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2x4 P R I N C I P E S DE B O T A N I Q U E ,
conviendrons que s’il existe des hybrides naturelles , elles sont
au moins beaucoup plus rares qu’on ne l’a cru, et n’ont peut-
être lieu que dans les plantes dioïques,
278. En répétant, avec beaucoup de soins, les expériences
que j’ai indiquées plus haut ( 276 ) , Spallanzani a observé
que certaines plantes femelles, telles que l’épinard, donnent
des graines fertiles lors même qu’elles n’ont reçu l’impression
d’aucun organe mâle. Ces faits sont encore trop peu nombreux
pour leur donner une grande confiance; mais fussent-ils même
beaucoup mieux constatés, ils ne prouveroient autre chose,
sinon que dans certains végétaux, comme dans certains animaux
(les pucerons), une seule fécondation peut suffire pour plu-,
sieurs générations.
279. Toute la structure des fleurs est combinée sur la condition
générale que la fécondation s’opère dans l’air : celui-ci
transporte le pollen sur le stigmate, qui, étant humide, fait
rompre les petites vésicules du pollen , de sorte que le liquide
fécondateur imprègne le stigmate. Cette propriété remarquable
qu’a le pollen de s’éclater au contact de l’humidité , rend absolument
impossible toute fécondation sous l’eau , et nous voyons
en effet que toutes les plantes aquatiques viennent fleurir à
la surface. La vallisnérie offre un exemple remarquable du
besoin que les végétaux ont d’opérer leur fécondation dans,
l’air; les mousses aquatiques viennent elles-mêmes fleurir à
la surface de l’eau; et s’il existe, ce qui n’est pas encore
prouvé, quelques cryptogames dont la fleuraison se passe sous
l’eau , il est très-probable que celte fleuraison sera analogue à
celle de la pillulaire ; c’est—à-dire, qu’elle aura lieu dans des
cavités fermées et pleines d’un air secrété pkr la plante, On peut
cependant faire fleurir des plantes sous l’eau; mais leur pollen
, examiné au microscope , est entièrement dénaturé. M. Ra-
mond a vu des renoncules aquatiques fleurir au fond de l’eau;
leurs ovaires paroissoient dans un état sain s comme les graines
n’ont point été semées, on ne peut s’assurer si elles étoient fertiles;
et quand l’expérience auroit réussi, elle tendroit seulement,
ce me semble, à fournir un nouvel exemple que dans
quelques végétaux une fécondation peut suffire pour plusieurs
générations (278).
280. Au moment 0« la fécondation va s’opérer > les organes
$
sexuels exécutent certains mouvemens d’orgasme qui ont fixé
l’attention des Naturalistes , comme étant des indices de 1 irritabilité
des végétaux et de l’analogie de la reproduction des
plantes avec celle des animaux. Ces mouvemens ont été décrits
avec autant d’exactitude que d’élégance par M. Desfontaines.
Dans plusieurs litiacées , dans les rues , les saxifrages, etc. , les
étamines s’approchent du pistil au moment de lancer leur pollen ;
dans les géranium et les kalmia , les filets se courbent pour poser
l’anthère sur le pistil: dans plusieurs plantes, les étamines s’approchent
successivement du pistil ; ailleurs , toutes celles a un
même rang s’en approchent ensemble ; quelquefois , comme dans
le tabac , elles s’en approchent toutes à-la-fois. Les organes femelles
offrent aussi quelques mouvemens d’orgasme; mais ils
sont moins marqués que dans les mâles , comme si la loi qui
porte ceux-ci à chercher les femelles étoit commune à tous
les êtres organisés. Les pistils des nigelles, des passiflores,
du lys , de l’épilobe , se penchent du côté des étamines ; les stigmates
de la tulipe et de la gratiole se dilatent d’une manière
remarquable.
281. C’est probablement à' la même classe de phénomènes
qu’on doit rapporter le fait singulier observé par M. Lamarck,
que le chaton des arum acquiert une chaleur considérable a une
certaine époque de la fleuraison, M. Senebier a vu que , dans le
gouet commun , cette chaleur va jusqu’à 2i°,8, l’air ambiant
étant à i4°,g. Elle s’élève jusqu’au-delà de 4c° dans un arum de
l’Is!e-de-France, observé par M. Bory. M. Senebier pense que
cette chaleur est due à la combinaison rapide du gaz oxigène de
l’air avec la surface du cliaton, et il apporte en preuve que cette
surface noircit pendant le phénomène.
A R T I C L E VI .
De la Maturation.
282, A peine la fécondation est-elle achevée , que les sucs
qui nourrissoient également toutes les parties de la fleur cessent
d’alimenter d’abord les étamines, puis la corolle , souvent aussi
les styles et le calice, et se jettent tous sur l’ovaire; alors
le fruit commence à grossir : ces sucs se dirigent d’abord vers
les graines et les font grossir; ensuite ils dilatent le péricarpe
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