220 P R I N C I P E S DE B O T A N I Q U E ,
restent plusieurs années sans germer et se développent lorsqu’on
remue le terrein ; celles qui ayant eu assez d’oxigène et, d’eau
pour germer, n’ont pu atteindre la surface du sol, périssent
après avoir germé. Tous les procédés employés par les cultivateurs
pour la conservation des graines , consistent à les garantir
de l’action simultanée de l’eau, de l’oxigène et de la
chaleur.
291. Une graine placée dans les circonstances favorables pour
la germination , absorbe de l’eau ; mais cette eau paroît suivre
une route différente dans les graines des différentes familles;
si on sème différentes graines, dont les unes ont la cicatricule
couverte de mastic, et d’autres ont la surface entière mastiquée ,
sauf la cicatricule , on observe : i°. que dans les graines des •
graminées, et peut-être dans toutes les monocotylédones, l’eau
pénètre dans les graines par la cicatricule; 20. que dans les légumineuses
et plusieurs autres dicotylédones , l’eau pénètre les
graines par toute la surface, sauf la cicatricule.
S i, au moyen des eaux colorées, nous suivons la germination
des légumineuses ( la seule famille qu’on ait’encore bien
étudiée sous ce rapport), nous verrons que l’eau colorée pénètre
toute la surface du test, mais ne traverse nullement l’enveloppe
interne; elle se rend, par une multitude de canaux ,
près de la cicatricule au cbalaza : dans ce lieu la sommité de
la radicule se trouve implantée , et c’est par cet organe que
l’eau colorée pénètre dans laplantule; elle entre dans les cotylédons
qu’elle gonfle, et qui alors forcent l’enveloppe à se
rompre.
292. .Si nous cherchons à apprécier l’emploi de chaque partie de
la graine pour la germination, nous voyons d’abord que les
enveloppes servent à protéger les cotylédons de l'humidité et
de la décomposition, et à diriger le fluide aqueux vers la radicule;
mais dans des expériences soignées on peut faire germer
des plantes tout-à-fait dépouillées de leur enveloppe , pourvu
qu’on préserve les cotylédons d’une trop grande humidité.
Les cotylédons servent à la germination , i°. en forçant,
par leur gonllement, la rupture des enveloppes de la graine :
cette puissance des cotylédons paroît analogue à la force avec
laquelle l’eau s’élève dans les tubes capillaires. On n’a cependant
pas encore expliqué comment s’opère l’ouvertiite des
royaux ligneux. 20. Les cotylédons servent principalement à
fournir à la jeune plante , la nourriture nécessaire à son premier
développement ; on peut cependant faire germer une
graine dicotylédone avec un seul lobe, pourvu qu’on ait soin
de mastiquer la coupe pour l’empêcher de se pourrir; on peut
même faire développer pendant quelque temps un embryon
sans cotylédons ; mais , dans le premier cas , on n’obtient qu’une
plante foible et débile , et dans le second elle périt bientôt.
Pour apprécier exactement l’emploi des cotylédons dans la
germination, j’ai pesé avec soin un grand nombre de grains ,
avant et pendant leur germination; dans.des haricots du poids
de 172 décigrammes , les cotylédons en pèsent 160 ; à l’époque
de leur plus grand grossissement, ils ont le poids de
3o6 décigrammes ; après leur mort, ils sont réduits à 29 décigrammes.
Conséquemment si l’on néglige l’acide carbonique
qu’ils ont formé, on trouve que les cotylédons ont fourni à la
plantule 277 décigrammes de matière, dont i 3 i de leur propre
substance, et 146 de l’eau qu’ils avoient d’abord reçu par la
radicule. Parmi les cotylédons, il en est qui sont très-charnus i
gt qui, comme nous venons de le voir, fournissent à la plan—
tule leur propre substance ; ceux au contraire qui sont foliacés
et munis de pores, tirent de l’atmosphère une partie de la
nourriture, qu’ils transmettent à la plantule.
Quant au périsperme , son usage dans la germination , est encore
peu déterminé; quelques-uns, tels que celui des graminées,
se vident en entier à cette époque et jouent réellement
le rôle de cotylédons; d’autres, tels que celui des rubiacées,
ne paraissent subir alors aucune altération (171).
De toutes les parties de la graine , la seule vraiment essentielle
est la plantule. Encore même Yastel est parvenu à faire
germer des haricots, tantôt en coupant perpétuellement leur
radicule au moment où elle sortoil, tantôt en retranchant leur
plurnule. Ni l’une ni l’autre de ces parties ne constituent donc
essentiellement l’individu , et ceci nous ramène à l’opinion de
quelques savans (44) > qui placent dans le collet le centre de la
vitalité.
29a. Nous avons déjà vu (173-174) que la radicule et lapîumnle
ont des propriétés très-différentes : la première tend toujours
à descendre; la seconde toujours à monter. Sr l’on retourne