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composition des plantes, et de ne pas rechercher le mode de
leur introduction. On trouve principalement dans les plantes
de la chaux, de la silice, qui est plus commune dans les graminées
, du carbonate et du phosphate de chaux , du carbo—
nate de potasse , du carbonate de soudedu nitrate de potasse
, du fer oxide, etc. M. Théod. Desaussure a prouvé, par
des expériences très-multipliées et très-exactes, que les plantes
ne forment de toutes pièces aucune des substances indécom-
poaées qu’on trouve dans leur tissu , mais qu’elles les pompent
toutes dans Le terrein ou dans l’atmosphère ; ces différentes
substances ne paroissent pénétrer dans les plantes que
lorsqu’elles sont dissoutes dans l’eau : lorsqu’une plante trempe
par ses racines dans de l’eau distillée qui contient une matière
solide en dissolution, elle absorbe toujours une partie de cette
eau qui se trouve moins chargée de matières étrangères que
la partie qui reste dans le vase. Lorsque l’eau contient plusieurs
substances en dissolution, la plante pompe de toutes,
mais dans des proportions différentes; la facilité avec laquelle
ces diverses substances sont pompées par les végétaux , paroît
déterminée, non pas tant par le degré de leur importance pour
la vie de la plante , que par la simple différence de leur.liquidité
; de sorte que les plus liquides sont absorbées en plus
grande quantité , et les plus visqueuses le sont beaucoup moins.
a r t i c l e 11.
Marche de la sève.
igS. Nous n’avons jusqu’ici considéré que les circonstances
pour ainsi dire extérieures de la nutrition des végétaux : il faut
maintenant déterminer, s’il est possible , la route que la sève
suit dans l’intérieur du végétal , et la cause qui détermine son
ascension.
Après avoir long—temps disputé pour savoir si la sève, aspirée
par les racines, monte par la moelle ou par l’écorc'e , on a
enfin recouru à des expériences directes; Magnol, en 1709,
et ensuite Duhamel, Bonnet et Delabaisse , ont fait végéter
des plantes dans de l’eau colorée, et en suivant les traces de
cette espèce d’injection, ils ont démontré que la sève monte
constamment par le corps ligneux, tantôt par le bois, tantôt
par l’aubier , plus souvent par l’un et l’autre à-la-fois. On a vu
A C T I O N D E S O R G A N E S , 171
que la sève monte dans les arbres dicotylédones dépouillés d é-
corce , ou dont le canal médullaire est obstrué ; que les injections
colorées suivent toujours la direction des vaisseaux lymphatiques
( qui, comme nous l’avons vu , sont très-communs
dans le corps ligneux), et ne se dévient point de cette direction
pour se jeter dans les cellules avoisinantes. Il paroît cependant
prouvé que la sève peut se détourner de cette direction ,
et en s’infiltrant dans le tissu cellulaire, atteindre des vaisseaux
collatéraux; ainsi lorsqu’on fait à un arbre quatre- entailles disposées
de sorte que toutes les fibres du tronc soient coupées
par l’une de ces entailles, on voit que l’arbre continue à pomper
de la sève, laquelle doit nécessairement, pour arriver aux
branches, se dévier de sa première direction; c’est par cette
déviation seule qu’on explique comment un arbre greffé avec
deux arbres voisins, et ensuite déraciné, peut être nourri par
les deux arbres qui l’entourent ; comment une feuille exposee dans
l’air peut être nourrie par d’autres feuilles de la même branche
placées sur l’eau; comment une feuille dont les nervures principales
sont coupées , continue à végéter , etc.
196. Il paroît que certaines circonstances encore inconnues,
déterminent le passage de la sève dans différentes parties du
.corps ligneux; M. Coulomb a observé que lorsqu’au premier
printemps, on perce avec des tarrières des troncs de peupliers,
on entend un bruit sourd, et on voit sortir une quantité notable
d’eau dans les trous qui atteignent au centre de 1 arbre ,
phénomène qui n’a point lieu dans les trous peu profonds.
Cette ascension de la sève par la partie voisine de la moelle ,
a sans doute lieu par les vaisseaux lymphatiques qui entourent
le canal médullaire.
197. Les injections colorées des végétaux ont donné quelques
apperçus sur la Vitesse de l’ascension de la sève. Bonnet a
observé , dans les haricots, que l’injection s’est élevée tantôt
à quatre pouces en deux heures, tantôt à trois pouces en une
heure, ou à un demi-pouce en une demi-heure. Mais les expériences
de Haies réclament toute l’attention des Physiologistes
; il fit découvrir le pied d’un poirier; il introduisit la
coupe d’une racine dans un tube luté hermétiquement par le
haut, rempli d’eau, et .qui reposoit par le bas dans une cuvette
de mercure: en six minutes, le mercure s’éleva de 8 pouces
dans le tube ; avec un appareil analogue , il observa que hes