i58 P R I N C I P E S D E B O T A N I Q U E ,
qui est affecté à l’espèce, sans cependant être jamais doublé.
Cette variation, que l’on peut observer dans le teucrium nis-
solianum , a fait regarder par plusieurs Botanistes le caractère
qui se tire des divisions de la corolle , comme équivoque et fautif
: cette difficulté, si elle étoit solide, porleroit également
contre le nombre des étamines ; mais on auroit dû remarquer
que dans le cas même dont il s’agit, l’intention de la Nature
est toujours marquée, outre que là constance des autres fleurs
de l’individu empêchera qu’un accident de l’espèce de celui
dont je parle, puisse être une cause de méprise pour un observateur
tant soit peu attentif.
A r t i c l e y 1 I I .
Du Calice.
140. - Nous désignons ici sous le nom de calice ( ealix ) ( pi.
g, f. 8 ,“«), l'enveloppe extérieure et foliacée qui entoure la
corolle dans toutes les fleurs complettes. Linné distinguoit plusieurs
espèces de calices; mais comme il réunissoit sous un
nom commun des organes hétérogènes , les Botanistes restreignent
le sens de ce terme à l’espèce qu’il nommoit périanthe
(perianthium). Le calice est entièrement analogue aux feuilles ;
son tissu intérieur offre des vaisseaux disposés comme dans les
feuilles florales; son épiderme présente des pores corticaux ; les
sucs qu’il renferme sont presque toujours semblables à ceux
des feuilles ; sa couleur est constamment verte ; il s’étiole à
l’obscurité ; il exhale du gaz oxygène lorsqu’on l’expose au soleil
sous l’eau de source ; en un m ot, le calice est évidemment
composé de feuilles florales avortées et gênées dans leur développement;
c’est réellement un involucre particulier , très-voisin
de la fleur.
141. C’est d’après ce principe ( 140) que les Botanistes ont
désigné les pièces du calice sous le nom de feuilles ou de fo lioles,
lorsqu’elles sont distinctes les unes des autres : ainsi on
dit d’un calice qu’il est diphylle ( diphyllus), triphylle (tri-
phyllus), tétraphylle ( tetraphyllus), pentapliylle (pentaphyl-
lus), hexaphylle ( hexaphyllus), heptaphylle ( heptaphyllus ),
octophylle ( octophyllus), ennéaphylle ( enncaphyllus ), déca—
phylle ( decapbyllüs ), polyphylle ( polyphyllus ), lorsqu’on
ve’ut désigner qu’il a deux, trois, quatre, cinq., six, sept a
D E S C R I P T I O N DE S O R G A N E S . i5y
huit, neuf, dix ou un plus grand nombre de pièces distinctes;
quelques Botanistes ont employé dans le même sens le mot
de sépale ( sepalum) pour désigner la feuille du calice; mais
cette innovation n’a pas été adoptée. On dit que le calice est
monophylle ( monopliyllus ), lorsqu’il est composé d’une seule
pièce, ce qui peut arriver, soit parce que la corolle n’a réellement
à sa base qu’une seule feuille, soit, et c’est le cas presque universel,
parce que les feuilles du calice sont naturellement soudées
; dans les calices monophylles, on désigne la profondeur
des lobes par les mêmes termes dont on se sert relativement
à la corolle monopétale ( 128, 12g ) , et en général la forme
et la disposition des feuilles du calice se désignent par les memes
termes que la forme des feuilles et des pétales.
142. La durée du calice est différente , selon qu’il est composé
de feuilles articulées ou adhérentes; dans le premier cas ,
qui ne peut avoir lieu que dans des calices à feuilles distinctes,
on dit que le calice est
Caduc (caducus), lorsque ses feuilles se détachent d’elles-
mêmes à l’époque de l’épanouissement de la fleur; par exemple,
les pavots.
Tombant ( deciduus ) , lorsque ses feuilles se détachent
d’elles-mêmes à la fin de la fleuraison ; par exemple, les renoncules.
Dans le second cas , on dit du calice qu’il est
Persistant ( persistens ), lorsqu’il reste en place après la
fleuraison jusqu’à la maturité des graines ; par exemple , la
sauge.
Marcescent ( marcescens ) * quand , étant persistant, il se
dessèche et s’oblitère sans tomber ; par exemple , le genêt à
balai.
Accrescent ( accrescens , accretus , crescens ), lorsqu’après
la fleuraison, il persiste et continue à prendre de l’accroissement;
par exemple, l’alkekenge, le rosier.
i45. Le calice est constamment placé au-dessous de l’ovaire ;
cette règle , établie par M. Ventenat, ne souffre aucune exception
réelle ; mais dans plusieurs plantes à calice monophylle, le
calice se soude naturellement en tout ou en partie avec l’ovaire
; par exemple, dans le poirier; dans ce cas on dit , en
parlant, soit du calice , soit de l’ovaire , qu’ils sont adhérens
( adhoerentes ) ; dans le cas contraire , c’est-à-dire, quand le