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188. Un petit nombre de végétaux échappe à cette classification
; ce sont les plantes parasites, c’est-à-dire celles qui
croissent sur d’autres plantes et en tirent une nourriture déjà
élaborée : il faut se garder de les confondre avec les fausses
parasites , telles que les mousses, les lichens, les épidendres,
qui sont simplement appliqués sur l’écorce de leur support et se
nourrissent de l’humidité superficielle sans rien tirer de l’intérieur.
Parmi les vraies parasites, on trouve plusieurs plantes
cellulaires dont la végétation est peu connue , et quelques
plantes vasculaires , telles que le gui qui s’implante sur le corps
ligneux et se greffe naturellement avec l’arbre qui le porte , la
cuscute qui tire sa nourriture au moyen de suçoirs implantés
dans l’écorce. Il est à remarquer que ces plantes font à-la-fois
exception aux deux règles que j’ai posées plus haut; la cuscute
a même ceci de très-remarquable, que dans sa jeunesse elle
tire sa nourriture du sol et s’élève verticalement, qu’ensuite elle
devient parasite et cesse d’être perpendiculaire. Je neparle point
ici des orobanches, parce que j’ai quelques raisons de soupçonner
que ce sont de fausses parasites.
189. Attachons-nous à étudier l’entrée de l’eau dans les végétaux
non parasites , et gardons-nous de confondre, comme
on l’a presque toujours fait, l’entrée du liquide dans la plante^
avec la marche qu’il suit dans l’intérieur même du végétal. Le
premier de ces phénomènes doit être rapporté, comme l’observe
M. Senebier, à une classe de faits généraux , savoir à la
propriété fortement hygrométrique dont le tissu des végétaux
est doué, soit pendant leur vie, soit après leur mort : tout lë
monde sait avec quelle avidité le bois mort attire et conservé
l’humidité; on a vu des troncs coupés et déracinés, pousser
des branches vigoureuses qu’ils ne nourrissoient que par l’humidité
qu’ils pompoient de l’air. La rose de Jéricho (anastatica
hierochuntina, Linn. ) desséchée , s’imbibe d’humidité et épanouit
ses branches lorsqu’on la met dans l’eau; l’écorce extérieure
des graines , quoique en apparence morte, pompe l’humidité
ambiante ; les poils des aigrettes dans les composées,
des chevelures dans les onagres et les apoeynées, des barbes
dans les graminées , pompent l’humidité de l’air et exécutent des
mouvemens si réguliers qu’ils pourroient servir d’hygromètres :
tout prouve, en un mot, que le tissu membraneux des végétaux
tend, indépendamment de toute action vitale} à se mettre au
équilibre d’humidité avec le milieu qui l’entoure. O r, dansl’etat
naturel des choses , les pores radicaux qui sont places dans un
milieu humide, pompent cette humidité; les pores corticaux
qui sont placés dans un milieu plus sec que l’mterieur du végétal
, tendent à exhaler de l’humidité; mais on peut changer
l’emploi de ces organes en changeant les circonstances extérieures
: plaçons les pores radicaux dans un terrein sec, ils
lâcheront leur humidité surabondante pour se mettre en équilibre;
M. Brugmans ayant placé des plantes dans du sable sec,
a vü de petites gouttelettes d’eau suinter de l’exlrémile des radicules
: plaçons les pores corticaux dans l’eau ou dans de U*?
très-humide , ils absorberont au lieu d’exhaler, comme je ai
éprouvé par des expériences directes , et comme le prouvoienfe
déjà les effets de la pluie et des arrosemens, les phenomenes
de la végétation des plantes grasses , et plusieurs procédés connus
des cultivateurs. _ ^
100. Les anciens Naturalistes , frappés de l’énorme quantité
d’eau que les végétaux absorbent, et fondés sur certaines expériences
dans lesquelles les plantes prennent un grand accroissement
en paroissant n’absorber que de l’eau, avoient cru que
ce liquide seul pouvoit suffire à leur nutrition; mais on a reconnu
depuis : 1°. que les végétaux qui croissent dans de 1 eau
distillée, et sans pouvoir absorber aucun autre aliment, périssent
au bout de peu de temps; 2°. que les végétaux contiennent une
quantité considérable de carbone , plusieurs substances terreuses,
quelques sels, quelques parcelles de métaux et plusieurs
gaz , soit libres , soit combinés ; que par conséquent 1 eau
seule ne peut fournir ces différens matériaux. Il convient donc
d’examiner ici comment les différentes substances simples dont
l’analyse démontre la présence dans tous les végétaux, peuvent
Y être roi. iInlt nro’edsut itpeass pbaers ol’iena ud.e l’analyse chimique pour démontrer
que les végétaux contiennent une grande quantité de carbone ;
mais ce carbone peut-il arriver aux végétaux dans son état de
pureté ? La théorie nous apprend que le carbone, doue d une-
grande affinité pour l’oxigène, n’existe que très-rarement dans
la nature à l’état de pureté; que d’ailleurs, dans cet état, H
est totalement insoluble dans l’eau : par conséquent , les végétaux
ne pourroient absorber que le carbone suspendu dans les
eaux, quantité trop insuffisante et trop variable pour devoir A