mort presque aucun signe d’irritabilité; et M. VanMarum a vu
que les euphorbes qui avoient reçu une très-forte décharge de
batterie électrique, ne donnent plus de suc lorsqu’on les coupe
en travers , quoique ce suc sorte encore des vaisseaux lorsqu’on
les presse avec la main. M. Th. de Saussure a-remarqué que si
l’on fait végéter des plantes dans des gaz qui, à 1 état de pureté,
ne peuvent leur donner aucun aliment , tels que les gaz azote ,
hydrogène et acide carbonique, elles périssent beaucoup moins
vite dans les premiers que dans le dernier , comme cela ariive
dans les asphyxies des animaux. M- Humboldt observe que 1 a-
cide muriatique oxigéné, qui irrite puissamment les muscleS
des animaux, accélère aussi, d’une manière très-marquée, la
germination des plantes. Les piqûres mécaniques, avec des aiguilles
très-fines, font contracter les muscles des animaux, et
produisent le même effet sur les plantes. Ainsi, en piquant les
étamines de l’opuntia, de l’épine-vinette , les anthères des cy-
narocéphales, les poils des drosera, les feuilles de la dionæa, élc.,
on fait exécuter à ces organes des mouvemens bien plus considérables,
que n’eût pu faire la seule agitation mécanique qui
leur a été communiquée. M- Julio assure que si l on mêlé avec
de l’eau un peu d’opium dissous dans le suc gastrique de corneille,
et qu’on y fasse tremper des branches chargées de fleurs
équinoxiales, par ^exemple , des ftcoïdes, ces fleurs exécutent
leurs mouvemens avec beaucoup plus de lenteur qu’à l’ordinaire s
ajoutons encore que la chaleur agit comme stimulant sur les animaux
et sur les végétaux.
i85. Certains phénomènes, communs à presque toutes les
plantes , et qu’on ne peut expliquer par les causes mécaniques,
nous fournissent, en faveur de l’irritabilité des végétaux, une
troisième classe de preuves , qui, quoique moins directes que
les précédentes, n’en sont pas moins importantes. Ainsi , pous
verrons dans la suite (201) qu’on ne peut concevoir le mouvement
des liquides dans les vaisseaux des plantes, sans admettre
que ces vaisseaux peuvent se contracter par l’effet de certains
agens. Pourrions-nous concevoir, sans l’irritabilité, ces mouvemens
variés qu’exécutent les étamines et les pistils à l’époque
de la fécondation? Pourrions-nous comprendre la fécondation
elle-même ? L’acte de la germination ne tient-il pas à la meme
cause? Peut-on, sans elle , avoir une idée nette du sommeil des
fleurs et des feuilles, et de la tendance des tiges vers la lumière, etc.?
A C T I O N DE S ORGANE S . i65
Je ne fais qu’indiquer ici succinctement ces divers faits, sur lesquels
je reviendrai dans la suite.
184. Enfin, certains phénomènes, propres à un petit nombre
de plantes, joints avec les précédens , concourent à appuyer la
théorie de l’irritabilité. Ainsi, tout le monde sait que plusieurs
mimosa, et notamment la sensitive, ferment leurs folioles et
abaissent leurs pétioles lorsqu’on leur imprime une agitation plus
ou moins forte. Ce phénomène se présente avec toutes les circonstances
d’un effet de l’irritabilité : d’après l’observation de M. Mir-
bel , il a lieu dès la germination et pendant toute la durée de la
plante. Il se montre avec d’autant plus d’énergie , que l’individu
est plus vigoureux. Il est favorisé par la chaleur, et retardé par le
froid. M. Desfontaines a observé qu’en soumettant une sensitive
à une agitation continue , comme, par exemple, en la mettant dans
une voiture, elle commence d’abord par fermer ses feuilles,
puis s’habitue à ce mouvement, finit par n’en pas être affectée
épanouit ses feuilles comme dans l’état de repos , et les referme
si on vient à la toucher avec le doigt. Il a vu encore que, si, sur
les feuilles de deux sensitfves , on place très-délicatement sur
jj’une une goutte d’eau,sur l’autre une goutte d’acide sulfurique, les
feuilles delà première ne donnent aucun signe de mouvement;
mais dans la seconde, la feuille, placée immédiatement au-
dessus du point où est l’acide sulfurique, commence à se fermer
; celles qui sont au-dessus se ferment successivement, tandis
que celles du dessous ne s’ébranlent point. C.ette même expérience
, répétée par M. Desfontaines sur des mimosa non sensibles
au tact, les force à fermer leurs feuilles comme celles des
sensitives.
L’hedysarum gyrans a ceci de plus singulier encore, c’est
que ses folioles sont spontanément dans un état d’oscillation
.presque perpétuel, qui paroît accéléré par la chaleur jointe à
l’humidité, mais qui d’ailleurs n’est nullement modifié par les
agens extérieurs. MM. Hallé, Cels et Sylvestre ont même observé
que ce mouvement a lieu, dans les feuilles., et jusque dans
les parties des feuilles détachées de la plante.
Pour expliquer ces faits .remarquables, M. de Lamarck fait
observer qu’il s’échappe de toutes les plantes des fluides élastiques
et invisibles; qu’il est possible que dans quelques-unes
d’entre elles ces fluides soient retenus avant leur sortie dans certaines
cellules : alors, selon la disposition de ces cellules, tantôt
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