.
A R T I C L E I I I .
De la Reproduction par graines en général.
268. La reproduction par le moyen des graines , se compose
de quatre époques que nous allons étudier séparément: la fleu-
raison, la fécondation, la maturation et la germination.
A R T I C L E I V.
De la Fleuraison.
269. L’époque de la fleuraison des végétaux, comparée avec
leur âge , offre les mêmes diversités que l’époque de la puberté
parmi les animaux. Il en est qui fleurissent en moins d’une
année; d’autres demeurent deux, trois ou plusieurs années
avant de fleurir, La plupart continuent ensuite à fleurir d’année
en année jusqu’à la fin de leur vie. Les circonstances extérieures
peuvent accélérer ou retarder cette époque de la puberté
des végétaux. Ainsi, la plupart de nos plantés bisannuelles,
mises en serre ou transportées sous les tropiques, fleurissent la
première.année; plusieurs autres, qui dans les pays chauds sont
annuelles, deviennent bisannuelles dans nos climats. La nature
du sol influe aussi sur ce phénomène. Ainsi, certaines plantes
maritimes, telles que 1 e nitraria, fleurissent plutôt lorsqu’on
les arrose avec de l’eau salée. Un sol trop gras développe beau
coup de feuilles et peu de fleurs; un sol maigre accélère souvent
la fleuraison : c’est peut-être à ce même fait qu’il faut rapporter
deux observations constatées par les cultivateurs ; savoir i° que
les boutures fleurissent souvent plutôt que si on eût laissé les
mêmes boutons suivre leur développement naturel ; 20 que
les plantes qui ont fait un long voyage fleurissent fréquemment
dans l’année de leur arrivée. Il semble , dans ces différens cas
que l’individu épuisé se hâte de donner conserver l’espèce. des grâines, afin dé
Tome /. q