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les dissolutions métalliques, comme les eaux distillées des
choux et de la plupart des crucifères.
2D2. Toutes les parties des plantes émettent des odeurs :
ainsi, la racine est aromatique dans toutes les drymyrhizées ,
fétide dans toutes les valérianées vivaces. Le bois est odorant
dans plusieurs laurinees, fétide dans l’olax zeylamca. L’écorce
et les feuilles sont odorantes dans les laurinées, les labiées , les
myrlées, souvent fétide dans les rutacées. Les fleurs offrent
sur-tout une variété d’odeurs très-remarquable : toutes ont,
à un degré plus ou moins marqué , l’odeur du pollen ; mais , en
outre , il en existe un grand nombre dont les corolles sont odorantes
j les unes , comme celles des stapelia , exhalent une odeur
si fétide, que certains insectes y déposent leurs oeufs, comme
dans la viande pourrie . Le plus grand nombre produit, au contraire,
les parfums les plus aromatiques. Au milieu de cette diversité
dans l’origine des odeurs végétales , il est bon de remarquer
, avecM. Nicholson , qu’en général les odeurs qui'ne
proviennent pas des corolles n’agissent point sur les nerfs,
même lorsqu’elles sont fortes, tandis que les odeurs produites
par les corolles ont sur-tout, lorsqu’elles sont fortes, un effet
spasmodique très-marqué et souvent dangereux. Les premières
sortent rarement du végétal sans trituration -, se conservent souvent
après sa mort, et se rencontrent principalement dans les
jflantes où nous observons des vésicules glanduleuses, pleines
de sucs propres stationnaires, ou d’huile essentielle. Les secondes,
au contraire, sortent spontanément des fleurs, ne se
conservent presque jamais après leur mort, et rarement après
la fécondation ; elles sont produites par des corolles où les yeux ,
armés des meilleurs instrumens, ne peuvent distinguer aucun
organe destiné à cette secrétion. Les unes émettent continuellement
leur odeur; d’autres , telles que Y ale Iris fragrans ou le
cactus grandijlorus, exhalent leur parfum d’une manière
brusque et instantanée; le cestrum diurnum n?est odorant que
pendant le jour ; un grand nombre, au contraire, telles que le
cestrum nocturnum , le géranium triste , etc., exhalent leurs
parfums à l’entrée de la nuit ; presque toutes les fleurs semblent
même plus odorantes à cette époque. En général , les fleurs
cessent d’être odorantes à l’époque de la fécondation , et c’est
un des avantages des fleurs doubles, que la fécondation ne s’y
opérant point, leurs parfums sont plus durables. La lumière
paroît n’avoir aucune influence sur ce phénomène ; du moins
une jonquille, élevée par M. Senebier à l’obscurité totale, a
fleuri et a développé son parfum comme à l’ordinaire.
2.35. Les secrétions liquides sont au moins aussi variées, et
peut-être un peu mieux connues que les secrétions gazeuses :
plusieurs d’entre elles s’opèrent par les poils glanduleux placés
sur la surface du végétal; tel est le suc caustique des poils de
l’ortie et du malpighia urens; le suc acide du pois ciche; Je sue
visqueux des drosera. Des secrétions ordinairement miellées
sont aussi produites dans les fleurs par les véritables nectaires ;
dans plusieurs végétaux , au contraire , des sucs analogues suintent
sur l’écorce ou les feuilles , sans qu’on puisse y découvrir
d’organes spéciaux affectés à cet usage. Ainsi, l’écorce du robinier
visqueux, de la gysophila viscosa, de plusieurs silenés-,
exsude un suc visqueux; les feuilles florales de l’inula gluti-
nosa suintent une liqueur blanche et très - visqueuse; les
feuilles du mélèse suintent une espèce de manne. Le bole—
tus suberosus transude , d’après M. Plenck , un suc légèrement
acide. Il est très-probable que les petits lichens qui s’enfoncent
dans les pierres produisent ce phénomène, à-peu-près comme
les vers qui creusent les rochers, c’est-à-dire , en transudant
une liqueur qui est de nature à dissoudre certaines pierres.
234- Enfin , les racines elles-mêmes présentent, dans quelques
plantes, des secrétions particulières ; c’est ce qu’on observe
dans le carduus arvensis , l’inula helenium, le scabiosa
arvensis, plusieurs euphorbes et plusieurs chicoracées. Dans
ces dernières plantes , ces secrétions ont été très-visibles , parce
qu’elles sont laiteuses comme le suc propre : il semble que ces
secrétions des racines ne soient autre chose que les parties des
sucs propres, qui, n’ayant pas servi à la nutrition , sont rejetées
au dehors lorsqu’elles arrivent à la partie inférieure des
vaisseaux. Peut-être ce phénomène, assez difficile à voir, est-
il commun à un grand nombre de plantes. MM. Plenck et Hum-
boldt ont eu l’idée ingénieuse de chercher dans ce fait la cause
de certaines habitudes des plantes. Ainsi, on sait que le chardon
des champs nuit à l’avoine; l’euphorbe et la scabreuse-au
lin; l’inule aulnée à la carotte; l’érigèron âcre et l’ivroie au
froment, etc. Peut-être les racines de ces plantes suintent-
elles des matières nuisibles à la végétation des autres. Au contraire
, si la salicaire croît volontiers près du, saule, l’orobanche