
 
		* Enfin,  si  le  roulement  est  incomplet  à  cause  du peu  de  
 largeur des feuilles , on dit qu’elles sont courbées (curvata).. 
 85.  L’accroissement  des  feuilles  suit  des  loix  différentes ,  
 selon  la  disposition  des  nervures ;  dans les  feuilles à  nervures  
 simples,  ou  dans  la  plupart  des  inonocotylédones,  la  largeur  
 est  déterminée  par  le nombre  et  la  distance  des nervures ,  et  
 elle ne  peut presque  plus  s’augmenter après  la naissance  de  la  
 feuille ;  celle  feuille  continue  long-temps ,  au  contraire ,  de  
 croître  en longueur,  et  si l’on marque  des points  placés à  distance  
 égale sur toute leur longueur ,  on observe avec Duhamel  
 que  ces feuilles  ne croissent  que  par la base ,  c’est-à-dire  que  
 la  partie  supérieure  est,  pour  ainsi  dire,  poussée  en  l’air  par  
 l’alongement de la partie  inférieure.  Quant aux feuilles à nervures  
 rameuses,  c’est-à-dire  à  celles  de  toutes  les  dicotylédones, 
   elles grandissent à-la-fois  en longueur et en  largeur ;  il  
 paroît que dans ces feuilles, la végétation tend ,  i°. à augmenter  
 le tissu cellulaire interposé entre les nervures;  2®  à étendre  
 les  nervures  elles —mêmes  dans  toute  leur  longueur.  Nous  
 avons vu  que  la  diversité d’accroissement de ces organes est la  
 cause des découpures  ( 67 ). 
 86.  La  d uree  des  feuilles  est  loin  d’être  la même  dans  dif-  
 férens végétaux;  dans les  uns,  les feuilles  meurent  seulement  
 à la même époque que la tige  ou la branche qui les porte :  c’est  
 ce  qui arrive  dans  presque toutes les  plantes  à  tiges annuelles.  
 Parmi les  plantes vivaces,  les  feuilles meurent  toujours  avant  
 le  rameau  qui  les  porte;  mais  ici  on  peut  distinguer  deux  
 classes relativement à la  durée  des feuilles  :  les unes  meurent  
 à  une  époque  déterminée,  et  restent  sur  la  tige  jusqu’à  ce  
 qu’elles  soient  détruites  par  parcelles  par  les  intempéries  de  
 l’air; les secondes meurent à  une  époque déterminée,  et tombent  
 d’elîes-mêmes après leur mort.  La première de ces classes  
 porte le nom de feuilles persistantes ( persistentia); la seconde,  
 celui  de feuilles caduques  (caduca). 
 87.  Les feuilles étant d’un  tissu  délicat,  et  servant de  passage  
 à  la plus  grande  partie  des  sucs  des  végétaux ,  leurs  organes  
 sont assez promptement obstrués et endurcis ;  alors  elles  
 meurent, et si la tige  qui  les porte  est du même tissu qu’elles,  
 ces  deux  organes  sont  détruits  en même  temps ;  si,  au  contraire  
 ,  la  tige  persiste  au-delà ,  la  feuille  morte  éprouve  ua  
 sort  different  ,,  selon  la manière  dont  elle  est fixée  à  la  lige ; 
 D E S C R I P T I O N   P  ES  ORGANE S .   1C9  
 si elle est  adhérente  ( 54),  c’est-à-dire,  si elle est liée par  sa  
 nervure  et  par son parenchyme,  alors  elle  est  nécessairement  
 persistante  (86),  c’est-à-dire,  qu’elle  ne  se  détruit  que  par  
 morceaux,  et lorsqu’elle est  exposée  aux  intempe'ries de  l’air ;  
 si, au contraire,  la  feuille  est  articulée ,  c’est-à-dire ,  qu’elle  
 n’adhère à la tige  que  par  ses  vaisseaux  ( 54),  elle  est  nécessairement  
 caduque  (86).  Il  en  est  de  même  des  parties  des  
 feuilles;  lorsqu’elles sont adhérentes les unes  aux autres, c’est-  
 à-dire,  quand  la feuille  est simple,  elles  tombent toutes à-la-  
 fois ;  quand elles sont articulées ,  c’est-à-dire ,  quand la feuille  
 est  composée  ,  ses  folioles  peuvent  tomber  séparément  lorsqu’une  
 cause  quelconque leur procuré une mort partielle;  il  se  
 trouve même  quelquefois  des  pétioles  persistans  à  folioles  caduques  
 :  c’est ce qui forme les épines des astragales épineux.  Si  
 l’on  demande  pourquoi  les  feuilles  articulées  ne  tombent  pas  
 pendant  leur  vie,  et  tombent  après  leur  mort,  je  répondrai,  
 i°.  qu’elles  tombent même  pendant leur vie  très-facilement ,  
 et se détachent presque toujours sans déchirement; 20. que leurs  
 vaisseaux ,  tant qu’ils sont mois,  flexibles et gonflés par les sucs  
 nourriciers ,  peuvent  se  plier  à  l’agitation  que  l’air  imprime  
 aux  feuilles,  et les  soutenir ;  mais  dès  que leur  flexibilité  est  
 détruite,  la feuille  cède  à  la  moindre  impulsion,  telle  qiie  la  
 pluie ,  le brouillard ,  etc. 
 88.  Parmi les  feuilles caduques, il  se présente  encore  quelques  
 variétés dignes d’attention,  soit relativement à la durée de  
 leur  vie,  soit  relativement  au  temps  qui  s’écoule  entre  leur  
 mort et leur  chute.  Quant  au premier point,  ou  conçoit (87)  
 que  la  durée  d’une  feuille  est  d’autant  plus  courte  ,  que  
 le passage  des  sucs y  est plus  abondant ,  c’est-à-dire ,  qu’elle  
 a  plus  de  pores  corticaux ,  et  qu’elle  doit  être  d’autant  plus  
 longue,  que  le  passage  des  sucs  est  plus  lent,  c’est-à-dire,  
 quand le nombre des pores corticaux est peu considérable ; cette  
 différence  produit  deux  classes  de  feuilles ,  savoir :  i°.  celles  
 qui meurent  avant  que  les  nouvelles  feuilles  soient  sorties  de  
 leur bourgeon :  ce  sont  les  feuilles  annuelles,  et  ori  dit  des  
 arbres qui  les  portent,  qu’ils  se  dépouillent  pendant  l’hiver;  
 2°.  celles  qui  ne  meurent  qu’après  que  les  nouvelles  feuilles  
 sont  sorties  du  bourgeon  :  c’est  ce  qui  arrive  à  deux  classes  
 de  plantes  bien  différentes  ,  les  arbres  toujours  verds  et  les  
 plantes grasses. Quant à la durée du temps qui s’écoule  entre la